Gorg, le 11 Ciorel 1247

Cela faisait quelques jours que la jeune femme cherchait une plante médicale, après avoir fait le tour de la forêt des Mirlis elle ne trouva aucun signe de cette fleur bleue à épines rouges.  Pourquoi Anna cherchait cette plante, tout simplement parce qu’elle s’en servait dans un certain breuvage médical afin de faire baisser les fortes fièvres. Après s’être renseignée auprès des siens, elle crut comprendre que cette fleur poussait aux abords des points d’eau, justement une rivière semblait passait non loin de la forêt appartenant à sa confrérie.  Du nom de Manly, elle traversait le territoire des anciens et les terres de Faras, un endroit que la jeune femme connaissait assez bien.

Prenant son panier et commença sa marche, depuis le temps qu’elle marchait, la jeune femme avait une allure assez rapide, du fait qu’elle marchait pratiquement tout le temps, elle ne se reposait jamais, toujours à soigner les siens. Longeant la rivière, elle fredonnait tranquillement en observant la nature. La jeune blonde se sentait tellement bien dans cet univers que même l’idée d’aller retrouver sa mère à Kernès dans le désert ne l’enchantait guère.  Anna avait ses yeux rivés sur le sol, cherchant cette fleur rare, mais tellement précieuse, elle la voulait tellement que même si elle n’était pas encore éclos  elle la ferait pousser à l’aide de son sortilège qu’elle maîtrise.

Après quelques heures de marches, elle venait de pénétrer dans les terres de Faras, et semblait s’être approchée de la ville de Faras, une ville qu’elle visitait souvent pour passer le temps, car parfois elle aimait la solitude, et s’éloigner des siens ne pouvait lui faire que du bien.  La jeune blonde s’arrêta pensant avoir trouvé la plante miraculeuse, cependant celle-ci e semblait pas vouloir éclore pour le moment, peu importait Anna avait le don de faire pousser les plantes médicinales, cependant en contrepartie, elle devait se reposer juste après pendant un certain temps, car le sortilège lui prenait toute son énergie et sa concentration.

Fermant les yeux, Anna leva les mains vers le ciel et commença à murmurer quelques incantations inaudibles, et tournait ses poignets  en levant le pouce et l’index comme pour aider la plante à pousser et devenir mature.  La jeune femme commençait à ressentir de fortes douleurs au niveau de la tête mais ne pouvait s’empêchait d’arrêter car cette plante était cruciale pour ses décoctions, et surtout qu’en ce moment même une fillette souffrait d’une fièvre qui la clouait au lit depuis des jours.  Anna continuait encore à puiser dans ses forces pour faire éclore toutes les fleurs bleues à épines rouges. Tournant encore ses poignets dans tous les sens, les fleurs commencèrent timidement à s’ouvrir et laisser entrevoir leurs pétales bleu foncé, Anna se sentait un peu affaiblie mais pouvait tout de même continuer pour faire pousser les dernières rangés de fleurs qui semblaient résister à ce sortilège. Alors dans un dernier souffle, et une dernière concentration elle releva ses mains vers le ciel, comme pour implorer la Déesse Mère pour l’aider dans cette quête.  Lorsque toutes les fleurs furent alors éclos, la jeune femme les ramassa une par une et les plaça délicatement dans son panier et ce fut alors un trou noir et tomba en arrière, elle sombra dans un sommeil lourd, tel était le prix à payer pour avoir utilisé ce sortilège.

Elle demeurait la  immobile, aussi rigide que la mort, son panier près d’elle, les quelques fleurs qu’elle avait soigneusement rangé s’était renversée au sol suite à son malaise, et gisait près de sa tête,  Anna ne semblait pas encore prête pour se réveiller, ces genres de pertes de connaissances pouvaient durer plusieurs minutes voir même plusieurs heures, et pendant ce laps de temps, la jeune femme  semblait dormir paisiblement.  Elle était certes à la merci du premier malfrat venu,  en mauvaise posture si quelqu’un venait la dépouiller ou même abuser d’elle. Un Soleil d’aplomb frappait sur la jeune femme, et malgré cette chaleur ardent, elle ne se réveillait toujours pas, avait-elle trop puisé dans ses dernières forces ?
Au bout de trois bonnes heures, la jeune femme arqua un sourcil, et commençait doucement à reprendre conscience, elle ouvrit alors un œil puis un deuxième se demandant ce qu’elle faisait là par terre, elle regarda ses mains et vit à côté d’elle des fleurs bleus et se rappela soudainement que le sortilège l’avait épuisée. Se relevant en faisant attention de ne pas éparpiller les fleurs, elle les rangea de nouveau dans son panier et entendit un bruit derrière elle, sans même finir elle fit une volte-face et prit son arc, elle ne pouvait se défendre avec son bouclier, car le premier sortilège l’avait terriblement affaiblie.

