En frissonnant, la jeune Liare entra dans la taverne. Simius, que cette saison pouvait être froide ! Quel dieu avait donc pu inventer l'Hiver ? Cette saison était ridicule. La vie dans la Vallée était encore plus difficile, avec les rivières de laves qui se solidifiaient et les animaux qui partaient en hibernation. Elle avait bien besoin d'un verre de brazer là. N'importe quoi pour réchauffer ses os.

Avec délice Ivinea secoua sa tignasse dans laquelle s'étaient pris des cendres et s'étira de tout son long. Puis elle jeta un regard critique sur la salle. C'était relativement propre et chaleureux, si on omettait les regards peu amènes de la clientèle. Soyons honnête, la population locale était une des raisons pour lesquelles les siens fuyaient les villes et auberges lorsqu'ils le pouvaient. Les citadins le leur rendaient bien, d'ailleurs, leur laissant l'exclusivité de la Vallée. Si on oublie les fous et marchands de passage bien sûr.

Et qu'est-ce qu'elle faisait là donc ? C'est une très bonne question. J'aurais très bien pu vous répondre qu'elle même ne le savait pas, mais avouons le, c'est totalement stupide. Elle arrive rarement dans ce genre d'endroit sans le savoir. A moins d'avoir trop bu, ce qui n'est assurément pas (encore) le cas.
Elle était donc là pour une bonne raison, aussi simple que pragmatique. Faire du troc. Malgré toute la fierté de ces Liares des plaines, on ne trouvait pas tout dans la Vallée des Âmes. Pour ce qui était des produits manufacturés, ils ne pouvaient faire que le strict minimum. Elle était donc venue avec quelques compagnons, mais était la seule à être entrée après une dispute stupide. Elle boudait.

Pourquoi ne pas aller à Mainstock ? Pourquoi cette taverne perdue au beau milieu de rien ? Ah oui, pardon Ivi, perdue au milieu de la région la plus belle (et désolée) de tout le Monde Liare.
Pour deux bonnes raisons.
De un, c'était plus près de leur lieu de camp actuel.
De deux, la demande y était étonnamment importante. A croire qu'une ville souterraine se cachait sous la taverne. Une idée improbable malgré son charme.

Mais ça, elle s'en occuperait plus tard lorsqu'elle se serait calmée. Pour l'instant elle avait soif. Elle s'installa à une table libre dans le fond, qui lui donnait une bonne vue de l'entrée et deux murs pour surveiller ses arrières. Des vrais murs qui ne masquaient pas l'entrée d'un cachette. Elle avait vérifié. Elle se perdit pendant quelques instants dans la contemplation d'une fissure de la table. A en juger par la forme, celle-ci avait été provoquée par une lame large à simple tranchant. Cette constatation était sans intérêt.

- Patron ! Un pichet de brazer !

Ivinea eu droit à un regard de bovin pas intéressé qui fit bouillir son sang. Littéralement, il fallait qu'elle se calme un peu, là. Mais si elle devait réitérer sa demande avec un coup de poing quelque part, elle le ferait. Elle se contenta d'étrécir ses pupilles en battant d'une queue féline imaginaire et siffla :

- J'ai de quoi payer.

Le tavernier passa du bovin apathique au bovin intéressé et se pencha sous son comptoir. Elle soupira et s'assit confortablement, défaisant sa veste en cuir. Il faisait bien plus chaud dans la salle qu'à l'extérieur. Un inconnu s'avança alors vers elle. Il portait des vêtements colorés bien que poussiéreux ainsi que ce qui pouvait s'apparenter à un instrument à cordes. Qu'est-ce qu'il lui voulait, celui là. Elle n'avait pas l'air assez agacée comme ça ?

- Bien le bonsoir, gente dame ! Pourriez-vous me faire la grâce de votre compagnie ?

Il s'inclina alors devant elle.

- Aymiro Vrinshedel, barde en quête d'une muse, pour vous servir.

...
Par les cornes de Simius, mais c'était quoi ce bouffon ?

