(#) Sujet: Le mariage est une prison qui n'a de beau que la porte par laquelle on y entre. Dim 2 Oct 2016 - 13:15
Drake & Elend
Premier Samùn, premier jour du printemps. Le jour se lève paresseusement au dessus des dunes et tu t’attardes pour admirer le spectacle. La vie peut être belle et c’est à toi de choisir si tu souhaites passer ton chemin ou t’arrêter pour la regarder et vivre un peu. C’est le choix que tu fais ce matin. Tu t’assiérais bien un instant, quelques minutes, quelques heures peut être, mais tu sais que le temps presse. Tu es attendu à la fête et tu as promis d’aider. Pourquoi ? Pour rendre service, et puis parce que le couple qui t’a recueilli te l’a demandé. Tu ne peux rien leur refuser, après ce qu’ils ont fait pour toi. Tu soupire mais pas d’agacement. C’est un mélange d’aise et d’envie de rester ici, en bordure de la fête, pour savourer encore un peu la vue et toutes les sensations que te procure le désert. Ici, tes pieds nus dans le sable encore froid, tu te sens chez toi, presque à place. En regardant l’étendue de sable ocre, tu aperçois un mouvement, comme un éclair, d’une étrange couleur bleutée. Tu plisses les yeux mais la créature, s’il y en avait une, a déjà disparue derrière une dune. Tu te demandes ce que ça peut être, il n’y a pas beaucoup de bestioles bleutées dans ce désert. Tu as entendu dire que la crête -tu ne trouves pas d’autre mot plus adapté pour définir l’espèce de coiffe sophistiquée qui orne le dessus de leur tête- des Haldaloces était bleue et ils vivent dans le désert mais ces reptiles volants n’ont rien à faire au ras du sol, si proches d’une source d’agitation humaine.
« Drake ? Bouge ! ». Cette fois ci par contre, c’est un soupir de déception. Tu vas être obligé d’y aller maintenant, tu ne peux plus faire comme si tu ignorais que ta présence est attendue. Tu jettes un dernier coup d’œil vers les dunes, cherche l’éclair bleu que tu avais aperçu mais, comme tu ne vois rien, tu finis par tourner le dos au paysage pour te rapprocher des tentes. L’ambiance est festive et cela t’arrache un sourire. Contrairement aux mariages auxquels on peut assister dans la Capitale des Namès, le blanc n’est pas de mise ici. Pas de temple, pas de prières, seulement la joie de vivre et des vêtements de peaux pour la plupart des invités. Aujourd’hui, parmi les nomades du désert, ce sont les Namès avec leur toge traditionnelle qui font tâche. Ce mariage, symbole de l’amour intense qui lie Amya et Loth, te laisse un goût amer dans la bouche. Bien sûr que tu es heureux pour eux mais … « Drake ! Approche, Sainte Mère ! Qu’as tu à rester planté là comme une âme en peine ? » crie la même voix que tout à l’heure Tu te tournes dans sa direction et lui souris avec bienveillance. Loth n’a pas conscience que tu es réellement une âme en peine. Ce jeune homme d’une trentaine d’années en paraît dix de moins, autant par son physique que par ses réactions. Il travaille à la ferme, avec toi et aujourd’hui, c’est son jour. Son innocence te fait du bien. Tu te mets en marche et le rejoins dans la tente dans laquelle il s’est engouffré.
Il est là, en plein milieu, et tiens devant lui un magnifique costume brun, le genre qui a dû coûter beaucoup de travail aux couturières mais qui donnera assurément au marié une allure digne et noble. Peut être qu’avec ça il paraîtra enfin son âge ? Tu souris et lui assure qu’il est superbe et qu’il aura fier allure avec. Le futur époux te lance un sourire narquois et réplique : « Essaie le d’abord, que je vois à quel point j’aurais l’air d’un clown dans cet accoutrement ! » Tu hausses un sourcil et le fixe mais il conserve son air rieur en te tendant le costume. « Aller, Drake ! Essaie le qu’on rit un peu ! » Tu te demandes en quoi il sera drôle que tu passes en premier la tenue du marié mais tu attrapes néanmoins l’ensemble pour le détailler de plus près. Ce cuir respire le travail bien fait ! Tu jettes un coup d’œil à ton ami, si l’on peut l’appeler ainsi. Vous avez a peu près la même carrure, ça devrait passer. Tu souris, te retourne, te déshabille et passe le costume. Tu jettes un coup d’œil a ton corps ainsi vêtu, tu dois avoir fière allure ainsi ! Cela te rappelle tant de choses …
Un temple. Un mariage. Ton air niais et béat ne quitte pas ton visage de la cérémonie. Bientôt, vous serez liés à jamais, bénis par les Dieux tous puissants qui veillent sur Madelle. Tu regardes vos mains, entourées d’une corde pour symboliser votre union puis tes yeux remontent vers Son visage. Ses cheveux blonds, remontés en un chignon compliqué, entourent un minois d’une beauté sans pareille. Désormais, elle est tienne.
Tu tousses et retiens tes larmes. Tu te forces à sourire et te tourne vers le centre de la grande tente pour montrer le résultat au propriétaire du costume. Mais lorsque que tes yeux se posent sur l’endroit où il se tenait puis sur le reste de la tente, tu dois te rendre à l’évidence : le marié s’est tout bonnement évaporé.
Le mariage est une prison qui n'a de beau que la porte par laquelle on y entre.