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Une rencontre au clair de la lune

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Rainhold Vön Bismuth

Rainhold Vön Bismuth

Espion

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Message(#) Sujet: Une rencontre au clair de la lune Une rencontre au clair de la lune Icon_minitimeLun 10 Aoû 2015 - 22:27

Sandrà, le 2 Maliéer 1247
 
Cela faisait plusieurs jours que je mettais arrêté à un manoir de noble Parlèm. La vérité, c’est que je cherchais à disparaitre un petit temps à la suite d’un malentendu sur de l’argent, une vilaine histoire. Cette histoire ne causera pas de cela. Celle-ci, c’est mon conte de noël, mon visuel nouveau, ma romance à moi tout seul. Oui, car à l’heure où j’écris ses lignes, je suis le seul à profiter de mes superbes rendez-vous. La raison ? Comme dans toute bonne histoire : jolie dame de compagnie.
Mais attention, pas la Bimbo du bal de votre oncle ou celle d’un bordel de votre cousin consanguin. Non, là je vous parle d’une Dame avec un grand « D, celle qui lors des présentations vous ridiculise devant vos maitres et vous remet à la place. Je suis arrivé dans cette ville depuis trois jours, et en trois jours j’ai vu plus de chevalier désespéré et pleurant leur échec face à cette dame que de chevaliers pleurant pour la veuve et l’orphelin, comme quoi les histoires de cœur ça fait vendre. De cœur brisé hein.
Vous savez, il m’est arrivé de croiser d’innombrables filles au cœur de mes randonnées, mais celle-ci possède une qualité rare. Ce n’est pas de beauté ou de richesse qu’il s’agit, c’est bien plus simple : je ne peux guère détourner mon visage d’elle. De qui je parle donc ? Je vais vous la présenter, mais préparer vos tissus de mouchoir, cava jazzer.
Je ne compte plus les jours où je l’ai croisé de loin. Me voyait-elle ? Je me le demande toujours, j’espère que je ne lui ai pas fait peur. Elle avait l’habitude de regarder par les grandes vitres du château et de rêver, je pense. Je pouvais la regarder des heures durant sans m’ennuyer, et lorsqu’elle disparait je ne pouvais m’empêcher de faire le contour du domaine pour la revoir. Si j’avais été un noble, je n’aurais pas attendu une seule seconde pour me présenter à elle, mais la vie m’avait fait Héléos et elle Parlèm, j’étais un espion et elle une dame de compagnie. Nous vivions dans deux mondes séparés, j’étais l’ombre et elle la lumière, j’étais la lune et elle le soleil.
 
Je me suis souvent imaginé pénétrer dans le château sous une tenue excentrique et lui demander sa main. J’étais un bien habile mensonger et je suis sûr que cela aurait pu fonctionner, mais après ? N’aurais-je pas subi le même déboire que ces prétendants ? J’aime à croire que non. À la place de cela, pour m’aérer l’esprit et en attendant de trouver une ouverture, j’allais à la rencontre de ces chevaliers qui la maudissait après qu’elle les ait rejetés. Vous savez, pour leur apprendre le respect. Ces derniers sont à l’heure d’aujourd’hui portés disparus, c’est dommage, ils étaient tellement sympa.
 
Et aujourd’hui, à l’heure où j’écris ces lignes j’ai pu la revoir. J’ai pu revoir ses fins cheveux châtains, je l’ai vu trainé avec une autre demoiselle, peu importe qui c’était, je n’ai pu regarder qu’elle. Elle marchait avec tant de grâce, que je remercie les dieux de ce spectacle. Je n’avais pas plusieurs solutions, il fallait que je lui écrive, si je pouvais entrer en contact avec elle, tout cela pourrait se concrétiser. Et ma foi, il y avait aussi cette mission de voleur un bijou dans le manoir, mais bon ça c’était pas important.
 