Ivinea soupira avant de jeter un regard froid au crétin qui venait de s'asseoir en face d'elle sans autorisation. Elle n'était vraiment pas d'humeur et dépensait déjà la moitié de son énergie pour éviter que sa Vérité ne se déclenche. C'était donc un barde. Ce qui expliquait l'instrument et le goût douteux pour ce qui était des vêtements. La tavernier lui apporta enfin son pichet, accompagné de deux verres. Au vu du regard qu'elle lui lança, il retira celui qu'il avait posé devant le troubadour. Juste à temps, celui-ci avait osé se saisir du broc. L'Enflammée en soit témoin, si ça continuait, elle allait l'égorger avant la fin de la soirée.

- Retire tes sales pattes de mes affaires avant que je me fâche. Je ne sais pas ce qu'est une muse, mais je suis sûre d'une chose, ça n'existe pas dans la région. Je te conseillerais donc de te tirer de ma table vite fait.

Vrinshedel (un nom pompeux, si vous voulez mon avis) regarda son verre s'envoler d'un air déçu et reporta son attention sur les yeux flamboyants de la Liare passablement agacée. Voyant que son approche avait lamentablement foiré, il changea de stratégie. Et servit Ivinea comme si ça avait son attention dès le départ et qu'il y avait simplement eu méprise.

- Je dois vous détromper, demoiselle. Une muse est une source d'inspiration et je suis sûr d'en trouver dans la région. Elle est si sauvage ! Comme immaculée, épargnée de la marque des liares ! Oh, le chant subtil du vent me paraît être la plus douce des symphonies.

Ivinea rougit, honteuse de son ignorance. Elle évita de relever "symphonie", de peur de s'enfoncer encore plus. Mais c'est vrai que sa Vallée était belle. Et sauvage. Et dangereuse. Pas comme Mainstock. Sauf éventuellement pour la dangerosité. Sans rien dire, elle prit une gorgée de brazer, laissant la douce chaleur se répandre dans ses os. Son regard, bien que moins agressif, intimait toujours à l'intrus de cesser de polluer son espace vital. Sans se démonter, le barde continua :

- Mais voyez-vous, il m'est très difficile de saisir l'essence de ces terres. Je ne peux y voyager seul sans risquer d'y laisser la vie et de rejoindre les Âmes qui hantent cette Vallée. Oh ! Cette idée me plait ! Je la chanterai dans mes balades ! C'est donc pourquoi je me tourne vers vous. Je vous ai vu, vous et vos compagnons. Vous êtes des sauv... autochtones n'est-ce-pas ?

Ivinea avait placé ses griffes sous la gorge du barde lorsque celui-ci avait commencé à les insulter. Il s'était bien rattrapé, en utilisant un nouveau mot dont la jeune femme ignorait le sens exact. Après quelques secondes qui parurent une éternité au ménestrel, elle éloigna ses lames et soupira.

- Tu abuses de ma patience, barde. Où veux-tu en venir, exactement ?

Vrinshedel déglutit difficilement, regrettant soudainement d'avoir approché cette femme qui semblait pourtant bien mériter le quolibet dont il avait failli l'affubler. "Sauvage" pour ceux qui ont la mémoire courte. Et probablement dangereuse avec ça. Il répondit d'une voix mal assurée.

- Et bien, je me disais que, peut-être, éventuellement, si vous avez du temps devant vous, vous pourriez me décrire un peu la Vallée comme vous la voyez vous ? Voire même me raconter vos histoires, qui doivent l'être, je n'en doute point, passionnantes pour les oreilles des Liares de la capitale ?

Il avait enchaîné toute cette tirade dans un souffle, ce qui était en soi un exploit. Sa voix s'était presque éteinte sur la fin, alors que un des sourcils d'Ivi était légèrement remonté exprimant clairement le "mais qu'est-ce qu'il me chante (haha) encore celui-là ?" qu'elle pensait un peu trop fort.

A la réflexion, en dehors qu'elle avait envie de frapper le prétentieux assis en face d'elle, elle n'avait rien contre le fait de raconter des histoires. Ça ne lui arrivait pas souvent, mais elle en réclamait à tous les voyageurs de passage. Finalement, la situation était seulement inversée. Elle eut alors un instant de doute. Savait-elle seulement raconter une histoire ?

Le don du conte était quelque chose que tout liare ne semblait pas posséder. Il faut dire qu'il n'était pas vraiment valorisé en terres de feu. Mais ça faisait franchement la différence pour l'auditoire. Ça se comptait parfois en nombre de personnes endormies avant la fin. Et elle avait tout sauf envie de se ridiculiser devant lui. Et qu'est-ce que ça lui rapporterait de le faire ?

