Humain, animal, Liare, Héléos. Il est parfois complexe de faire la différence. C’est particulièrement vrai dans le cas de ce petit bout de femme n’ayant jamais mit les pieds hors de la forêt des Mirlis. Lorsqu’elle n’adopte pas différents traits animaux, la petite possède une paire de cornes épaisses, courbées, lui donnant un air de démon. Liare. Pourtant, sa peau est claire, constamment protégée des rayons du soleil par l’épais couvert des arbres qu’elle ne quitte jamais. Humaine. Ses prunelles, d’un doux rosé ou d’un rouge sanglant et effrayant, selon l’éclairage et son humeur, brillent d’un éclat farouche, féroce. Elle semble toujours prête à fuir si la situation dégénère, comme une bête prise au piège. Animal. Enfin, ses traits changent constamment, ce qui lui a valu le nom affectueux d’Ahya, changement, de la part de ses congénères. Héléos. Moindrement, certes.

Il est aisé de remarquer qu’Ahya n’a rien à faire dans les villes et autres regroupements. Si la jeune fille se déplace belle et bien sur ses deux jambes, et non pas à quatre pattes comme toutes ces légendes d’enfants-loups, on remarque que sa démarche est plus rapide, agile, moins pataude, que celles des autres hommes. Son immense chevelure blanche, jamais taillée, pourrait être d’une douceur infinie, si elle avait sentie la nécessité ne serait-ce que de chercher à en défaire les nœuds une fois de temps en temps. Sa peau est abîmée, couverte de coupures et autres saletés causées par la vie de tous les jours dans des lieux où la végétation est si dense. L’adolescente porte une robe qui devait originellement être d’un blanc immaculé, désormais tâchée de toute part par ses nombreuses péripéties quotidiennes. La semi-animale se déplace pieds-nus, ne supportant pas de poser une barrière entre la peau de ses pieds et le sol vibrant de vie. Ahya porte aussi une petite dague d’opaline, constamment dissimulée dans les plis de sa robe.  

Autre détail important : l’odeur. Elle n’est pas aussi forte que l’on pourrait le penser, Ahya ayant apprit à se laver sommairement dans les rivières et étangs traversant la forêt. Il est néanmoins aisé de deviner la présence quasi constante d’animaux de toute sorte à ses côtés. Elle porte une fragrance bien particulière, difficile à effacer au vu du nombre d’années à vivre ainsi.

Au final, on pourrait aisément comparer la petite humaine à une sorte de poupée sauvage. Des allures animales dans un corps frêle, difficile à prendre au sérieux. À vos risques et périls.

Ahya n’a pas la même mentalité qu’un humain lambda. Elle fut élevée par des animaux, avec leus manières et leurs façons de voir les choses. Survivre. C’était ça, l’important. Garder son territoire afin de ne pas manquer de nourriture. Veiller sur les petits, les futurs membres du groupe de chasse. Aider à créer des environnements propices pour l’accouplement de ses pairs, sans jamais y être impliquée pour des raisons évidentes. Fuir autant que possible les hommes pour éviter d’être tué. Face à un ennemi, tuer avant d’être tué. N’accorder de son précieux temps que lorsque c’est nécessaire.

Pourtant, la demoiselle est déjà allée en ville, dans la confrérie des Anciens plus précisément, en cas de nécessité. Aussitôt entrée, aussitôt sortie. La petite ne s’attardait jamais. Elle prenait parfois des contrats de chasse aux monstres, afin d’avoir de quoi acheter quelques vivres lorsque les proies étaient moins aisées à trouver. Ce n’était pas flatteur, et personne n’appréciait réellement… Mais la survie en dépendait. L’adolescente n’apprécie pas la compagnie des humains. Elle les trouve bruyants, malhabiles et idiots. Leurs priorités n’étaient jamais aux bons endroits. Le pouvoir, la richesse… Quelle importance ?

Ahya n’accorde pas une grande importance à la vie de ceux qui ne font pas partie de la meute. Ils ne peuvent que leur nuire, après tout. Si la petite ne tue jamais par plaisir, elle n’hésite pas à le faire si elle y est confrontée. C’est d’ailleurs ce qui fait d’elle, malgré son si jeune âge, une chasseuse de monstres assez redoutable. Ces bêtes ne sont que nuisance, même pour les siens. Il vaut mieux s’en débarrasser tout de suite. Elle est plutôt égoïste et ne partage pas ses acquis, encore une question de survie. Ce mode de pensée transparait dans absolument toutes les sphères de sa personnalité.

Néanmoins, la semi-animale n’est pas une mauvaise personne pour autant. Les insultes lui passent au-dessus de la tête, la rendant patiente et impassible. Elle apprend facilement et s’est récemment découvert une certaine passion pour les écrits des hommes, passion qu’elle renie par manque de nécessité. Si l’humaine ne le montre pas, elle n’en demeure pas moins douée de sensibilité et cherchera toujours une bonne excuse pour venir en aide à ceux en ayant besoin. Bien qu’elle fuie autant que possible le contact des hommes, Ahya se sent de plus en plus attirée par eux, se surprenant de temps à autre à en suivre un d’arbre en arbre par simple curiosité.

Ne lui donnez pas l’impression d’être une menace, et surtout pas une menace plus faible qu’elle. La demoiselle n’hésiterait alors pas un seul instant à vous sauter à la gorge. Si vous voyez de la crainte dans son regard, tentez d’arranger la situation, ou partez. Simple conseil. De même, comme pour tout animal, évitez les mouvements brusques et contacts surprenant, qui risquent de lui faire perdre ses moyens.

D’ailleurs, Ahya commence à se poser des questions sur son ascendance depuis sa dernière visite au village, où un homme lui demanda si elle était humaine ou Liare. Face à son interrogation, il lui expliqua qu’elle avait les cornes des Liares, mais des traits humains, probablement Namès, chose qu’il n’avait jamais vue auparavant. Intimidée, la petite avait fuit avec un contrat, la tête pleine de questions. C’était quoi, un Liare ?