(#) Sujet: Re: Une solitude partagée Sam 12 Mar 2016 - 21:16
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Une solitude partagée
le 17 Asmobor 1243 avec Manaka H. Hildeguard
Sa réaction n'est peut-être pas instantanée, mais elle semble honnête. Je ne peux cependant pas m'empêcher de me sentir davantage gênée, si seulement j'étais capable d'être réellement honnête. Ne devrais-je pas me réjouir d'avoir enfin trouvé une personne qui comprend ma passion des livres, mais pour je ne sais quelle raison, mes lèvres restent closes et affichent un subtil sourire en guise de réponse. Je ne remarque pas sa gêne, je suis simplement focalisée sur mon incapacité à savoir dire la bonne chose. Je ne dénie même pas le fait que je pourrais la prendre pour une folle, c'est pourtant une occasion parfaite pour enfin me faire une réelle amie, enfin, je crois...
Je ne sais plus et ma voix reste éteinte, elle se noue lorsqu'elle me renvoie la question, puis j'ai l'impression qu'elle se brise alors qu'elle me dit qu'elle a l'impression que c'est un problème pour moi de répondre. J'aurais tellement envie de lui dire que je ressens la même chose, que les livres sont mon échappatoire, ma façon de découvrir le monde et de fuir un instant l'ombre des Mirlis. Cependant, elle revient un instant sur ma Vérité. Sûrement essaye-t-elle de se montrer amicale en la complimentant, mais en revoyant mon dernier essai, je ne peux m'empêcher que ce ne soit qu'une sorte de pitié.
Lorsqu'on a reçu un don aussi puissant que le feu, un élément imprévisible, mais si envoûtant et qui réchauffe. Avec ma Vérité, j'ai l'impression de maîtriser de la boue qui ne fait que me salir, cela n'a rien de grand ou de magnifique. Me voilà plus gênée que je ne l'ai jamais été, j'ai cette fausse impression qu'on me juge perpétuellement et l'arrivée du blond qui n'est plus à l'accueil et se dirige vers nous me tétanise. Instinctivement, je baisse ma tête et n'ose plus regarder Manaka dans les yeux et encore moins ses cornes. Je ne peux que bafouiller un vague :
- Merci.
Je relève un peu ma tête sans pour autant chercher à la regarder et m’éclaircis la voix avant d'essayer d'afficher un faible sourire pour ajouter le plus sereinement possible :
- Je passe mon temps libre à lire pour en apprendre davantage, je suppose. Fin voilà, ça m'aide à rattraper mon retard en cours et imaginer un peu l'extérieur de la forêt. C'est surtout une occupation intelligente.
Je reprends en main le livre que j'avais consulté et me lève pour le mettre sur un chariot derrière moi, fuyant un instant le regard de Manaka même si je le sens dans mon dos. C'est stupide de mentir, mais tellement plus simple. Je ne sais plus quoi faire et le blond va arriver d'un instant à l'autre. Mon corps ne souhaite qu'une chose, que je me faufile dans le rayon sur ma droite pour longer le mur de la bibliothèque pour essayer de sortir au plus vite. Pourtant, je ne bouge pas et me retourne même si je reste appuyée contre le chariot.
Fausse alerte, il semblerait que le blond n'avait pas l'intention de nous rejoindre, il s'enfonce dans une allée secondaire hors de portée de vue. Mon regard se reposa sur la Liare et l'espace d'un court instant, ce sont ces cornes que j'observe. Je ne suis pas sûre que cette rencontre soit aussi positive que je l'espérais. Il faut être réaliste, je doute qu'une telle alliance ne devienne pas le centre des moqueries très rapidement, il suffit d'un faux pas, d'une inattention, je ne le sais que trop bien.
Il est hors de question que cela se produise, j'ai toujours préféré rester seule que d'infliger cela à quelqu'un. J'évite même ma petite soeur, alors traîner avec la Liare de l'Académie, c'est impensable ! Soudainement, ce n'est plus de la gêne que j'éprouve, mais une légère peur, voire honte. Je ne peux décidément pas assumer ce genre d'amitié, malgré cela, je n'ai pas envie de la blesser, partir sans rien dire serait le plus sage... Je suis pourtant toujours là, car j'ai envie de lui dire avant de prendre la fuite
- Je te remercie vraiment pour ce que tu as dit, même si je continue de penser le contraire. Ça fait plaisir de discuter simplement avec une inconnue. J'aurais bien voulu poursuivre, mais je pense qu'il serait préférable que je te laisse.
Je ne prends même pas la peine d'inventer une excuse. Non, je n'ai pas besoin d'en rajouter. Elle comprendra très bien ma décision.
(#) Sujet: Re: Une solitude partagée Lun 14 Mar 2016 - 18:42
Une solitude partagée
Le 17 Asmobor 1243
Tu ne sais pas si elle te dis vraiment tout, si elle est vraiment sincère avec toi, ainsi qu'avec elle-même. Tu aurais aimé qu'elle puisse se confier à toi, comme tu l'as fait avec elle et aisance, mais tu te rappelles que vous n'êtes que des inconnues. Tes parents n'ont pourtant pas cessé de te dire qu'il faut faire attention avec les personnes qu'on ne connait pas. Mais ce conseil est t'il valable dans ce cas ? Adélaïde te semble inoffensive, et la façon dont elle répond te dit qu'elle aimerait s'effacer, redevenir juste une élève dans la masse de l'Académie. Enfin, ce sont peut-être que des pensées instinctives, rien ne te dit que c'est vrai. Elle est peut-être simplement timide.