Que faire du coup ? L'envoyer paître en lui disant qu'il pouvait bien raconter dans sa balade sa rencontre avec un superbe Tanflamm dans une auberge, ou accepter sa demande ?

Aymiro Vrinshedel, en bon barde qu'il était, savait déchiffrer les expressions de son auditoire, tout rustre qu'il pouvait être dans les bas-fonds de la société Liare qu'était Mainstock. Il faut avouer que c'était d'autant plus facile quand l'auditoire en question était composé d'une unique liare qui ne prenait même pas la peine de cacher ouvertement son agacement et son mépris pour sa personne.

Toujours est-il qu'il allait devoir la jouer fine pour arriver à lui arracher autre chose qu'un regard glacial et une menace. Il avait cru qu'elle ferait une compagne idéale pour la soirée, grâce à sa féminité tout d'abord et du fait qu'elle semblait seule ensuite. Il avait parfaitement conscience que les femmes liares n'étaient pas moins dangereuses que les hommes, mais il était romantique et n'aimait pas passer la nuit dans un lit froid.

Il s'était lourdement trompé. Chaque phrase qu'elle prononçait, chaque geste qu'elle effectuait semblait destiné à lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu à ses côtés. Pour la nuit, c'était probablement râpé. Mais tant qu'à faire, autant essayer de tirer le maximum d'informations de ce chat sauvage ! Il avait une réputation à refaire à la Cour !

Il la sentait pourtant hésiter. Si elle ne l'avait pas encore dégagé de sa table avec plus de virulence que ça, il avait peut-être encore une chance. Il sortit alors deux choses : une petite bourse et une fiole légèrement ciselée qui luisait d'un faible éclat. Il n'en fallut pas plus pour attirer la curiosité d'Ivinea qui se pencha sur la fiole pour l'observer de plus près. Elle n'avait jamais rien vu de semblable. Aymiro récupéra rapidement ses biens qu'il mit hors de portée d'une Liare bien plus attentive d'un coup.

- Voilà ce que je propose. Je vous offre la boisson pour vous permettre de parler sans laisser la déshydratation vous interrompre. Je possède également cette fiole incandescente, qui produit de la lumière même dans la plus sombre des nuits, comme votre vue éclaire ma fin de soirée. Je vous la cèderai contre vos dires.

Le regard d'Ivinea s'enflamma. Elle n'avait pas encore vu cette fiole à l’œuvre, mais elle se doutait déjà d'un chose : elle mourrait d'envie de savoir comment celle-ci fonctionnait et à quoi ça pouvait bien ressembler. Et puis pourquoi refuser de se voir offrir un pichet de brazer ! Elle allait en avoir besoin pour arriver à le supporter le reste de la soirée. Elle eu un petit sourire mi-figue mi-raisin.

- Très bien, barde ! J'accepte de supporter la vision de ton atroce habit encore quelques temps. Que veux-tu savoir ?

Vrinshedel se garda bien de relever la pique qu'elle lui avait lancé. Après tout, il était de notoriété publique que les bouseux de la campagne n'avaient aucune considération esthétique. Il n'y avait qu'à voir la crinière qui lui tenait lui de coiffure. Se coiffait-elle donc jamais ?
Bien entendu, pour des raisons évidentes de sécurité, il évita de lui balancer cette remarque acerbe. Même sil en avait bien envie.

- Et bien... Racontez moi comment est la Vallée ? A quoi ressemble-t-elle ? Ne vous sentez pas obligée de faire dans le lyrisme, je m'en occuperai moi-même. Oh, j'ai même encore une meilleure idée ! Racontez-moi un de vos souvenirs les plus forts, un qui fasse honneur au lieu et à ses gens !

C'était incroyable ce que cet homme était capable de monopoliser le temps de parole quand même ! Bon d'accord, c'est l'hôpital qui se fout de la charité de penser ça dans le cas d'Ivinea. Mais là quand même, il fait fort. Ivinea fit une petite moue pensive. Son souvenir le plus fort... Il y en avait plusieurs en fait.
Sa première rencontre avec un Tanflamm, dieu des animaux et être le plus parfait qu'il puisse exister sur cette terre, tant par sa beauté que par sa puissance.
Et tous les évènements qui avaient rythmé son Baptême du Feu. Pour la première fois de sa vie, elle s'était retrouvée totalement seule pendant des semaines. Aucun membre du clan ne pouvait l'aider dans son rite. Elle devait l'effectuer seule et prouver qu'elle était digne de vivre dans la Vallée. Digne d'appartenir au Clan.

