« Amara ! Amara qu’est-ce qu’il y a ?! Amara parle-nous ! »

Mes amies et mes sœurs me secouait, se posaient devant moi et me faisait des signes pour que je réagisse, mais je ne les voyais ni ne les entendait. Les seules images qui défilaient devant mes yeux, c’était celles de l’horreur que j’aie vécu en journée.

L’horreur, cela ne faisait pas parti de mon quotidien. Je suis née d’une union plus que romantique entre mes parents, dans le récif d’Emeriata. Mes parents tenaient à ce que je naisse dans un monde qui respirait la beauté et la joie. Leur choix fut le bon.

J’ai eu une enfance tout à fait normale. Oui j’ai fait quelques bêtises étant enfant. Mes parents m’ont punit et réprimandée, mais quand on est petite et curieuse c’est tout à fait normal. Cela a-t-il gâché mon enfance ? Pas le moins du monde. Car c’était assez rare quand même.

Mon éducation s’est faite comme tout les autres enfants : à l’école. La seule différence est que, comme j’étais vouée à être noble via mes parents, on ne m’a pas proposé de métiers mais plutôt…un domaine privilégié que je pourrais utiliser pour me faire voir à la cour. J’ai pris passion pour les animaux, cela n’a donc surpris personne lorsqu’à 17 ans, ma vérité fut la capacité de parler aux animaux.

Cela fait donc trois ans que je conseille les nobles de la cour lorsqu’ils s’apprêtent à entrer en contact physique avec un animal. Par exemple, lors de ventes aux enchères, je peux voir si un animal a été adopté légalement ou s’il a été sauvagement capturé. Ca fait un peu espion, mais au moins je rends service en débusquant les escrocs. Du moins dans ce milieu.

Concernant ma noblesse, elle vient d’un de mes lointains ancêtres qui était chevalier et qui a prouvé sa valeur lors de diverses batailles. Néanmoins, notre famille a une idéologie particulière : tu es noble de parents à enfants mais ton domaine est tiens. Cela veut dire que si tu es chevalier et que ton enfant veut être musicien, il peut. C’est donc pour ça que chez moi, on n’excelle pas tous dans le même domaine.

Ma mère aime les pierres et mon père les coraux. Ils sont donc toujours à la recherche des plus beaux spécimens pour en faire des bijoux et accessoires qui orneront nos vêtements. C’est ce qui fait notre principale richesse. Mes trois sœurs ont chacune leurs passions. Masha et Eliose, mes grandes sœurs, excelle respectivement dans le chant et la mode. Iliade, ma jeune sœur de deux ans, à la même passion que ma mère. Kirus, mon petit frère, n’a pas encore découvert sa vérité mais visiblement, ce serait la glace. C’est un petit garçon de 10 ans alors évidement, il aime jouer au chevalier et veux entrer dans la garde royale.

« Tu comprends, il me faudra bien la maîtriser pour nous protéger contre les méchants. »

Ces rêves me font sourire, j’espère juste qu’un jour il y arrivera et je l’encourage à les réaliser… Du moins, c’était comme ça avant cette journée.

Ce matin Celms, une de mes amies d’enfance, m’a demandé de l’accompagner à la surface pour observer un petit animal. Elle essayait de l’apprivoiser depuis plusieurs jours et visiblement, elle avait du mal. Même si je me doutais que ce n’était pas par hasard que l’animal refuse de se laisser apprivoiser, j’acceptais de l’accompagner pour au moins lui donner mes conseil.

Nous avons donc nagées jusqu’à la surface. Là nous avions débouché sur un sol rocailleux. La pierre était chauffée par le soleil. Lorsque je posa mes bras dessus, cela me procura une sensation de bien être.

Nous avions fêté la transformation de Clems au début du mois. Elle était magnifique en humaine, ses cheveux rose viraient au roux et ses yeux violet au bleu. Elle avait la peau un peu bruni et des courbes élancées. Vraiment une belle femme. Moi je n’avais pas encore le droit de sortir de l’eau, mais j’étais autorisée à sortir la tête et le buste.

Une petite boule de poils rouge sortit alors des roches. C’était un animal à quatre pattes, avec de grands yeux jaunes et un petit museau noir. Cette créature m’était totalement inconnue.