Observant partout elle pointait son arc en fermant un œil afin de mieux viser, si il s’agissait d’un animal elle ne le chasserait pas car elle respectait beaucoup trop la faune que Mère Nature leur avait offert, cependant s’il s’agissait d’une personne malhonnête, elle serait sûre de passer un sale moment.

-Qui est là ?

La jeune femme semblait être sûre d’elle-même si ses mains tremblaient légèrement, elle n’hésiterait pas de tirer une flèche pour sauver sa peau.

Anna toujours aux aguets attendait un signe ou quelque chose, balayant les ruines qui se trouvaient devant elle, la jeune blonde ne remarqua rien d’anormal, mais ne baissa pas son arc pour autant, on n’était jamais trop sûr dans ces genres d’endroit, surtout lorsqu’on était une jeune femme seule. Puis à cet instant elle entendit une voix, masculine qui lui parlait, quelqu’un lui parlait, elle pointa alors son arc en la direction de cette voix qui parlait. L’inconnu lui annonça alors qu’il y avait bien quelqu’un, la jeune femme roula les yeux au ciel, elle le savait qu’il y avait quelqu’un, cela n’était pas dans ses habitudes d’entendre des bruits étranges. Puis la voix lui demanda alors de baisser son arc, Anna ouvrit sa bouche pour parler, cependant il posa la question à sa place, et se répondit alors à lui-même. L’Ancienne n’avait même pas à parler finalement, il maniait l’art du monologue mieux que quiconque. Anna apprit alors qu’il n’était alors qu’un simple archéologue de passage, qu’est ce qui pouvait certifier cette affirmation ? Malgré tout ça, elle ne baissa pas son arc et le garda pointé en sa direction, elle n’avait pas confiance au premier venu.

Il lui annonça alors qu’il allait sortir, mais à la place de voir un homme, elle vit une sacoche de livres, des livres d’archéologies comme il venait de mentionner le fait qu’il était archéologue. Toujours le regard sur cette sacoche, Anna ne semblait pas encore emballée par l’idée de baisser la garde, et attendit alors de voir l’homme à qui appartenaient ces écrits. A cet instant un homme sortit doucement de sa cachette, et Anna l’observa longuement avant de baisser son arc, elle n’avait pas envie d’attaquer en première, cependant si il cherchait à abuser d’elle, cette dernière n’allait pas se laisser faire.

-Comme vous avez-vous j’ai baissé mon arc, cependant si vous avez un geste déplacé à mon égard je vous tire une flèche dessus.

C’est alors que la jeune blonde se mit à dévisager cet homme qui se tenait à présent devant elle. Il était grand et avait un corps sculpté, elle comprit rapidement qu’il appartenait à la communauté des Arvèles, ce peuple qui aimait être toujours au combat, chose que la jeune femme ne pouvait comprendre, cependant elle ne releva pas. Elle reposa son arc sur son dos et plaça la flèche dans sa ceinture et se remit à ranger les quelques fleurs bleus restées au sol, dans son panier en osier. Sans même adresser un regard à cet inconnu, elle tenta tout de même d’installer une conversation peu cordiale certes mais pour la jeune femme c’était déjà beaucoup.

-Vous venez de loin ?

Quelle question idiote, si il faisait partie des Arvèles il avait parcouru la même distance qu’elle, et avec cette question elle venait de se rendre compte qu’elle de faire preuve pour la énième fois d’une belle maladresse comme à son habitude. Après avoir fini de tout ranger, elle s’assit à même le sol et observait la nature qui l’entourait, puis reposa un regard furtif sur l’homme qui se tenait devant elle, il faisait peut être parti d’une confrérie avec laquelle les anciens avaient des difficultés à s’entendre sur certains points, comme la paix, mais ne pouvait se mentir sur le fait qu’il était bel homme. Elle se força de ne pas rougir, mais elle ne pouvait être sûre de ne pas avoir changé de couleur, et décida alors de se présenter pour ne pas paraître malpolie, même si elle n’avait pas trop envie de dialoguer lorsqu’elle était en pleine nature.

