Tu souris doucement alors que tu hoche la tête à ce que te dis Marissa. C'est vrai que vu leur attirail, ça va être difficile de passer pour ce qu'elles ne sont pas. Tu rigole légèrement intérieurement alors que tu la vois se précipiter pour ranger les bouquins. Un sourire taquin aux lèvres, tu te lève également afin de tout ranger et de partir de là.

Puis, une question. Les escaliers ? Moui, toi tu préférerais passer par les fenêtres, mais bon.

- Non aucun soucis pour moi, nous pouvons tout à fait passer par-là. À toi l'honneur.

En disant cela, tu ouvre le bras droit vers l'extérieur, en direction des escaliers. Tu ris pratiquement hystériquement alors que tu la vois vite prendre cette direction. Un ricanement toujours au bord des lèvres, tu prends la même direction avant de dévaler la volée de marche. Arrivée tout en bas, tu tourne ton regard vers le ciel. Bleu, calme, éclairci de nuage. Une bonne journée, en somme. Un vague sourire heureux aux lèvres, tu te tourne vers Marissa alors que tu lui dis, euphorique.

- Et bien, en route vers l'Arbre de vie, du coup.

Alors que tu disais cela, Marissa te coupe cependant légèrement la parole en t'expliquant le contenu du livre. Oh, c'est intéressant. Ça ouvre des possibilité qui ne t'était jamais venue en tête. Tu souris alors que tu lui dis cela et, enjoignant le geste à la parole, lui pointe la forêt. Vous marchez un bon moment avant d'enfin arriver à destination.

Tu regarde autour de toi, curieuse. Tu ne sais pas trop ce que vous cherchez, exactement. C'est pourquoi tu pose la question. Tu reste tout de même prudente, une main survolant ton arc, ne sait-on jamais.

- Alors... que cherche-t-on ? Est-ce que je dois voir quelque chose de précis pour t'aider ? Désolé, je ne connais pas très bien les Gardiens.

Tu grimace alors que tu dis cela, tu déteste admettre quelque chose comme cela, mais pas trop le choix si tu veux savoir quoi chercher.


suite de Au milieu des rayonnages

Le dragon doré a ressenti que l'arvèles avait quitté la ville, il avait failli la rejoindre, mais elle avait réussi à l'en dissuader. L'arbre de vie était face à eux, touchant presque les nuages, l'eau qui s'écoulait sur des branchages envoûtait les lieux d'une douce mélodie. Plusieurs pèlerins étaient amassées près d'une des passerelles menant au tronc de l'arbre. Agenouillés face à lui, ils étaient en ligne le long du canyon bordant l'arbre.

Sur les passerelles, Marissa distingua deux gardes à chaque entrée. Elles pouvaient les traverser sans résistance, mais est-ce que cela ne serait pas mal perçu ? Si les pèlerins ne s'approchaient pas plus, c'est qu'il y avait peut-être une raison ? L'arvèles n'en savait pas pas beaucoup plus que Sarandiel sur les Gardiens. Elles allaient devoir y aller à l'instinct, l'air jovial de Sarandiel serait peut-être un atout non négligeable pour réussir à obtenir une audience. Marissa regretta d'avoir emmené toutes ses armes.

L'endroit devait être l'un des plus sûrs de Madelle se dit-elle défaisant la boucle de sa ceinture. Tout en posant toutes ses armes au sol, y compris le poignard qui était resté dans son dos même à la bibliothèque de Soana, elle proposa simplement à Sarandiel :

- On cherche à obtenir une audience avec l'un des Gardiens pour qu'ils prennent Nubia sous leur protection. Si tu es prête à laisser Lucy ici, on peut tenter de se présenter simplement à leur porte...

Elle n'était pas tout à fait convaincue, mais il était hors de question de tenter de se faufiler dans ce lieu sacré ou au contraire de rentrer par la force.

- Tu voudrais bien parler au nom de Nubia ? Tu ne la connais pas, mais tu t'es montrée si prévenante pour elle à la seconde où tu en as entendu parlé. Tu sauras la défendre sans pour autant devenir trop violente. Cette histoire me touche de trop prêt, s'ils refusent ne serait-ce que de nous écouter, je ne sais pas comment je réagirais.