Je l’avais assez espionné pour savoir où était sa chambre, il n’y avait que d’une seule et unique porte depuis laquelle elle sortait le matin, la rencontrer serait la chose la plus facile. Le soir même, j’entrais discrètement dans le domaine, ce dernier était très protégé, mais rien d’insurmontable. Ma lettre avait été écrite :
Superbe lettre pas scellée :
 
Avec cela, il était sûr qu’il pourrait l’amener à la rencontrer, il y croyait vraiment. Cependant au moment où il escalada la rambarde, il se prit le pied dans un pot de fleurs et s’écrasa contre la vitre. Manque de pot, la garde et les chiens entendirent le bruit et une mise en alerte fût levée. Par chance, il s’était écrasé contre la fenêtre de la dame, cette dernière se réveillé à cause du boucan, et son regard croisa le sien tandis que son visage était complètement déformé par la vitre et que ce pot de fleurs lui avait fait atrocement mal. Sous un éclair de génie, il ne peut s’empêcher d’essayer de dire à travers la vitre et pas trop haut :
“Je suis le coursier, j’ai un recommandé pour vous  avec un bijou cadeau !”
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Message(#) Sujet: Re: Une rencontre au clair de la lune Une rencontre au clair de la lune Icon_minitimeLun 10 Aoû 2015 - 22:46

La journée avait été bien longue. Comme toutes les autres journées de la vie d’Halënya. Cependant, résignée depuis bien longtemps à sa vie d’oiseau en cage, elle ne s’en plaignait guère. Comme à son habitude, la demoiselle avait été réveillée dans la matinée pour qu’on lui fasse prendre un bain aux huiles essentielles de lilas alors qu’on tressait ses cheveux en une couronne dressée sur sa tête et attachée par des épingles de nacre, serties de perles. L’habillement aussi était un vrai casse-tête, et la dame subissait les assauts du nouage de corset par l’habilleuse avec patience, profitant de son thé matinal.

Ensuite, elle fit une promenade dans les jardins aux côtés de la Lady et joua de la harpe pour le bon plaisir des gens présents juste avant de passer à table. Les après-midis se déroulaient approximativement de la même manière que les matinées, et lorsque la Lady s’absentait pour aller discuter avec des conseillers, Halënya furetait dans la bibliothèque et finissait souvent par s’installer sur le rebord de la fenêtre, perdue dans ses pensées :
Peut-être y aurait-il un moyen pour améliorer le sort des pauvres d’Arnlos? Quelle était la durée d’un voyage jusqu’à l’autre bout du continent? Pourquoi les satanés corsets existaient-ils?

Poussant un soupir non pas malheureux, la jeune femme se rendit à son rendez-vous avec la Lady pour boire le thé et lui lire un passage du roman qu’elle avait choisi. Certes, celui-ci était un peu à l’eau de rose, mais c’est ainsi qu’Halënya se sentait aujourd’hui.

Après avoir mangé des jeux furent joué, et on retourna à ses appartements. C’était un de ses seuls moments non organisés par quelqu’un d’autre : une fois l’habilleuse partie, la jeune femme retirait ses boucles d’oreilles, ses épingles et dénouait ses cheveux qui se retrouvaient bouffants en raison de sa natte. Passant une fine robe de soie, elle se mit à la lecture de son roman avant de s’endormir.
Ce furent de grands bruits d’aboiement qui la réveillèrent, et avant même qu’elle eut pu ouvrir les yeux un son sourd mais bruyant résonna à sa fenêtre comme si on s’était cogné dedans, et ce assez violemment. Une ombre déformée à la vitre la fit hoqueter de stupeur, ramenant ses couvertures sur son menton par un excès de pudeur qui était un réflexe. Était-ce un voleur ? Ou un meurtrier ? Venait-il pour faire du mal à la Lady ?