Elle te dit qu'elle doit couper court à votre conversation. Tu es déçue, et affiche ton ressenti clairement sur ton visage, espérant que cela la fasse changer d'avis. Mais ce n'est qu'un espoir et tu sens sa réelle envie de partir. Elle n'est pas comme toi, elle n'est pas aussi sociable et désintéressée du regard des autres. « Bon, d'accord... » Puis tu lui souris de toutes tes dents. « Ce fût un réel plaisir Adélaïde, j'espère qu'on pourra reparler comme ça un de ces quatre ! J'aimerais vraiment apprendre à te connaître. » Tu te lèves de ta chaise, sans cesser de la regarder et de lui sourire. « Alors... à la prochaine ! » Tu te tournes lentement, feignant de faire le moins de bruit possible pour éviter de déranger le silence de la bibliothèque, mais tu avais une toute autre raison pour faire ce geste. Tu laissais du temps à la rousse pour éventuellement te rattraper. Tu ne sais pas vraiment ce que tu attends, ni même pourquoi tu fais ça. Certes, tu la trouves sympathique, vous avez beaucoup en commun, mais est-ce raisonnable de forcer quelqu'un de timide à te parler ? Elle a sûrement d'autres raisons d'agir ainsi, et il n'est pas sage de s’immiscer dans la vie privée des autres. Pourtant, ta gentillesse te dit de faire quelque chose, de décoincer cette jeune fille, pourtant plus âgée que toi. Tu ne vas pas la forcer si elle ne veut pas continuer, mais tu serais vraiment heureuse que votre entrevue dure plus longtemps.
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Adélaïde Firloe
Voyageuse
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(#) Sujet: Re: Une solitude partagée Dim 27 Mar 2016 - 16:01
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Une solitude partagée
le 17 Asmobor 1243 avec Manaka H. Hildeguard
Entendre ces quelques mots, me permettent de quitter la bibliothèque un peu plus sereinement. Je murmure un au revoir en esquissant un sourire avant de ramasser mon sac posé contre l'un des pieds de la table et mon manteau sur le dossier de ma chaise, puis je me retourne pour m'enfuir loin d'ici, évitant son regard.
Lorsque j'arrive à la hauteur du jeune qui est entré dans l'une des allées secondaires, j'accélère le pas et me retrouve rapidement dans le couloir. Je marque alors une pause. Mes affaires dans mes bras qui sont collés à ma poitrine, je pourrais presque hésiter à partir. J'ai peut-être plus qu'apprécier d'avoir rencontré cette élève, mais instinctivement, il m'est impossible d'en abuser.
Je préfère partir avant qu'on nous juge d'ami, ce sera bien plus simple, pour elle comme pour moi. Ce n'est pas ce jour-là, dans cette académie lugubre que je vais réussir à affronter les aléas et rencontres de la vie. Je préfère mille fois encore partir très loin pour me perdre dans un endroit où je pourrais être moi-même sans crainte.
Il reste encore un peu de temps avant que l'heure ne soit terminée. Avoir fui cette conversation avec Manaka me donne paradoxalement le courage d'aller m'essayer à ma Vérité dans un coin de la cour que je connais très bien pour m'y réfugié par moment. Je mets alors mon manteau et mon sac sur mon dos et me dirige vers la cour intérieure de l'établissement.
S'il n'y a personne, peut-être arriverais-je à créer une allumette avec la terre avant de retourner en cours. Mon esprit s'est déjà envolé ailleurs, préférant ignorait ma récente rencontre. Lorsque je serais de retour chez moi, dans ma chambre, j'aurais tout le loisir d'y repenser et de regretter certains gestes ou paroles.
Là, je veux simplement me retrouver toute seule, et profiter du dernier quart d'heure du semblant de liberté que je peux avoir. Je ne suis pas encore exaspérée de cette vie, cette tranquillité qui accompagne chacun de mes jours me plairait presque.
Peut-être cette Liare semblait avoir plus de points communs avec moi que je ne l'aurais cru, mais même si cela me rend bien plus curieuse à son sujet, je n'ai pas envie de m'accrocher à elle comme on pourrait le faire en pleine tempête en se jetant sur la première bouée de sauvetage, croyant qu'elle résistera à l'enfer.
J'ai un peu ce sentiment que ce n'est pas à cause d'un simple rayon de joie que la solitude qui m'accompagne va s'envoler subitement. C'est peut-être bien la première fois que je trouve quelqu'un qui pense comme moi et je ne préfère pas penser à ce qui arriverait si je m'y attache trop fort.
C'est bien plus simple pour moi de mettre de la distance et de pousser la porte de la cour qui est relativement sombre pour l'heure de la journée. Les rayons du soleil ont du mal à atteindre l'endroit et cela me semble parfait pour mon petit exercice. Désormais dehors, je laisse derrière moi mes sentiments et me retire dans un petit angle à l'abri des regards.