Ses poings se serrent de colère. L'arvèles a conscience de ne pas réussir à se maîtriser totalement et c'est bien ce qui lui fait peur. Face à la passerelle, c'est à peine si elle peut distinguer si les Gardiens à l'entrée sont jeunes ou vieux. L'arvèles n'ose pas s'avancer en remarquant des pèlerins qui les regardent avec insistance. Quel autre choix ont-elles ? Elles ne vont tout de même pas attendre que l'un d'eux se décident à sortir.

Bras croisés, tu regarde le ciel en attendant la réponse de Marissa. Puis, ton regards survole les environs. Des pèlerins et une cité pas loin devant vous, des gardiens que tu vois vaguement aux loin, dont un aux cheveux blanc, sauf que tu sais pas s'il est vieux ou si c'est sa couleur de naissance. Tu grimace alors que tu fais craquer ta nuque. Une légère douleur lancinante qui part vite avec cette action. Un soupir d'aise t'échappe et tu tourne ton attention vers Marissa lorsqu'elle te réponds.

Tu regarde avec curiosité l'Arvèles déposer ses armes sur le sol et, à ta grande surprise, c'est qu'elle en a beaucoup sur elle. Un léger rire t'échappe alors que tu la vois déposer armes sur armes par terre, ont dirait presque une armurerie la meuf. Un rictus aux lèvres, tu l'écoute te raconter ce qu'elles font là. Rencontrer les gardiens. Pas de soucis. Déposer Lucy ici ? Ça, cependant, ça te pose soucis.

- Ça ne me dérange pas de laisser mon arme à l'entrée de la cité des gardiens, mais je préfère la laisser dans un endroit caché et non ainsi, à la vue de tous. N'importe qui peut me la voler et c'est une arme sacrée pour moi.

En disant ça, tu repère vite un arbre non loin et, agilement, tu l'escalade jusqu'à arriver assez haut sur le tronc. Décrochant ton arc de ton dos, tu le caresse un peu du regard avec de le déposer avec douceur contre celui-ci. Ensuite, tu redescend agilement le tronc en direction du sol. Atterrissant en douceur et sans bruit, tu te tourne vers Marissa en l'entends continuer de parler. Hum, parler en son nom, hein ? Pas de soucis pour toi, c'est pourquoi tu hoche doucement la tête en le lui disant.

- Aucun soucis pour moi, si je peux aider je le fais. Tu es peut-être un peu trop touchée de près, en effet. Et si tu es un tant soit peu susceptible, ont risque un incident si tu offense sans le vouloir un des gardiens, s'ils viennent à refuser de nous apporter leur aide.

En souriant, tu enlève ton épée de ton dos et la dépose également sur le tas d'armes de Marissa. Tu y tiens moins qu'à ton arc, donc la laisser là ne te dérange pas. Tu sors également les deux poignards de tes chaussures et le petit canif de ta manche de t-shirt avant de finalement te relever. Tournant ton attention vers Marissa, tu lui pose alors une question.

- Alors, prête ? Si tu as un peu peur, tu peux marcher derrière moi, dans mon ombre, ça ne me dérange pas.

Tu lui souris en secouant légèrement la tête. Tu attends qu'elle te donne son aval avant d'avance. Tu ne veux pas prendre de décision à sa place, elle a peut-être besoin de quelques minutes de calme avant d'aller affronter la tempête.

L'arvèles est quelque peu offensée par la proposition de l'héléo. Elle appréhende cette situation, mais pas au point de se cacher. Son orgueil de guerrière en prend un coup, mais ce n'est pas le moment de froisser la seule personne prête à l'aider. Elle refuse poliment et s'avance aux côtés de Sarandiel sur la passerelle. Plus elles avancent et plus Marissa se sent insignifiante face à la grandeur de l'arbre de vie. Les gardes au pied du tronc saisissent leur lance, pointe vers l'avant et bien avant que les deux femmes n'arrivent à leur hauteur, l'un d'eux crient :

- Halte ! N'avancez pas plus où nous vous attaquerons ! Faites demi-tour sur le champ !