Dans son esprit embué, elle entendit le personnage l’informer qu’il était coursier et qu’il avait un cadeau pour elle. Halënya était peut-être jeune mais elle n’était pas sotte et elle fronça les sourcils, ne croyant pas un seul de ses mots.

Elle se leva, enfila à la hâte une robe de chambre de soie d’un bleu pastel et se rendit rapidement jusqu’à la fenêtre. Elle ne devrait pas ouvrir à cet homme. Il était certain qu’il était dangereux. Quel personnage pouvait bien faire une telle entrée en plein milieu de la nuit dans le manoir de la Lady. C’était plus que dangereux.

Cependant, ce fut comme si son corps agissait en dépit de son esprit, et elle porta la main à la fenêtre avant de l’ouvrir et de regarder l’homme pénétrer dans la chambre. Faisant deux ou trois pas de recul devant l’inconnu et regrettant sa propre imbécilité, Halënya attrapa un haut bougeoir en guise d’arme et le tendit vers l’intrus.

- Qu… qui êtes vous ? Et que venez-vous faire ici à cette heure de la nuit?

Sa voix était incertaine et elle essaya de ne pas laisser ses mains trembler. Bien sûr qu’il allait lui faire du mal ! Pourquoi donc l’avait-elle laissé entrer ?

Les yeux de l’homme étaient d’un bleu presque blanc et malgré la pénombre de la pièce, elle pouvait dire qu’il était assez grand et arborait un teint légèrement blafard. Il n’était vraiment pas laid, toute somme.

Sortant de ses pensées, Halënya avisa une enveloppe qui était tombée de la poche de l’homme et s’en empara rapidement, le menaçant toujours avec l’aide du bougeoir.

- Qu’est-ce que c’est que cela ? Demanda-t-elle d’un ton inquisiteur.
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Rainhold Vön Bismuth

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Message(#) Sujet: Re: Une rencontre au clair de la lune Une rencontre au clair de la lune Icon_minitimeLun 10 Aoû 2015 - 22:53

De toute ma vie, c’était surement la journée la plus pénible que j’étais en train de passer. Tout d’abord, mon agilité chevaleresque avait été mise en déroute par un vulgaire pot de fleurs. Pot de fleurs, qui est toujours présent sur le rebord de la fenêtre attendant sans relâche de me refaire le même coup. Vil gardien tortueux de la chambre sacrée, je te casserai dès que possible !

Ensuite, la seule apparition distinguée que j’aurais pu faire pour gracier auprès de la jeune dame est… une véritable réussite ! Je ne m’expliquais pas ce fait, mais j’en étais content. Je me dépêcha de refermer la fenêtre ce qui enlevé tout le charme à son geste, mais la sécurité avant tout. D’autant quand me retournant, elle avait un bougeoir en main. Pour une noble, elle savait quoi choisir comme arme. Je n’étais pas sûr si elle voulait me planter avec après m’avoir laissé entrer ou éclairer la pièce pour une tendre discussion près d’un feu de bougie. La seconde j’espère. Il ne fallait pas une seule seconde que la garde suspecte une quelconque intrusion ou une banalité de ce genre, quelque chose de normal par nos temps. Car ceci n’était en aucun cas une intrusion, mais une visite inopinée chez une dame que je surveillais depuis des jours. Ça sonnait mieux dans ma tête…

J’étais vraiment surpris d’être rentré d’ailleurs, lorsque je la vis relever ses draps, j’ai tout de suite pensé qu’elle crierait. Et ma foi, je l’ai peut-être échappé de peu. J’aurais bien demandé pourquoi elle m’avait ouvert, mais avec la vile et tortueuse arme en main, c’était elle qui posé les questions. D’un côté, ça pouvait être pire, me dis-je. Et je m’avançai doucement, sourno, heu... royalement vers cette atypique demoiselle en lui embrassant la main. Je ne réalisais qu’au moment où elle me posait cette question, que cette lettre était la mienne, forcément. Mes talents de poète à découvert je ne pouvais risquer d’être reconnu. Surtout que je me rappelais d’une terrible erreur commise alors que j’étais fier de mon exploit d’avoir écrit un poème en commençant par presque toutes les lettres de son prénom, ce qui allait être dès plus délicats à justifier, je ne pouvais pas la laisser la lire au risque de ruiner mes exploits. Je continuais sur mon excuse de livreur qui m’avait permis d’entrer, j’étais complètement sûr que ça allait fonctionner.

