Je suis né dans les contrées hostiles, celles des terres inexplorées teintées d'ocre et d'orangé. Ici, il est difficile de cultiver et nous ne mangeons que de la viande séchée. Je suis enfant né d'une femme incroyablement belle et puissante et d'un homme tué peu de temps après ma naissance. Un père que jamais je n'aurai rencontré, un père qui n'aura jamais vu ma croissance et ma dévotion pour ce nouveau monde. Je n'en savais rien, je ne connaissais pas les préceptes qui m'étaient accordés à la naissance. Je suis le digne héritier d'une famille riche, contrôlant ce vaste morceau de terre. Cette confrérie que l'on nomme Recleyés. Ma mère n'a jamais été une femme aimante, elle n'a jamais voulu me porter dans ses bras ou m'enlacer. Me réconforter ou me dire des mots d'amour ne sont pas ses points forts. Je dirais même tout le contraire. J'ai vécut une enfance où la violence et le sang étaient les maîtres mots dans cette tour sinistre et froide. Je ne me suis jamais senti aussi seul. Renfermé sur moi-même, il était pénible de devoir m'exprimer en public à mes débuts. Heureusement, j'ai connu Richard assez jeune et il fut un très bon ami doublé d'un bon conseiller. Il m'a suivit jusqu'à aujourd'hui où je suis devenu roi. Il y a tellement à dire. Ma mère, Eden, est une véritable tyran et elle m'a beaucoup apporté de son caractère. Je dois dire que vivre dans cet environnement malsain a fait de moi ce que je suis. Je ne connais que la souffrance et la douleur, je n'ai aucune pitié pour mes sujets et mes ennemis. Jeune, j'ai suivit une formation à la magie pendant cinq années, de treize ans jusqu'à mes dix-huit ans. Durant cette période, j'ai observé et analysé ceux qui m'entouraient. Il y a tout type de gens, des mystérieux, des couards comme des intellectuels. Ou ils peuvent tout aussi bien être les trois à la fois. J'ai eu ma première relation lorsque je suis rentré dans cette école. De belles jeunes filles fraîches et florissantes avec ce teint sombre, cette mine au regard désespéré et terne. Le genre de femme qui me met en émoi. C'est à ce moment que j'appris que j'avais ce besoin de présence féminine auprès de moi.

Concernant mon éducation, j'ai appris à être respectueux et respecter. Bien que je sois le fils d'Eden, je n'étais pas autorisé à faire de tout et n'importe quoi. Comme tous les autres, je devais approfondir la maîtrise des vérités. J'ai pu acquérir la vérité du temps et de l'espace. Je restais un enfant adroit et intelligent, j'apprenais vite et avec beaucoup d'efforts. Je devais être dans le top pour éviter la colère de mère. Je ne devais en aucun cas faire un faux pas sous peine de me faire lyncher à coup de fouet. Je devais ressentir la douleur de mes sujets car un jour, c'était moi qui infligerait ce genre de souffrance. Discipline. Un mot que j'ai connu pendant de longues années jusqu'à ce que je sois assez mâture. J'apprenais l'art de la guerre et de la politique. Plus tard, j'appris que j'étais le petit fils de Goldack, dans les rares moments où mère venait me parler. Sa voix était suave et en même temps, très tranchante. Elle m'expliqua que j'étais le descendant du meilleur ami du mage noir, Goldack. Je ne savais point si je devais m'en réjouir ou non. En tout cas, mes yeux restaient sombres et mon visage sinistre, ne transmettant aucune émotion. C'est ainsi que je grandis. Cet univers n'était pas pour les faibles. Mes études se passèrent sans encombre, je n'avais qu'une seule envie, devenir le maître de Madelle. Je sentais en moi un grand pouvoir. Mère songeait et me regardait au loin pourtant, son regard était rempli d'espoir. L'espoir de me voir gravir les échelons et régner en maître. Je ferais des hommes faibles mes esclaves, je détuirais des nations entières si elles ne cèdent à mon emprise. Je  ne suis point l'égale des Dieux, seule la déesse de la Perfidie entend mes prières car elle est mienne. Quiconque se verra prier un autre Dieu risque la peine de mort. J'aime choisir les manières de mourir selon les personnes. C'est très intéressant et instructif quant à l'anatomie des humains.

Je suis vile et perfide. Je terrorise mon prochain et j'avance à grand pas vers le trône. Mes cheveux d'ébène poussaient d'années en années, jamais je ne les coupais. L'idée de la mort ne m'échappait jamais et je la côtoyais chaque jour. J'admirais ces personnes qui souhaitaient ma mort et qui se retrouvaient brûler ou pendu devant la tour, afin d'effrayer ceux qui oseront un attentat contre moi. Jamais ils ne réussiront. Durant ma croissance jusqu'à ce que je puisse prendre le trône, Mère s'approcha de moi et fit de Richard mon bras droit. Cet homme que j'admirais et respectait, cet homme que je considérais comme mon frère. Nous étions si proches que nos pensées fusaient. Les années avancèrent. J'établissais des stratagèmes pour avoir des alliées et créer des machines capable de détruire une dynastie. Il faut dire que je possédais peu d'alchimiste mais ils étaient bons. Cela prendrait du temps. A l'âge de 27 ans, je fus attiré par une jeune fille qui était sous la tutelle de deux personnes. Ses parents étaient morts. Je la pris sous mon aile, la conduisant dans cette tour qui serait son domaine. J'en ferai ma femme. A l'époque, elle n'avait que 14 ans et pourtant, même aujourd'hui elle refuse mes avances. Cette petite avait un sacré caractère. Je m'occupais avec d'autres femmes, plus intimement bien que celle que je souhaitais ne me laisse pas le choix. Une captive. Cependant, j'aspire à ce qu'elle succombe. J'avais besoin d'un bras armé, un bras qui pourrait me conseiller et m'obéir au doigt et à l'oeil. C'est une femme, une assassin qui vint à mes côtés. D'une beauté sans égale comme le tranchant de sa lame. J'avais appris avec un maître d'arme durant mon ascension à devenir roi, continuant l'apprentissage de la rapière. Il m'arrivait de chercher des combattants vaillants et elle fut celle qui désirait se confronter à moi. Un jeu. Tout ça n'était qu'un jeu et pourtant, cette relation était très ambiguë. A la fois passion et honneur, nous dansions avec le crissement de nos lames. Elle m'était loyale et ne me désobéissait jamais. Une perle rare. Nous avions nos mots et nos regards, un sombre jeu. Il y avait cette dévoration dans mes yeux et en même temps, ce respect que je lui dois. Bien qu'elle soit jeune, c'est une femme incroyable.

Aujourd'hui, je suis sur le trône écoutant les pleurs du peuple. Un coup de fouet et on n'en parle plus. Je suis un homme qui mérite qu'on se baisse devant moi, quitte à me baiser les pieds. Je serai le dévoreur de monde, Madelle sera à moi et tous se prosterneront devant ma puissance. Chaque hommes et femmes sont mes serviteurs et mes hommes d'armes. Nous irons au combat le moment venu. Pour l'instant, je cherche à accomplir ma destinée.