(#) Sujet: Qu'on lui coupe la main ! Ven 24 Juil 2015 - 15:58
Qu'on lui coupe la main !
Le 2 Ravrök 1247
Manaka ouvre les yeux. Elle se sent fatiguée et aucun de ses muscles ne semblent lui répondre. Elle se découvre assise, avachie sur elle même. Ses yeux ne sont pas éblouis par la lumière car il n'y en a pas. L'endroit où elle se trouve est sombre et humide. L'odeur qui règne est répugnante et indéfinissable : un mélange de toutes les pires choses puantes en une seule inspiration. Elle arrive à lever la tête et voit une porte en bois massif en face d'elle. Elle comprend vite qu'elle est enfermée entre quatre murs étroits. Seule une petite fenêtre au dessus d'elle lui donne un aperçu de l'extérieur. Son corps se décide enfin à répondre à son cerveau et elle arrive à se mettre de debout. La fenêtre est bien haute mais en se mettant sur la pointe des pieds et en sautillant, elle arrive à apercevoir le ciel étoilé. Il fait donc nuit ? Elle n'arrive pas à se souvenir de ce qu'il s'est passé avant son réveil. Tout est encore flou. Elle s'assied et prend un temps pour se remémorer des événements de la journée. Elle était avec Toma pour une journée "emplettes" comme il le dit si bien, à Arnlo. Ils devaient aller acheter des gemmes à un marchand bien connu de la communauté alchimiste mais pas forcément reconnu des autorités... Vous savez, l'alchimie cache bien des secrets ! Mais une journée normale comme il y en a souvent. Ce n'est pas la première fois qu'elle allait à Arnlo pour l'accompagner dans ses achats et ses reventes de produits. Après tout, elle participe à la production de ces objets.
Mais alors, pourquoi se retrouve t'elle en prison ? Car oui ça ressemble bien à une prison, et non à une cave d'un particulier car à ce qu'elle a vu par la fenêtre, elle n'est pas sous terre. Elle revoit la transaction qui a eu lieu entre son mentor et le marchand. Elle les voit repartir vers le centre ville pour aller acheter de nouvelles tenues, leur passe-temps favori. Elle se souvient de magnifiques foulards chez le marchands d'étoffes dont un beau de couleur bordeaux qui lui a tapé à l'oeil. C'est là que s'arrête ses souvenirs, avant de se réveiller ici dans cette cage de pierre. Tout ça ne lui explique rien du tout sur le fait qu'elle soit ici.
Elle ne sait pas combien de temps elle reste assise sur le tout petit tabouret de bois mis à disposition, ni même à faire les cents pas dans sa prison afin de se dégourdir les jambes, lorsqu'un soldat équipé de son armure et d'une épée à sa taille entre.
- Ton heure a sonné, le jugement a été rendu. T'as de la chance tu t'en sors avec pas grand chose...
Deux gardes arrivent derrière lui et entre dans la prison. Ils saisissent Manaka par les deux bras en la maintenant de manière à ce qu'elle ne puisse pas bouger. Ils lui faisaient mal en la serrant ainsi. Ils collent ses mains dans son dos afin de les menotter.
- Que se passe t-il ? Je ne comprends rien ! Que va t'il m'arriver ? Pourquoi suis-je ici ?
Ses questions ne sont peut être pas dans l'ordre mais l'incompréhension règne dans la tête de la liare. Un sourire mauvais s'affiche sur les lèvres du soldat principal :
- Aux voleurs on leur coupe une main, même aux femmes, qu'elles soient humaines ou pas. C'est la loi et on l'applique. Alors maintenant tu vas te taire !
On la pousse violemment hors de sa cellule. Elle grimace de douleur mais n'ose sortir le moindre son afin de ne pas provoquer la colère du soldat, qui a l'air bien soupe au lait. Dans cette situation, elle se sent bien impuissante. Frustrée de ne pouvoir rien faire, elle peste intérieurement. Elle ne sait vraiment pas comment elle s'est retrouvée là, sa mémoire ne veut toujours pas revenir. Mais le soldat a dit voler ? Elle serait accusée de vol ? Ça l'étonne beaucoup, elle n'a jamais volé ! Même si elle parle avec des gens peu recommandables, elle paye toujours, même Toma d'ailleurs. Si elle a vraiment volé, elle n'a pas dû être dans son état normal. Ou alors tout simplement, ce n'est pas elle qui a commis ce délit.
Alors qu'elle se fait entraînée, un homme encapuchonné arrive face à eux, sortant d'un renfoncement dans un mur. La garde entourant Manaka s'arrête comme un seul homme et le soldat de tête dégaine son épée et la pointe vers le nouveau venu.
- Halte ! Enonce ton identité.
L'individu à la capuche dévoile son visage aux soldats et qu'elle ne fût pas la joie de Manaka lorsqu'elle découvrit ses traits si connus. De longs cheveux blonds donc les mèches en bataille encadrent son beau visage. Des yeux verts émeraudes brillant d'un éclat vif et intelligent, et en dessous un sourire confiant, presque moqueur à l'égard des soldats. Il s'agit de Toma sans aucun doute.
- Il ne sert à rien que je vous dise qui je suis vu que vous l'oublierez tout de suite.