Marissa se stoppe net, visiblement leur présence n'est pas tolérée, mais il est hors de question de tourner le dos à l'arbre ! D'où elles sont, elles peuvent apercevoir une partie l'intérieur de l'arbre millénaire. Il rayonne. En plissant les yeux, Marissa pourrait presque voir l'eau éternelle qui monte en son tronc et se déverse à sa cime le long de ses branches. Comme elles ne rebroussèrent pas chemin, l'un des gardes propulsa sa lance qui vient se planter aux pieds de Marissa. Elle ne doute pas un instant qu'il ne s'agissait que d'un tir de sommation et que le prochain atteindrait sa cible. C'est à dire Sarandiel ou elle.

Elle aimerait pouvoir simplement user de sa Vérité pour les mettre à terre un instant, juste le temps qu'ils les écoutent. Et dire qu'elle les prenait pour des types pacifistes, cette première rencontrer casse un peu le mythe. Sa Vérité la démange au bout des doigts, mais elle se retient, laissant à Sarandiel la parole alors que le garde qui avait pris la parole ajouta :

- L'enceinte de l'arbre de vie est interdite. Vous n'avez rien de prêtresses et nous connaissons toutes mes sœurs gardiennes, alors déguerpissez ! Vous n'avez rien à faire ici !

L'autre garde a peut-être lancé sa lance, mais il n'est pas désarmé pour autant. Il a déjà en main une épée courte et semble prêt à invoquer sa Vérité dans l'autre. Il lance régulièrement des regards vers l'autre gardien comme si elle cherchait son aval. Il doit s'agir de son apprenti. Il est sur les nerfs et prêts à réagir au moindre mouvement brusque, de là où elles sont, elles ne peuvent pas voir sa main trembler à force de retenir sa Vérité. Marissa n'ose imaginer ce qu'il pourrait faire d'elles s'il peut contrôler les racines qui forment la passerelle. Il lui suffirait d'un geste pour les faire valser dans le canyon.

Souhaitant à tout prix parvenir à parler à l'un d'eux, Marissa ravale sa colère et plie un genoux au sol en signe de respect. La tête baissée, elle laisse Sarandiel parler. Nubia se fige dans son élan au même moment. Le lapin qu'elle s'amusait à poursuivre détale dans des buissons. C'est bien la première fois qu'elle ressent une telle émotion chez son dragonnier. Curieuse de ce qui est en train de se passer, le dragon se laisse porter par les vents en direction de l'arbre de vie pour observer discrètement se qui s'y passe.

Tu jette un regard à Marissa, tu vois un peu dans sa gestuelle que tu l'as vexée et ce n'était pas ton but. Tu te tais cependant afin de ne pas faire d'autres bourdes en plus. T'avance en compagnie de Marissa et tu te rends compte que l'arbre de vie il est vraiment immense, en fait. T'es une fourmis à côté. Un léger rictus te vient aux lèvres en pensant à un gardien sur la cime regardant les gens et les décrivant comme des fourmis voyageant dans une fourmillière.

Ton hilarité est cependant vite stoppé par les gardes de l'entrée. C'est qu'ils rigolent pas, ces deux-là. Tu hausse un sourcil étonné en entendant leur discours. Hum, faire demi-tour, hein ? Pas question. Le dragon de Marissa a besoin d'aide et tu vas l'aider, quitte à offenser des gardes sans le vouloir. Soupirant, tu te pince l'arrête du nez et t'apprête à avancer quand le garde de droite lance une lance vers vous deux.

Tu hausse vite un sourcil en poussant doucement du pied la lance. Hum, un tir bien visé. Le type l'aurait voulu et vous seriez morte embroché par celle-ci. Tu te frotte la nuque en soupirant en l'entendant parler encore. Grimaçant, tu ferme les yeux et tu avance de deux pas, les mains bien en l'air, avant de te pencher vers l'avant avec une main sur le coeur. Tu ne sais pas si ça va marcher, mais c'est le signe universel de paix de ton espèce.

Tu prends ensuite la parole, teintant ta voix de ton accent naturel et de relent grave et chantant. T'as toujours évitée de parler comme ta famille, mais là t'as plus le choix.

