Une étrange créature va et viens aux alentours de Arnlo. D'après les descriptions des survivants ayant croisés son chemin, elle est couverte d'une très épaisse fourrure de jais et à des yeux et des maques sur le visage qui luisent dans le noir. Elle se déplace à quatre pattes et semble ramper sur le sol, silencieuse, discrète. Extrêmement agressive, elle attaque les passants, voyageurs, les troupeaux mais aussi les voitures et parfois des maisons. Pourtant, dès que les chasseurs de monstre de la région tente de l'attraper, elle est introuvable, comme invisible, et arrête ses méfaits le temps qu'ils s'en aillent. Réussirez vous à la trouver et à la vaincre ?


Cette quête ce déroulera en plusieurs parties et sera guidée par un MJ. En minimum 2 messages, vous devrez vous rendre sur place et trouver un signe de la présence de la bête. Le MJ interviendra alors et jouera ensuite la bête.

Une aube fend la muraille nuageuse qui encombre le ciel qui surplombe cette forêt, une parmi tant d'autres dans la Plaine Isolée. Les timides rayons du soleil chassent les recoins de pénombre qui inondent cette mer d'arbre au travers de laquelle se cache bien des choses. Entre autres des chasseurs de monstre, une humble poignée comparée au corps de chasse qui a débuté une mission aussi dangereuse que mystérieuse : une chasse à l'ombre.

Dans le milieu des tueurs de monstre, ces quêtes sont ingrates, entre les bêtes non identifiés, une menace toujours imprévisible, plus longue que nécessaire et une paie qui n'est jamais à la hauteur du danger. La coutume veut que seulement un groupe d'expert se charge de ce type de mission mais les temps sont durs, en particulier depuis le retour d'un ennemi aussi vieux que les pierres.
Les tueurs de chimères ont fouillé les lieux de fond en comble, ayant rencontré toutes les difficultés de Mardelle pour trouver quelques traces supposées appartenir à la bête noire mais sans certitude. En dépit de leurs efforts sommant deux dizaines d'heures d'investigation intense, pas moyen de percevoir le moindre bout de queue, une once de griffe, ou même l'éclat d'un oeil qui luit dans la nuit.

C'est pourquoi les plus obstinés d'entre eux ont décidés de changer radicalement d'approche, préférant se camoufler dans leur environnement dans le vain espoir de voir sortir la bête.
Torn Barnes, chasseur de monstre parmi quelques autres, cinq ans dans le métier, est étalé sur le sol au beau milieu des fougères. Son visage est couvert de boue, somnolant à moitié, laissant le soin à ses oreilles de faire le travail de garde montée. Mais à part quelques lapins à l'esprit fort aventureux, il n'y eu pas l'ombre d'une ombre à l'horizon alors que la faim commence à le tenailler, lui et les quelques autres qui se trouvent dispersés dans les proches recoins de ce carré boisé.

Le soleil qui pointait tout juste le bout de son nez à l'horizon, mêlant une lueur orangée aux nuages qui couvraient le ciel n'avaient pas ralenti nos deux compères qui avaient pris la route tôt ce matin, longeant le Crola, en direction du Nord-ouest pour aller regagner les Terres de Faras.

Bringsir, accompagné comme toujours de la tumultueuse Navi, marchèrent d'un bon pas dans les forêts du Nord d'Arnlo, sans un mot depuis bien trop longtemps, à l'inverse de l'habitude qui régnait au sein du duo. Le jeune homme interrogateur, prit cette fois-ci les devants.

-Et bien ? Qu'est-ce qu'il y a ? Dit-il d'un ton sec et roque.

-Pourquoi tu m'agresses comme ça ? Je ne fais rien !

-C'est bien ça qui est étrange !

-Non, mais tu m'épuises ! On voyage, on voyage, on marche, on se nourrit avec ce qu'on trouve, des fois, tu te bats et moi alors ? Mon entraînement ? J'suis fatigué, voilà !

-C'est une nécessité, tu dois voir le monde dans son moindre recoin pour te faire ta propre opinion de Madelle. Entendre juste les paroles d'une bouche, qui les a entendues d'une autre et comme cela sur des centaines de kilomètres, les a forcément effrités et modifiés à la longue.

-Tu parles vachement bien là... Rétorqua t'elle en le coupant.

-Je pensais que tu l'avais remarqué !Ne confonds pas savoir et sagesse, je ne réfléchis pas beaucoup quand j'agis, mais je le concentre sur le point nécessaire.

-Ouais, t'es trop con pour le reste quoi !

-Raaaah, tu m'exaspères ! Ce soir on se cognera dessus, si ça te fais t'en plaisir de t'entraîner !

-Merci ! Conclus la petite sur un ton ironique.

Tout juste après la scène de ménage, un homme d'un certain âge les interpella au détour d'un arbre.

-Que faites vous là ? Allez-vous-en ! Vous nous dérangez dans notre chasse !

Le voyageur lança son regard au loin dans le dos de son interlocuteur pour jauger approximativement le nombre de personne qui avait pris part à cette chasse avant de revenir à la conversation.

-Et que chasser-vous ?

L'homme remarqua une certaine lueur d'engagement et d’agressivité dans les yeux de Bringsir. Un regard de tueur, près à en découdre, que ses paroles lui avaient piqués dans sa curiosité et il ne pouvait être, d'après sa déduction, qu'un allié précieux dans cette mission.

-L'ombre... Mais ne perdons pas les autres, suivez nous.