-Je me nomme Anna, je viens de la forêt des Mirlis un peu plus au Sud.

Puis elle sortit de son panier ce qu’il fallait pour commencer à préparer sa décoction, un pilon les quelques fleurs bleus et une graine de lin, et commença à écraser les fleurs bleus, lorsqu’elle obtint un jus bleu elle retira alors les fleurs et ajouta quelques graines de lin et se remit à moudre afin de tout mélanger. Après quelques minutes, la jeune femme réussit à avoir un breuvage qu’elle enferma dans un bocal et le plaça assez satisfaite dans son panier et reposa son regard sur l’homme

-Je suis guérisseuse

C'était possible que ceci ne l’intéressait guère, mais la jeune femme parlait afin de le dissuader de faire quoi que ce soit, car dans le cas contraire, elle se verrait dans l'obligation de le viser de nouveau avec son arc.

Confortablement assise sur l’herbe, la jeune blonde observait le bocal en verre initialement remplie de potion contre la fièvre, elle était assez satisfaite d’elle-même, car c’était la deuxième fois qu’elle préparait cette mixture, elle semblait avoir la couleur et la concentration tant attendue, elle en était sûre, lorsqu’elle rentrerait chez elle les quelques personnes alitées par la fièvre seront rapidement sur pieds. Anna aimait tellement ce qu’elle faisait, qu’elle pouvait totalement passer des heures à concocter des onguents et autres philtres pour n’importe quelle maladie, c’était sa spécialité depuis maintenant six longues années.

Puis alors le jeune homme la fit sortir de ses pensées en lui disant qu’il venait de loin, cette fois ci elle pouvait le deviner, sa carrure et ses armes l’avait facilement aidé à identifier cet inconnu, qui venait du nord, c’est pourquoi elle se maudit intérieurement d’avoir été assez stupide pour lui demander. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, la jeune femme était certes jolie, mais très maladroite, et à cet instant si elle pouvait, elle se serait cachée. Elle avait également remarqué que l’homme l’observait, donc il avait sûrement pu voir son changement de couleur, ses joues blanches avaient légèrement viré au rose.

Il se présenta à son tour, et ne put rester insensible au compliment et baissa timidement les yeux, chose qu’elle ne faisait pas en général, Anna était sûrement gênée, elle qui n’avait pour le moment pas encore été confrontée à ce genre de situation, elle n’avait donc sûrement pas l’habitude à ce qu’on la complimente, ou alors ne préférait pas trop écouter les autres lui parler. Car oui, Anna était une jeune femme solitaire, qui n’aimait pas trop la compagnie des autres, trop méfiante, elle n’accordait que très rarement sa confiance, mais lorsqu’elle vous l’offrait vous pouviez être sûre qu’elle serait toujours loyale envers vous.

-Dites-moi, vous êtes un Arvéles ?

Cette fois ci, elle voulait en avoir le cœur net. De nos jours n’importe qui pouvait être de cette carrure, c’est pourquoi elle posait la question. La jeune femme n’avait jamais eu d’avis tranché sur cette histoire de confrérie, cependant elle ne pouvait supporter l’idée de certaines personnes qui refusaient l’existence de la Déesse Mère. Elle qui puisait toute son énergie grâce à cette force que selon elle Mère Nature lui avait offerte. Prenant une fleur entre ses mains, elle se mit à la caresser doucement, comme lorsqu’on caresse un animal. La jeune guérisseuse se sentait bien à présent, la flore lui procurait ce bien être qui parcourait chaque parcelle de son corps à cet instant précis.

Puis le jeune homme vint se poser près d’elle, Anna resta immobile ne sachant comment faire, que lui voulait-il, la jeune blonde empoigna une flèche dans le cas où il tenterait quelque chose de peu respectable, et lorsqu’il se mit à parler tranquillement, elle desserra sa main de son arme et posa un regard sérieux dans les yeux bleus du jeune homme. Ce regard bleu qui la fit noyer, si bien qu’elle n’entendit que quelques bribes de phrases de ce qu’il venait de dire. Lorsqu’il eut fini de parler, Anna resta quelques minutes silencieuse, qu’avait-elle compris concrètement ? Essayant de se rappeler, elle se gratta le crâne et passa ses doigts fins ornés de bagues dans sa longue chevelure blonde, le regard perdu, c’était bien la première fois qu’un regard masculin lui faisait ça, pourtant elle se sentait normale. Se sentant honteuse de prendre autant de temps pour répondre elle répondit tout de même

-Je suis venue ici cueillir une fleur qui ne pousse pas chez moi pour soigner quelques personnes.