- Bonjour vénérables gardes. Nous sommes absolument navrés de vous dérangez dans votre surveillance, mais nous requérons votre aide. Je suis Sarandiel Micah et derrière moi vous avez Marissa E. Iselk, une dragonnière. Son dragon a besoin d'assistance et nous aurions aimées savoir si les gardiens pouvaient nous l'apporter. Nous avons appris, en lisant moultes livres et recueils les plus compliqués les uns que les autres, que les gardiens avaient déjà portés assistances aux dragons par le passé. Nous espérions donc que la même chose pourraient se passer cette fois-ci.

Le garde de droite baisse son arme et lance un regard étonné vers l'autre. Tu ne vois pas ce qu'ils font, mais le garde de droite fini par tourner son regard vers vous.

- Les gardiens, hein ? Vous pouvez toujours essayer, mais je suis désolé de vous annoncez que vous ne recevrez peut-être jamais de réponses. Mais libre à vous de tenter. Cependant, mon apprenti vous guidera. Nous ne pouvons laisser des étrangères seules au sein de notre cité.

Hochant la tête, tu assure que tu comprends totalement avant de te tourner vers Marissa, un sourire aux lèvres. Tu te dirige vers elle et en profite pour enlever l'arme plantée dans le sol. Tu le pose doucement sur ton épaule alors que tu attends son premier mouvement. Cette arme, tu la redonneras au garde quand tu passera à ses côtés.

Marissa soupire de soulagement, l'héléo a réussi à les convaincre de les laisser approcher et même a obtenir l'aide de l'un d'entre eux. Quand vous arrivez devant eux, l'apprenti récupère sa lance alors que son maître barre le chemin de la sienne :

- Restez ici, Lionel va aller chercher quelqu'un pour qu'on vous reçoive, mais vous ne pouvez pas aller plus loin. Personne n'est autorisé dans l'enceinte de l'arbre, peu importe les raisons !

Les bras croisés, Marissa acquisse, elle n'en espérait pas autant. Le dos droit, elle attend devant l'entrée sans se gêner de regarder à l'intérieur. Effectivement on peut voir l'eau monter vers le ciel. Si seulement elle pouvait faire un ou deux pas de plus pour tendre le cou à l'intérieur, elle pourrait voir l'immensité de l'arbre vu de l'intérieur, mais le gardien qui est resté avec elles ne bouge pas d'un centimètre. Il a remit sa lance en position de repos, contre lui, la pointe vers les nuages, mais vous pouvez sentir qu'au moindre mouvement il vous bloquera à nouveau le chemin.

Il semble intrigué par le duo qu'il examine de la tête au pied. Marissa soutient son regard noisette. Il est plus jeune qu'elle ne l'avait cru, à peine la trentaine, mais de profondes rides commencent à creuser son visage et ses cheveux blancs accentuent la sagesse de ses traits. Lui aussi soutient le regard de l'arvèles, mais il finit par s'adresse aux deux femmes sans distinction, les regardant tour à tour dans les yeux :

- Vous avez du cran de vous pointer ici. Tout le monde sait pourtant que personne ne peut rentrer dans l'arbre de vie, seuls ceux qui en sont dignes ont le droit de franchir son seuil.

Il ajoute en regardant particulièrement Sarandiel :

- Qu'est-ce que vous avez à gagner dans cette histoire ? Les protecteurs de dragons se font de plus en plus rares, vous êtes aussi dragonnier ?

Marissa quant à elle part sur le côté de la passerelle, se penchant de tout son poids sur la rembarde, elle regarde le canyon et se laisse envoûtait par les racines apparentes de l'arbre. Et dire qu'elle trouvait les racines des Mirlis impressionnant, à côté de celles de l'arbre de vie on dirait de vulgaires branches. Tout dans cet arbre est majestueux, mais le canyon qui l'entoure à de quoi donner le vertige. Marissa recule un peu brutalement, elle se sentait attirée par le vide. Même s'il y a de l'eau en bas, il n'imagine pas dans quel état son corps serait retrouvé si elle passait par dessus bord.