L'ombre ? Il n'en fallait pas plus pour notre ami. Tout un groupe pour une créature mentionné comme une ombre, ça ne pouvait être qu'une chose improbable et puissante. Navi avait tout de suite compris en voyant sa réaction, qu'ils partiraient encore pour une aventure.

Bringsir et Navi suivirent sans un mot le groupe qui continua son avancée. Quelques heures passèrent sans un mot, avec une atmosphère des plus pesante et ne voyant toujours rien, décidèrent de changer d'approche. Elle ne pouvait être que là, non loin d'ici, mais il fallait être encore plus discret. Le groupe se mit à se camoufler et d'observer. La plupart commençaient à fatigué et un début de faim se faisaient ressentir.

Non loin de lui, le voyageur remarqua un homme qui commençait à somnoler, il s'approcha de lui et, sans un mot, lui tendit une de ses fameuses pommes qu'il gardait au fond de son sac comme à son habitude.

Si cette créature devait être très dangereuse comme le supposait Bringsir, elle était sans doute aussi très rusé et méfiante. Pour l'attraper, il faut que tous les hommes aux alentours soient opérationnels et aux meilleurs de leurs sens...

Alors que la caresse du sommeil se fait plus répétitive, un homme et sa comparse s'approchent le plus silencieusement possible de lui pour ne pas ruiner leur petite partie de cache-ombre. Il fouille dans son barda pour en sortir une pomme, la lui tendant avec une bienveillance aux antipodes avec son regard d'acier, aussi froid et mortel qu'un glaive.
Plus par instinct de survie que par courtoisie, il accepte l'offrande en hochant la tête tout en évitant de rompre la promesse de silence, le vent étant la seule musique qui se joue en ces lieux qui paraissent bien morbides au fil des heures. Barnes range le fruit dans son sac en résumant sa position vautrée, profitant de cette éphémère interaction pour regagner un plein éveil.

De nouveau, le tueur de monstre hoche subtilement la tête en lançant un regard en coin à l'inconnu qui a rejoint le corps de chasse, discret signe de complicité. Cependant, à ses yeux, ce duo est identique aux autres, similaire d'apparence à la dizaine de traqueur qui sont camouflés dans ces bois mais dont les histoires ainsi que les destinées dépossèdent de toute autre similarité.

Le temps passe, s'écoule aussi lentement que muettement, ne faisant place qu'à une pièce aussi inintéressante qu'inanimée quand soudain un lapin blanc sauvage fait éruption d'un buisson pour se retrouver au beau milieu du groupe de chasseur, ignorant la présence de ces tueurs que la faim tenaille depuis un certain temps.
Une tension presque inhumaine monte au sein du groupe, les plus expérimentés abusant de leurs astuces pour ne pas succomber à la tentation, les moins résolus envisageant déjà une approche pour pouvoir profiter d'un bon civet de lapinou. Ce vile rongueur est sur le point de saboter des heures de camping, avec ses horribles moustaches, ses oreilles diaboliques et ses yeux suintant le vice.

Un bruit aussi sec qu'éclair résonne entre les feuilles, une flèche fauchant le lapin qui pousse un cri aussi court qu'étouffé, le cri de la défaite. Une ambiance presque malsaine prend place, entre les traqueurs qui lancent des regards mauvais, ceux qui hésitent à se lever, d'autres qui veulent abandonner. Des émotions de frustration, de meurtre, de désarroi ou encore dépitées s'emparent du coeur des femmes et des hommes présent mais pas celui de Torn.
Il demeure aussi calme que composé, voyant en cet incident une opportunité de voir la situation chavirer vers un peu plus d'action, n'oubliant pas qu'ils sont potentiellement non pas les chasseurs mais les chassés.

Le temps d'attente était long, très long. Bringsir avait une large habitude, même s'il préférait de loin une bagarre des plus mouvementée, observer dans l'ombre, il savait faire aussi au contraire de Navi, qui ne se cachait même pas et dormait plus qu'à moitié.

Le jeune homme ne pouvait pas la brimer, beaucoup autour commençaient à vaciller et l'apparition d'un lapin n'aida guère l'assemblée. Ni une, ni deux, un homme décocha une flèche en plein dans la bête qui passait malencontreusement par là. Un soupir collectif et plusieurs hommes, dont notre ami, se levèrent, d'excès et d'envie de meurtre, plus que de faim et d’apathie.

Pendant que certains s'expliquèrent entre eux sur l'échec de leur aventure, Bringsir s'installa contre un arbre et prit de quoi se rassasier dans son sac avant dans donné un bout à Navi, un morceau de pain, légèrement durci, mais encore tout à fait mangeable.

Le groupe avait l'estomac dans les talons et pendant que certains utilisaient leurs propres provisions, les autres proposèrent une halte pour la fin de journée et qu'ils reprendraient le lendemain matin aux aurores.

La nuit tomba rapidement et les tensions s’apaisèrent, entraînant même un vent de bon enfant, riant et gloussant autour du feu où Navi, à l'inverse de son compagnon, trouva sa place sans trop de soucis.

-Si cette créature est-elle que l'on me l'a décrit, elle attaquera bientôt. C'est elle qui nous chasse, pas l'inverse. Marmonna le jeune homme qui observait ce qui se tramer aux alentours.

Il ne fallut pas une heure pour que Bringsir ait son regard attiré par un buisson qui bougeait un peu trop à son goût et s'en approchant, la chose qui s'y était caché se précipita en retrait, rampant rapidement sur le sol, contournant le voyageur et se dirigeant vers le campement de fortune.