« Le voilà ! »

Clems sorti de l’eau, mais à son approche, il recula en tremblant. Clems soupira, déçue et se tourna vers moi :

« Tu vois ce que je veux dire ? »

Je ris en voyant l’air abattue de mon amie. Je fixai l’animal et entra dans son esprit. Il était rempli de peur. Je lui parlai d’un air tendre, presque maternel pour le rassurer :

« Tout va bien. On ne te veut aucun mal.
- Partez !
- Partez ! Pour votre vie ! »

L’animal rompit le lien et détala. Clems me regardait, dépitée. Mais moi j’avais un mauvais pressentiment. Je fixa donc mon amie sérieusement et l’invita à me rejoindre. Elle obéi sans vraiment chercher à comprendre. Mais elle me dit d’un air suppliant :

« On réessayera demain ?
- On verra. Allez, on rentre. »

Clems n’avais pas encore rejoins la mer, que des voix masculines se firent entendre. Deux hommes, à l’hygiène mal entretenue et au vêtement en lambeau surgirent des rochers. Leurs regard était remplis de perversité et de machiavélisme. Ils se précipitèrent sur Clems. Elle n’était pas encore habituée à ses nouvelles jambes et ne pouvait pas courir très vite. Comme j’était pétrifiée par la terreur, elle me hurla :

« Amara ! Plonge ! »

Pourquoi j’ai obéi ? Je n’en sais rien, mais quand j’ai vu que Clems se débattait à la surface pour retourner dans l’eau, un élan de courage me fit faire demi-tour pour la sauver.

Elle avait la tête et le buste maintenus dans l’eau pour qu’elle conserve son état aquatique. Elle hurlait. En me voyant arriver, elle me hurla :

« Amara non !
- Clems ! »

A cemoment, une vague de froid entoura mes jambes et m’empêcha de nager. Clems m’avait gelée les jambes.

« Clems ! »

Clems me regardait, mi souriante mi pleurante. Puis elle se remettait à hurler. J’assistais à ce spectacle sans pouvoir bouger. Je ne pouvais qu’accompagner ses pleurs et ses cris. L’eau se colorait alors en rose.

« Du sang… »

Après de longues minutes, Clems ne criait plus. Ses yeux me fixaient toujours, mais son visage n’exprimait plus rien. A ce moment, la glace autour de mes blanche disparu et je pu la rejoindre. Je m’approchai de son visage :

« Clems ? »

Pas de réaction. Je la secouai légèrement, mais toujours rien. Je remontai alors à la surface. Les hommes étaient partis, mais ce que je découvris me fit hurler et trembler de terreur. Clems n’avait plus de peau aux jambes, plus de nageoires et on lui avait coupés les palmes des mains. Elle était morte d’hémorragie.

J’ai paniquée, j’ai foncé chez moi et je me suis renfermée dans ma chambre. J’ai versé toutes les larmes de mon corps jusqu’à me retrouver dans cet état de béatitude. C’est là que mes sœurs m’ont retrouvée.

Ma mère, affolée, entra et me pris dans ses bras :

«  Amara, parle s’il te plaît. Dis-nous, qu’est-ce qu’il s’est passé. »

Je n’ai rien pu dire. Je ne sais pas pourquoi. Je voulais tout raconter, mais mon corps me l’interdisait. C’est comme si quelque chose de terrible allait se produire si je parlais. Alors, je pleurais, je ne pouvais faire que ça.

On retrouva le corps de Clems deux jours plus tard. Des humains bienveillants nous l’ont remis. Evidement, je fus la suspecte principale car j’étais la dernière à l’avoir vu en vie. Mais les médecins jugèrent que mon état n’était pas de la comédie, mais bel et bien un état de choc après avoir vu le corps dépecé de Clems. Je fus écartée de l’affaire et on envoya une patrouille sur terre pour retrouver les meurtriers.

Tellement rongée par le remords de n’avoir pas pu sauver Clems, j’évite désormais tout contact avec les gens et je sors très peu. Le seul moment ou je sors de chez moi, c’est quand la peur deviens trop forte. Je m’enfuie alors dans une grotte rempli de cristaux phosphorescents. Leur lumière m’apaise. Et pour couronner le tout, je suis devenue muette.

Personne ne doit savoir ce que j’ai vu, sinon il m’arrivera quelque chose.