Les yeux de l'alchimiste se mirent à briller d'un éclat presque aveuglant. La réaction des soldats suite à l'utilisation de cette vérité est presque comique. Le garde ayant sorti son épée se demande pourquoi il la pointe ainsi. Il regarde l'individu capuchonné d'un air empli d'incompréhension. Les autres gardes qui empoignent Manaka semblent perdus eux aussi, la pression qu'ils exercent sur ses bras diminue. D'une rapidité déconcertante, Toma vient toucher le front de ses victimes et se remet en face d'eux, un sourire amusé sur son visage.
- Alors, qui suis-je ? demanda-t'il avec un air presque mystérieux.
Les soldats sont immobiles pendant quelques instants, leur cerveau prenant le temps de recoller les morceaux puis ils se raidissent et saluent l'individu au manteau noir en s'inclinant.
- Toutes nos excuses votre altesse, nous ne vous avions pas reconnu. Veuillez nous pardonnez.
Ils n'ont pas l'air aussi à l'aise qu'avant lorsqu'ils ont sorti Manaka de sa cellule. L'homme blond et aux yeux d’émeraudes secoue la tête et annonce poliment :
- Ah messieurs, je vous pardonne ! Vous m'avez beaucoup amusé en ne me reconnaissant pas ! Mais je ne suis pas venu pour vous embêter, voyez la jeune liare que vous maintenez ?
Les gardes regardent Manaka de la tête aux pieds avec un air suspicieux.
- De quoi l'accusez-vous ?
Les soldats semblent déconcertés par cette révélation. Il est vrai qu'ils n'ont jamais vu cette liare commettre un délit. Pourquoi est-elle en prison déjà ? Ils se souviennent d'un jeune garçon des rues bien connu pour ses nombreux vols, surtout en ce jour de marché, voler une étoffe juste devant leurs yeux ! Mais la liare, où est-ce qu'ils l'ont vu déjà ? Ils ne s'en souviennent pas.
- Vous avez enfermé une innocente ! Et qui plus est ma servante la plus loyale, la plus dévouée à ma cause ! Vous me l'avez prise et je n'en suis absolument pas ravi...
L'air amusé disparu de son visage pour se faire plus menaçant et plus sombre. Les gardes se tendent, effrayés par cette nouvelle attitude, et libèrent aussitôt la liare. Manaka ne se fit pas prier et rejoint son mentor.
- Excusez-nous, vraiment, nous implorons votre pardon...
Et ils s'agenouillent en baissant la tête. Toma les regardent d'un air supérieur avant de soupirer et de faire un geste de la main leur indiquant qu'ils peuvent disposer. Il saisit ensuite son élève par le bras et l'entraîne vers la sortie de la prison. Ils ne dirent pas un mot avant d'être sorti, de peur de se faire repérer même si grâce au pouvoir de l'alchimiste, les gardes ne sont pas vraiment un problème.
Le soleil se lève sur Arnlo et le ciel revêt les couleurs de l'aube. Manaka se rend compte qu'elle a dû restée un bon moment dans la cellule. Alors qu'ils marchent dans les rues de la ville, la liare décide à prendre la parole :
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Toma la fixe dans les yeux et un instant elle a peur qu'il utilise son pouvoir sur elle. C'est rarement arrivé mais cet homme et tellement imprévisible... mais terriblement fascinant.
- Un individu a volé une étoffe de valeur, très prisée des nobles en ce moment. Alors forcément, ça a fait du bruit et toute la garde s'est précipité pour récupérer le malfrat. Seulement, il s'agissait d'un liare et comme ça ne court pas les rues, ils t'ont accusée à tort. T'as du recevoir un sacré coup sur la tête pour avoir tout oublié !
Manaka grimace en pensant à ça. Elle tâte sa tête à la recherche d'une éventuelle bosse mais elle ne sent rien. Toma sourit.
- Les liares ont la tête dure !
La jeune fille sourit puis elle repense à "votre altesse" du soldat.
- Au fait tu leur a fait croire quoi ?
Le pouvoir de son mentor est vraiment incroyable et aussi super fort. Ça peut paraître anodin mais manipuler les souvenirs c'est très utile et dans de nombreuses situations. L'alchimiste sourit, amusé à l'idée d'y repenser.
- Je suis un noble, très riche, connu pour posséder de nombreuses boutiques dans tout Madelle. Je suis aussi proche du conseiller de la Lady. Mais je suis réputé pour être très égoïste envers tout ce qui m'appartient et de me montrer très persuasif quand quelque chose ne me plaît pas...
Manaka se demande s'il n'a pas réalisé un rêve en faisant croire aux soldats qu'il est cet homme qu'il a inventé. Les voir s'agenouiller devant lui, se croire si puissant, ça doit être comme un fantasme. Mais la liare vient de repenser à un détail mais qui la frustre quand même.
- Et je suppose que je fais partie des choses qui t'appartiennent, vu que je suis ta servante...
La jeune fille n'est pas ravie de s'être fait considérée ainsi.
- Et bien c'est ce qui se rapproche le plus de la réalité non ?
Et il éclate de rire, se moquant d'elle. Manaka préfère ne rien ajouter car de toute façon, elle perd face à cet homme. Mais elle ne peut s'empêcher d'afficher un air énervé ce qui ne manque pas d'alimenter la moquerie de son mentor. Après ce moment plus ou moins détendu, ils partent d'Arnlo, rentrant à leur maison.
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