Nubia quant à elle approche de l'arbre de vie. Au dessus des nuages, personne ne la voit arriver. Elle descend lentement en faisant attention de ne pas se révéler, mais Marissa ressent sa présence et lève la tête à sa recherche. L'agacement montre le bout de son nez, qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Marissa n'est pas rassurée de savoir Nubia dans les parages, tant que les gardiens n'auront pas rendu officielle leur protection, l'arvèles appréhende la présence du dragon. Mais rien n'y fait, elle a beau faire comprendre intérieurement au dragon que sa présence n'est pas souhaitée, Nubia l'ignore totalement et se rapproche toujours plus prêt.

Ses écailles d'or reflètent au soleil et pour un oeil avisé comme celui de Marissa, il est simple de suivre son vol au milieu des nuages. Mais pour les pèlerins et les gardiens, ils ne voient qu'un rayon de soleil un peu intense. Nubia a bien compris qu'elle ne devait pas se faire voir maintenant, mais elle aime jouer avec le feu et surtout elle n'arrive pas à résister à sa curiosité. Après tout, cette rencontre la concerne directement, elle n'arrive pas à vraiment comprendre pourquoi Marissa veut la tenir à l'écart.

Tu as un grand sourire alors que tu marche aux côtés de Marissa jusqu'aux Gardes. Le premier reprends sa lance alors que le second leurs barre la route. Tu fais une légère moue, tu ne comprends pas trop la situation. Ils avaient pourtant acceptés, non ? C'est alors qu'il prends la parole et le soulagement t'envahis. Oh, si ce n'est que ça, t'allais attendre bien gentiment devant l'entrée, fixe comme une courge poussant dans la terre.

Tu zieute les alentours, pleine de curiosité. Tu peux à peine apercevoir l'intérieur de l'arbre, mais ce que tu aperçois te fascine. C'est tellement beau et envoûtant que t'en perd presque l'attention portée au garde. Presque. C'est pourquoi tu porte très vite ton attention sur lui lorsqu'il t'adresse la parole. Ce que ça t'apporte ? Quoi, comment ça ? Les actions ne demandent pas toutes récompenses, si ? C'est pourquoi, perplexe, tu prends la parole, redevenant la joviale Sarandiel que tu es normalement.

- Quoi ? Eum, je suis désolé, mais je ne comprends pas trop votre question. Ça ne m'apporte rien, si ce n'est d'aider deux personnes en difficulté. Je ne suis pas dragonnier, non, je suis Chasseuse.

Curieuse, tu penche ta tête de gauche à droite alors que l'étonnement peut se lire très vite sur le visage du garde.

- Un acte désintéressé ? Vous êtes sûre que vous n'avez rien à gagner dans l'histoire ? Même pas un petit bonus de votre camarade ?

Perplexe, tu plisse légèrement les yeux alors que tu lui réponds.

- Hein ? Absolument pas. Et si elle ose vouloir me payer je lui balance des flèches dessus. HEIN ? T'ENTENDS MARISSA, SI T'OSE VOULOIR ME PAYER J'TE TAPE !

Non mais, qu'est-ce qu'ils ont, tous, à vouloir que tout se paye ? T'es totalement exaspérée à présent et tu comprends pas trop quand le garde se met à rire de bon coeur, des larmes au coin des yeux. Il passe ses doigts dessous avant de reprendre la parole, un sourire en coin aux lèvres.

- Hahaha je vois je vois. Et bien écoutez, c'est tout à votre honneur et c'est de plus en plus rare, de nos jours.

Il se tourne alors vers Marissa et reprends la parole, souriant toujours.

- Elle est vraiment spéciale, votre amie. Vous en avez de la chance.

Un dernier rire lui échappe avant qu'il ne reprenne difficilement son sérieux en voyant son apprenti revenir.

- Ah, te revoilà, toi. Et je vois que tu as emmené le Doyen. Mesdames, laissez-moi vous présentez Lucas. C'est lui qui vous guidera dans votre recherche.

Hochant la tête, tu te tourne très vite vers Marissa. Un mouvement vif dans le ciel attire ton attention, du coin de l'oeil. Tu regarde attentivement et peut apercevoir furtivement passer le dragon de celle-ci. Légèrement choquée, tu reste comme deux ronds de flanc avant de te reprendre. Si elle ne se fait pas voir, c'est qu'il doit y avoir une raison et ce n'est certainement pas toi qui va les trahir maintenant.