A cet instant elle se souvint alors qu’il lui demanda si elle n’avait pas peur d’être seule et que son arc ne lui était pas forcément d’une grande utilité. Anna sourit en regardant l’horizon, il ne le savait peut être pas mais la jeune blonde maniait la vérité de la nature, c’est-à-dire que tant que la flore se trouvait à proximité, elle n’aurait pas à se soucier de qui pouvait l’attaquer. Contrairement à son petit minois, la jeune guérisseuse possédait un sortilège puissant, elle pouvait invoquer un bouclier floral qui lui permettait de fuir ou d’attaquer un ennemi sans que lui ne puisse pénétrer dans cette enclave. Certes ce sortilège ne durait pas très longtemps mais laissait facilement le temps à la jeune blonde de prendre une décision cruciale. Ne voulant pas trop dévoiler sa force, elle se contenta uniquement d’être floue sur ses explications.

-Ne vous inquiétez pas pour moi, je sais me protéger.

Son ton froid s’était quelque peu adoucit, les yeux bleus étaient-ils pour quelque chose ? Sûrement, mais Anna ressentait également une certaine sympathie émanant du jeune homme. Puis prise de curiosité, il lui avait annoncé qu’il était archéologue, mais que cherchait-il ici également ? Pour une fois qu’elle ne tombait pas sur quelqu’un d’étrange, elle se dit qu’un eu de discussion ne lui ferait pas de mal, et qu’elle serait rentrée pour la nuit.

-Vous êtes archéologue, mais que cherchez -vous ici ?

Anna observait Vaykson avec attention, elle n’était pas encore sûre d’avoir affaire à un homme plein de bon sens.

Le jeune homme lui dit alors qu’il était loin des siens, il n’avait pas tort, cependant pourquoi semblait il si détaché lorsqu’il parlait de sa famille, avait-il eu des problèmes avec eux ? Anna n’avait pas trop envie de rester bloquée dessus, mais cette réponse lui fit rappeler qu’elle-même se trouvait loin de sa mère qui était beaucoup plus au Nord. Sa mère qui l’avait peut être oubliée depuis tout ce temps, après tout peu lui importait, elle ne comptait plus pour elle, car depuis qu’elle avait épousé ce riche mercenaire suite à la mort tragique de son père, elle avait senti comme une certaine distance entre elles. Un soupir sortit de sa bouche, lorsqu’elle repensait à tous ces moments passés auprès des siens à Karnès, peut-être même qu’à cet instant elle ne ferait pas parti des Anciens mais des Namès. Combien d’années c’étaient écoulées depuis ? Une bonne dizaine, cependant les blessures de la jeune blonde lui avait forgé un fort caractère. Ne répondant pas encore à l’inconnu, elle continuait tout de même son observation, Vayskon paraissait d’être quelqu’un de cultivé, de soigné, contrairement à ce qu’elle avait pensé aux premiers abords.

Puis il lui parlait de ce qu’il étudiait en ce moment, des livres parlant de dieux et déesses, Anna aimait ces genres de contes plaisaient beaucoup à la jeune blonde, elle qui aimait écouter les Anciens parler de toutes sortes d’histoires, qu’elles soient véridiques ou non, peu important le principal était d’apprécier. Lorsque Vayskon lui parla de sa beauté, Anna cligna timidement des yeux, elle n’osait pas pour le moment croiser son regard, après tout peu de personnes lui avaient parlé de sa beauté et pour être honnête la jeune femme n’avait pas prêté attention à son image, elle qui passait tout le clair de son temps à sauver les siens. Cependant elle était également toujours armée, comme il venait de le souligner, elle ne se séparait jamais de son arc, qui pour elle était toute sa vie, elle l’avait même fabriquée seule avec un bois se trouvant dans la Forêt des Mirlis.

Puis Vayskon se mit à lui expliquer le pourquoi de sa présence dans ces lieux, car pour la jeune femme ces ruine avaient sûrement un passé et peut être avait-il besoin de consolider certaines de ces hypothèses. Apparemment non, le jeune homme n’était là que de passage, une quête l’avait fait passé par ici, c’était un raccourci, la jeune blonde comprit alors qu’il devait aller beaucoup plus à l’Est, et seulement il n’avait pas d’argent pour le moment, et qu’il devait vivre, cependant, quelque chose semblait avoir retenu l’attention de la guérisseuse. Comment cela se faisait-il qu’il avait besoin d’argent pour vivre n’avait-il plus de famille ?