Non, elle ne raconterai pas son Baptême à un parfait inconnu. C'était un épreuve sacrée, il ne comprendrait pas. Et même s'il s'agissait du meilleur moyen de découvrir la Vallée dans ce qu'elle avait de plus nue, de plus sauvage, un Liare de la capitale n'apprécierait pas la justesse de ses mots. Et puis il y avait une autre raison, bien plus pragmatique (même si ce mot n'existe pas dans le vocabulaire d'Ivi) : elle n'avait pas envie plus de temps que nécessaire avec ce bouffon de citadin.

- Un souvenir fort, hein... Je vais donc te décrire ce qu'il m'a été donné de voir de plus beau et de plus majestueux dans cette Vallée. De plus mortel aussi.

Elle prit une gorgée de liqueur de brazer, sentant un douce chaleur envahir ses os et lui picoter la langue, puis elle commença à parler.

Ivinea braqua son regard dans celui de son auditeur, s'assurant sa pleine attention.

"C'était un après-midi comme les autres. Le vent soufflait sur la Vallée et soulevait des nuages de poussières. Rien d'inquiétant cependant, il n'était pas annonciateur de tempêtes mais piquait tout au plus les yeux. Il était porteur des bruits et des odeurs caractéristiques de la Vallée au cœur de l'été, lorsque le soleil surchauffait les pierres grisâtres qui en tapissait le sol.

J'étais partie chasser avec mon père. Dans la Vallée, si tu veux de la viande dans ton assiette, tu as intérêt à te lever tôt et à te bouger les fesses. Sinon tu devras te contenter de ces racines tout juste bonnes comme accompagnement.

La matinée n'avait pas été particulièrement fructueuse. On avait suivi une piste de gibier, probablement un Esifret isolé..."

Vrinshedel lui lança un regard étonné.

- Un Esifret ? Vous voulez dire qu'on en trouve encore en liberté ?

- Bien entendu. Il paraît que vous les citadins, vous les avez domestiqués et les élevez dans des enclos. Je trouve ça plutôt triste de les soustraire à leur liberté. Comment peuvent-ils se muscler correctement dans ces conditions ? Mais enfin, on n'avancera pas si tu m'interromps toutes les deux minutes.

" Je disais donc qu'on avait suivi cette piste mais elle ne nous avait mené qu'à une déception. Un autre chasseur des plaines avait trouvé et abattu cette proie avant nous. Le genre de chasseur dont il faut se méfier. La Vallée est dangereuse pour les Liares des villes, parce qu'ils ont tendance à sous-estimer les chances de croiser un prédateur pour lequel un cuissot de liare est un repas tout à fait satisfaisant. Et crois-moi, il y en a beaucoup !

On savait donc qu'on se trouvait à proximité d'un grand carnivore. J'étais encore jeune et en plein apprentissage. Je n'arrivais donc pas à reconnaître les traces qui se présentaient devant nous. Pour faire simple je voyais surtout des marques dans la terre, peut-être des griffures et des éclaboussures de sang. En cherchant bien, j'avais réussi à distinguer une piste avec des gouttelettes de sang nous indiquant dans quelle direction était parti le prédateur avec la carcasse.

Ça annonçait la fin d'une journée de traque pour nous. On ne pouvait pas rester dans le secteur. On ne trouverait probablement rien de plus avec l'odeur du sang qui flottait dans les environs et allait attirer les charognards d'ici peu. Et il fallait encore que l'on rentre au campement. C'est jamais agréable, mais ce genre de journées arrive de temps en temps.

On est donc repartis. Avec sur nous l'odeur de la déception et du sang qu'un autre avait versé. Et c'est alors qu'au détour d'une corniche, on est tombé sur Lui. Le Roi de la Vallée. Il nous avait vu, il était trop tard pour fuir. Il nous fixait de ses yeux flamboyant.