- Marissa ? Ont y va ?

Tu penche curieusement la tête sur le côté, en attente de sa réponse. Cependant, tu ne peux t'empêcher de jeter une fois de temps à autre un regard au dragon tournoyant autour d'elles.

Malgré son vertige, l'arvèles revient se cramponner à la rambarde pour mieux admirer l'entrelacement des racines de l'arbre. Absorbée par sa contemplation, elle ne remarque pas l'arrivée d'un homme d'un certain âge. Ce n'est que lorsque Sarandiel l'appelle que Marissa s'aperçoit de sa présence et revient vers eux.

Il est grand et légèrement en embonpoint, sa tignasse poivre et sel encadre tout son visage et sa mêle à une barbe argentée et épaisse au niveau de ses oreilles. Ses petits yeux en amande scrutent les deux jeunes femmes. Il ne parle pas tout de suite, c'est l'apprenti Lionel qui le présente :

- Voici le Gardien Théodore Arthaen, il va vous écouter et décidera si nous devons vous aider ou non.

Théodore quant à lui se contente de dire :

- Suivez-moi.

Il s'avance alors sur la passerelle et dépasse Sarandiel et Marissa :

- On m'a expliqué pourquoi vous êtes ici. Pouvez-vous m'en dire plus sur le dragon ? De quel type de dragon s'agit-il et qui a-t-il attaqué ?

Le sang de Marissa ne fait qu'un tour, pourquoi part-il du principe que Nubia aurait attaqué quelqu'un ? Elle en attendait peut-être trop des Gardiens. Eux qui étaient décris comme de farouches défenseurs de la nature prêts à se mettre à dos Madelle tout entier pour leur venir en aide. Finalement ils avaient les mêmes aprioris que le reste du monde, pas étonnant que très peu de dragons se soient réfugiés dans la forêt. Elle lance un regard insistant à Sarandiel pour lui faire comprendre qu'elle préférait qu'elle continue à répondre aux questions pour le moment. Si elle l'ouvre, la première impression risquait de laisser des séquelles.

Elle remarque alors que l'héléo regarde vers le ciel. En suivant son regard, elle voit l'éclat doré au-dessus des Mirlis. Elle soupire d'agacement, mais ne dit rien et relance son regard insistant vers Sarandiel pour capter son attention. Le gardien, qui les devançait d'un ou deux pas, ralentit en se rendant compte qu'au bout de la passerelle les pèlerins étaient dès plus impatients à l'idée de pouvoir le rencontrer.

Théodore n'a rien remarqué, même s'il se doute que le dragon ne doit pas être très loin de son dragonnier si elle est venue demander leur protection. Il a bien l'intention de le voir en personne avant de prendre une décision, mais avant de le rencontrer, il veut en connaître le plus possible sur lui.


Nubia se reposait au milieu des racines d'un Mirlis. La conversation avec le gardien s'était éternisée, puis Marissa avait invité Sarandiel pour la remercier de son aide. Elle avait su trouver les mots justes pour convaincre le gardien qui face à la tension que dégageait l'arvèles s'était montré hésitant. Ellyn s'était montrée reconnaissante envers Sarandiel, mais maintenant qu'elle se trouvait seule avec Nubia, elle boulloneait d'attendre alors que cela faisait à peine quelques heures que la conversation avec le gardien avait eu lieu.

Trois semaines c'était long ! Cela faisait longtemps qu'elles n'étaient pas restées aussi longtemps à un même endroit. Déjà l'arvèles se sentait claustrophobe dans sa chambre. Cette nuit là elle ne rentra pas à la taverne, préférant rester avec Nubia. Elle se cala contre une racine et resta là à observer le flan du dragon se soulever à intervalle régulier. À chaque respiration son museau formé de la vapeur à cause de l'hiver qui arrivait doucement. Emmitouflée dans une couverture qu'elle avait emporté de la taverne, Ellyn passa une nuit presque paisible malgré le froid.