« C’est pour vous très chère demoiselle nappée de bonnes traps, une lettre au tissu magnifique venant de Sir Rainhold Roswald Vön Bismuth lui-même, qui n’est d’autre que moi-même. Je vous l’aurais bien apportée plus tôt, mais j’ai eu quelque souci sous avec les gardes. Enfin le chemin, avec le chemin, un souci avec le chemin je veux dire. C’est une lettre… marquant un certain intérêt à la… à la Politique ! Oui, c’est cela, c’est un essai sur la condition des commerçants aux abords de nos frontières, mais je me souviens d’une partie brouillonne, je devrais plutôt la reprendre et vous l’apporter une nouvelle fois. »

Je la regardais nerveusement, c’était la première fois que j’étais aussi proche d’elle et que je pouvais l’admirer un tant soit peu à l’orée de la nuit, j’essayais de ne pas trop la fixer pour lui éviter un malaise.
— « Eh, c’est une belle chambre si vous me permettez. Je me demande bien combien de bijo. De bâtiments, de bâtiment ce château comporte. »
Même si la situation ne jouait pas en ma faveur, j’essayais de rester le regard le plus fixé sur ces yeux, ça devait en devenir très troublant pour elle. En faite, sans m’en rendre compte je l’avais fixé sans m’arrêter une seule fois pour regarder ailleurs. Pauvre demoiselle, en moins de 5 minutes elle se retrouve face à un inconnu la fixant de la manière des plus bizarres.

Alors que j’essayais de m’agenouiller à elle par courtoisie pour montrer l’attrait chevaleresque de ce geste, la fine élégance de mes mouvements et ne plus être braqué par une femme en tenue de nuit avec un bougeoir, bien que ceci était relativement sensuel, je pris mes pieds dans le tapis de cette chambre tombant tête baissée sur elle, la tête la première. Dans un réflexe pour la protéger, j’utilisais ma Vérité d’eau et ne put m’empêcher de « rafraichir » les vêtements qu’elle portait pour l’accompagner dans cette douce nuitée, et la rattrapant avec un tentacule d’eau pour éviter qu’elle se fasse mal avec le recoin du meuble disposé juste à côté de la vitre. En l’espace de quelques instants, j’étais sûr d’avoir laissé un souvenir impérissable de ma venue. Bien que je sois persuadé que c’était là, quelque chose qu’on vivait qu’une fois, comme les prémisses d’un amour autour d’un enterrement ou d’un tour dans un cirque ! La jeune noble venait surement d’ouvrir à la personne la plus maladroite au monde en cette soirée.

Ce que j’avais oublié, c’est quand la rattrapant, mon tentacule a légèrement effleuré les tentures, et elles sont un peu tombées sur nous, légèrement... Totalement pour être exacte. Avec un peu de chance, cela a dû passer inaperçu. J’espère du moins, ça serait fastidieux à expliquer comment une douce demoiselle a démoli son appartement en moins de cinq minutes. Après tout, se retrouver avec un inconnu dans le noir, n’est-ce pas là un rendez-vous romantique ? Je ne devais en aucun cas laisser passer cette occasion.

« Surtout, surtout, ne bougez pas. Maintenant que les rideaux sont tombés, la pièce est terminée. »

Tout cela en mettant mes mains hasardeusement n’importe où pour essayer de retrouver la lettre et pouvoir lui donner en main propre. Mais dans le noir…
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