-Vous n’avez aucune famille ? Même chez les Arvèles ?

C’était sûrement une question très déplacée, mais peut-être se trouvait-il dans la même situation que la jeune femme, cependant elle avait été recueilli par la confrérie qui avait vu grandir son père, et grâce à eux, elle vivait à correctement. Cependant dormait à même le sol, sur le sol fraichement recouvert d’herbe verte, et de fleurs. Puis il lui demanda si elle faisait partie d’une famille de noble, ou était-elle une femme importante, il insinuait le fait qu’elle n’avait rien à faire là, ce qui la fit légèrement sourire. Anna ne faisait partie d’aucune famille noble, et n’avait aucun titre de noblesse, la jeune blonde était seulement une guérisseuse qui s’habillait de vêtements fraichement cousus par des couturières près de la forêt de Mirlis, cependant elle ne se considérait pas comme une personne importante, même si le fait de sauver les vies pouvait la rendre importante aux yeux de ses patients. La jeune blonde le faisait uniquement pour rendre service et ne pouvait accepter en échange un certain remerciements, ce qu’elle faisait était uniquement pour remercier la déesse mère de lui avoir permis d’invoquer la nature, et de sauver les autres.. Les siens à présent.

-Je ne fais partie d’aucune famille noble, je suis uniquement guérisseuse

Puis Vaykson lui demanda si elle voyageait, certes elle voyageait pour faire des quêtes exactement comme lui. Cependant sa vie elle n’avait pas trop envie de la conter, pas aujourd’hui, trop de blessures. Lorsqu’elle se souvint l’année passée sa quête avec Alen, un sourire illumina son visage, ces quelques fois où elle rencontrait des personnes loyales la remplissaient de joie. Puis lorsqu’elle se souvenait de son enfance, une joie l’envahissait mais était subitement remplacée par une haine destructrice, envers sa mère, son demi-frère, et son beau-père.  Devait-elle s’ouvrir ? Après tout, elle ne le reverrait peut être jamais, donc elle pouvait peut être s’ouvrir, il n’avait rien tenté depuis quelques temps, elle le savait que si il avait voulu rien ne l’aurait empêché.

-J’ai voyagé oui, j’ai fait une quête l’année dernière, où j’ai eu un bras cassé.

Un sourire se dessina sur ses lèvres de nouveau, son bras s’était remis depuis, tout allait bien, et elle n’avait eu aucune séquelle visible et même motrice, et ce jeune homme qui l’avait aidé, elle se demandait ce qu’il était devenu depuis. Puis elle changea de sujet parlant de sa famille de sa vie

-Je suis originaire de Karnès dans le désert , mais suite à un problème familial je me suis exilée plus au Sud chez les Anciens et vous ?

Elle n’avait pas envie de plus s’étaler pour le moment, le moment venu elle s’ouvrirait beaucoup plus, car là c’était un peu trop frais pour lui dévoiler ses sentiments sur son passé, et ses craintes.

Anna écoutait attentivement les dires de Vaykson, ils avaient pratiquement vécu la même chose, à quelques détails près, sa vie aurait pu être complètement différente si son père n’avait pas perdu subitement la vie, si sa mère n’avait pas rapidement perdu la tête au point de prendre un époux riche et donner naissance à un autre enfant, que la jeune guérisseuse ne le considérait pour le moins du monde. Elle essayait tout de même de s’imaginer entourée de ses deux parents, vivant encore à Karnès, aurait elle fait partie des Namès ? Des Anciens ? Malgré cette blessure, elle ne pouvait envisager de changer de confrérie, elle se sentait tellement bien auprès des siens, et cette vérité qu’elle domptait à la perfection, elle ne pouvait la remplacer par une autre. La flore l’avait choisie, et elle comptait bien répondre à sa demande, en restant aussi proche de la nature, jusqu’à son dernier souffle.