Et c'est ça moment là que je suis tombée amoureuse de Lui. Mon père dit qu'il s'agissait un grand mâle. S'il a dit quelque chose après, je ne l'ai pas entendu. Quoique non, le plus juste serait de dire que je ne lui prêtais déjà plus attention.

Le Tanflamm était la seule chose qui comptait pour moi à ce moment là. Il avait rapidement jugé que nous ne représentions aucune menace. Après tout, Il pouvait nous tuer quand bon lui semblait. Il se léchait les griffes afin d'en éliminer toute trace du sang qui aurait pu les souiller. Puis il baissa les yeux pour les river dans les miens. J'ai eu l'impression qu'Il lisait en moi. Qu'il me jugeait comme un émissaire de Simius. Aujourd'hui encore je suis certaine que c'était le cas. Un félin aussi majestueux et ardent ne pouvait qu'être l’œuvre de la Déesse.

J'ai senti qu'on me tirait par le bras. C'était mon père qui me regardait comme si j'étais folle. Il voulait se cacher alors que je me tenais droite à deux mètres à peine du Seigneur de la Vallée. Il voulait partir alors que je ne pouvais pas me résoudre à interrompre ce moment. Lorsque mon attention, dérangée pendant un instant par ce poltron qui me servait de père se reporta sur le Tanflamm le contact avait disparu. Je pouvais presque ressentir une pointe de mépris dans Son regard. Ça m'a brisé le coeur. Il a baillé et a définitivement détourné son attention de nous..."

Ivinea se fit silencieuse. Elle avait l'impression d'en avoir trop dit. D'en avoir trop révélé sur elle-même à un simple inconnu. Un stupide barde dans une taverne. Le lettreux en question se taisait, comme estomaqué. Il avait déjà croisé des tanflamms à la Cour bien sûr, mais jamais il n'en avait eu une telle description. La Nomade, à travers ses yeux d'enfant, voyait les choses de manière bien différente. Il regretta presque de n'avoir pas grandi ici et connu toutes ces choses. Presque. Il se rappela bien vite de l'inconfort et des manières rustres des gens de la région. Cette Liare pourrait dire ce qu'elle voulait, mais rien ne pourrait remplacer un bon bain de Liare et les richesses de la cité.

- Et bien, je dois avouer que ton récit fût passionnant. Je ne pouvais en attendre moins d'une aussi jolie demoiselle. Ce Tanflamm devait être d'une beauté à couper le souffle, et...

Il se tût. Ivinea dardait sur lui un regard entre le triste et l'haineux. Parler de ce souvenir avait fait remonter de nombreux souvenirs à la surface et là, elle voulait juste qu'il se taise, qu'elle puisse reprendre contenance. Elle plongea le nez dans sa choppe de brazer pour reprendre contenance.

Vrinshedel était un abruti, mais aussi un romantique. Il garda (avec difficulté) le silence et tendit la petite bourse et la fiole incandescente vers elle. Et il se leva, espérant trouver une autre personne pour lui tenir une agréable compagnie cette nuit que cette espèce de folle amoureuse d'un tanflamm.

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Quelques mois plus tard, à la Cour.

Le barde s'avança devant l'assemblée de nobles en fête et s'inclina bien profondément.

- Ce soir, je vais vous raconter une histoire, émouvante et belle, racontée dans la dangereuse Vallée des Ames. J'espère qu'elle saura vous charmer.

Il commença à jouer sur son luth, souriant légèrement aux jeunes liares fortunées qui le regardaient avec intérêt.

Il y eu un jour, au cour d'un bel été,
Où une demoiselle découvrit l'amour dans la Vallée.
Les Âmes pleurent encore le souvenir amer
De cette demoiselle au regard de fer.

L'enfant était chasseresse,
Du vent sur son visage,
Du sang d'un beau carnage,
Elle connaissait l'ivresse.

La traque de ce grand jour
N'était pas des plus belles
Un prédateur avant elle
Lui avait sans détour,
Volé l'Esifret qu'elle poursuivait.

La pauvre enfant alors se rentrait
Lorsqu'elle rencontra celui qui lui vola son cœur
Et devint la source de son malheur.
L'amour fut donné à cet être béni
Par Simius selon les écrits,
Le Seigneur de la Vallée des Âmes :
Un Tanflamm.
...

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