Ainsi avait commencé le discours du roi Héléos à sa population et l’avait dit-il finit en me regardant. Car oui, c’était officiel tout, Héléos devait partir de la terre ferme à cause de la guerre. Quant à moi, c’était légèrement différent.
J’avais reçu une mission de lui :



C’était rare de voir le roi parlait ainsi, surtout me parler comme cela à moi, j’étais un espion. Certes, actuellement je « travaillais » pour lui. Il devait pourtant savoir que le sentimentalisme et moi ça faisait deux, mais bon : autant le laisser faire, c’est lui qui me paye au final. À force de travailler ensemble une certaine relation professionnelle c’était peut-être mis en place, c’était une pensée qui me traversait l’esprit ou il avait juste mauvaise conscience de m’envoyer tout seul, je ne sais où sans aucune aide. Mais le sentimentalisme est une mauvaise idée, peu importe la raison, il devrait le savoir depuis le temps et si c’était réellement cela, je lui réservais une bonne surprise à mon retour. Je suis un être d’eau moi aussi, un poisson, j’ai des sentiments !


Cependant, ma mission était claire : nous servir des humains pour nos projets. Nous ne tuerons personne, ne prendrons pas part au conflit qui s’annonce. En réalité, ils ne devraient même pas remarquer ce que nous faisons, au sens littéral : nous ne leur nuirons pas. Enfin, plus ou moins. Lors des missions il y a toujours des dommages collatéraux et j’agissais surtout de mon propre chef en cas d’échec de mission, j’avais ma porte de secours. Tout comme en cas de réussite d’ailleurs. Le pire dans tout cela, c’est qu’importe le résultat de ma mission il obtiendrait le prétexte suffisant pour entrer en action et accomplir le but initial. Tout était ficelé pour arriver au même résultat. Un génie le créateur de ce plan ! Oh ! Attendez, c’est moi-même. J’aime me jeter des fleurs pour mes plans parfaits. Dans tout cela, je n’avais qu’à assurer ma propre survie, ça ne devrait pas être trop compliqué.


Dans toute cette histoire, il n’y avait juste qu’un léger incident à éviter et si par le pire des malheurs je ne pouvais l’en empêcher, nous défendrons corps et âme les peuples victimes de cet incident malheureux, j’irais personnellement sauver la veuve et l’orphelin ! Et dans le cas contraire, je récolterais suffisamment de preuves et de témoins pour tout de même agir et faire la même chose, en fait.


Je le conçois, cela sonne comme un plan machiavélique, mais que voulez-vous ? On ne peut pas vraiment dire que le roi regarde à ma bienséance lors de mes paroles, tant que ma mission est un succès il a toujours éprouvé un certain laxisme avec moi, depuis notre première rencontre.
Si les humains se battent entre eux, nous avons-nous aussi nos propres combats à mener. Nous nous allierons aux humains pour les défendre au besoin si cet ennemi se montre plus fourbe que prévu et les attaque, c’est là notre devoir.


Ne me parlez guère de conscience, tout ceci n’est que prétexte. Voilà ce que j’avais en tête, voilà ce que je ressentais, voilà cette phrase annonciatrice de ce que j’allais commettre : un prétexte. Oui ça sonnait mal, oui ça sonnait faux, je me demandais bien ce que j’allais faire de mon côté. Devais-je avoir une morale à tenir de tout cela ? Dans tous les cas, c’était uniquement pour le bien du royaume. Nous n’étions ni barbare, ni des traitres et je n’agissais que pour le bien du peuple héléos. Je n’avais simplement que peu d’intérêt pour l’avis d’autrui et comment mes actions étaient perçues. Je n’étais pas historien, ce n’était pas à moi de définir mes actions. L’histoire est écrite par les vainqueurs, c’est tout ce que je dois avoir en tête.


C’est donc ainsi sur ces pensées que je m’étais mis en route, j’avais un itinéraire à respecter et je n’avais qu’à me fondre dans le camp contre les Récleyés. Cela nous permettrait de connaitre plus en profondeur les autres confréries, nous étions gagnants sur tous les côtés. Moi qui commencé à croire que notre Roi était un incapable, j’étais surement le plus surpris de tous. Dans toute cette histoire, il n’avait qu’approuvé mon plan, mais c’était amplement suffisant.

Il fallait juste que je me lie avec ces humains, les aidant contre leur ennemi, empêcher l’incitant et tout sera parfait.
Je croisais une troupe de soldats près de la tour Ouest, ils étaient de la confrérie des Anciens , ma mission commence aujourd'hui.