Aujourd’hui la vie du jeune homme ne se résumait qu’aux livres, aux ruines et les reliques qu’ils trouvaient sûrement au cours de ses longs périples. La jeune femme comprenait tout à fait ce sentiment, elle qui par moment se sentait mieux auprès des plantes qu’auprès des humains. C’était peut-être pour ça qu’elle était devenue hostile et froide à l’égard des autres, n’adressant la parole que lorsque c’était nécessaire. Anna posa alors un regard vide sur le jeune homme qui venait de se lever en caressant le mur contre lequel les deux jeunes gens s’étaient adossés. Il paraissait détaché de tout ce qui lui était arrivé, comme si il avait fait taire ses émotions, chose qu’Anna n’arrivait toujours pas à faire, effacer cette partie de son passé pour mieux apprécier son avenir.

-Je comprends, je suis pareil, les plantes, les arbres sont ma famille, les Anciens m’aident beaucoup mais je préfère me débrouiller seule.

La jeune blonde ne demandait jamais rien à sa confrérie, sa volonté de tout vouloir acquérir par ses mains dominait ses actions, elle était beaucoup trop fière pour demande ne serait-ce qu’un met pour diner le soir, elle devait forcément se débrouiller seule, et ce depuis qu’elle était arrivée ici. Pour Anna, elle était assez grande pour gagner seule son pain, à l’aide des quêtes qu’elle effectuait de temps à autre, ou alors à l’aide de son métier qui lui apportait aussi bien de la notoriété au sein de son groupe que de l’argent pour pouvoir manger à sa faim.

Se redressant également à son tour, la jeune femme épousseta sa robe pour enlever la moindre parcelle d’herbe fraiche qui aurait pu s’insérer dans ce magnifique tissu blanc écarlate. Anna se passa la main dans sa longue chevelure et observa au loin, elle écouta alors Vayskon reparler de nouveau, plus le temps passait, plus la jeune femme se sentait à l’aise en compagnie de cet homme, après tous les gens n’étaient pas tous pareil, il pouvait faire exception et être aussi bien honnête que loyal. Partir à l’aventure, oui Anna s’était bien sortie avec le serpent géant, son bras cassé n’avait pas pris longtemps à cicatriser, et c’était bien peu payer pour en arriver à bout. Angoissant, elle hocha la tête, lorsqu’il énonça ce mot, car oui sa quête aussi périlleuse était-elle, avait été vraiment angoissante, mais le principal était qu’ils s’en étaient sortis vivants, le jeune Namès et elle-même.

Puis la jeune blonde tourna sa tête vers l’homme, cette fois ci son regard n’était ni froid, ni hautain, non Anna le regardait sérieusement, elle comprit alors qu’il aimait le goût du risque et vivre comme elle ne lui convenait peu, Anna pouvait tout à fait le comprendre, elle-même parfois avait besoin d’action, peut-être moins que lui certes, car déjà c’était un homme donc était possiblement plus habitué à la guerre et tout ceci, contrairement à elle. Parfois elle aimait se reposer même si cela faisait bientôt qu’aucune quête ne s’était présentée à elle, en été la jeune femme préférait rester près de la flore, lorsque l’hiver pointerai son nez elle serait sûrement plus apte à faire une autre quête, qui lui apporterait quelques vivres. Pour un homme qui aimait l’action, il avait cependant de belles paroles, surtout lorsqu’il dit qu’avec le passé on pouvait connaître l’avenir, la jeune femme n’avait pas entendu dans sa vie un homme parler tout en étant aussi serein, il avait sûrement beaucoup appris depuis qu’il était avec ses livres.

Puis contre toute attente la conversation se tourna de nouveau vers son exil, chose sur laquelle la jeune blonde ne voulait pas revenir, elle était mieux ici, mieux depuis qu’elle avait rencontré les siens. Reposant son regard au sol, elle essaya d’écourter son explication, car oui son histoire était quelque peu compliquée et longue.

-Mon père est mort, et ma mère a décidé de se marier avec le premier venu… Comble de tout ils ont eu ensemble un avorton.

Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres roses, lorsqu’elle repensait à tout ceci. Sa colère ne pouvait même pas la laisser couler quelques larmes, non la jeune blonde n’avait pas pleuré depuis qu’elle était partie de chez elle, puis dans un murmure presque inaudible elle finit sa phrase.

-Un homme riche, laissez-moi rire … La richesse expliquez-moi ce qu’est la richesse ?

Prise d’une crise de colère, elle prit son panier dans lequel était soigneusement rangées diverses plantes et l’envoyer voltiger à quelques mètres plus loin de toute ses forces, la colère était palpable, cependant elle ne la montrait pas tout le temps. Elle se retourna vers l’homme, dans ces moments de colère, la jeune femme faisait abstraction de ce qui pouvait l'entourer.

-Je suis désolée