Aujourd’hui, on pourrait présenter Rainhold comme un marchand, parcourant le monde autant qu’il peut. Cependant, la réalité est tout autre, il fait partie de ce genre de famille préférant contrôler le flux des informations au pouvoir réel, agissant à l’ombre des gens, peignant de sombres desseins qui ne demande qu’à être réalisé, agissant principalement pour le compte d’autres familles ou même la royauté, l’argent étant un élément important dans cette famille. Ainsi se comporte la Vön Bismuth, véritable famille de marchands… d’information.

L’ombre qu’elle projette grandit à mesure que les gens perdent espoir en la hiérarchie, que les chefs souhaitent la guerre, qu’un chevalier veuille accomplir son devoir ou que le peuple acclame son roi. Tout n’est que prétexte pour agrandir son pouvoir. Le bon, le mauvais ? Tout ceci n’est que prétexte je vous dis ! L’histoire ne se souvient que ce que nous voulons.

Depuis son enfance, Rainhold a été formé sans cesse au « marchandage d’information » comme on dit dans le milieu, si les érudits ont la réputation de ne lâcher aucun de leurs secrets, Rainhold n’a jamais connu d’érudits dignes de ce nom. Sauf si l'on compte les muets. Mais là, ce n’est pas du jeu.

Rainhold R. Vön Bismuth a toujours connu que les alliances étroites entre membres de la cour, grandissant autour d’enfants et d’adultes auxquels il ne portait aucun intérêt n’y ne s’intégrait, sauf en portant un masque social. Cependant, ces derniers ne le remarquèrent même pas, ni ne se soucier de lui.

Sa vie insignifiante aurait pu rester telle quelle, se résumant à la plus grande tranquillité qu’un Héléos peut connaître même si le quotidien de sa famille n’était pas des plus plaisant. Cette dernière s’étant brisée dès son plus jeune âge à la suite d’un divorce et il grandit dans l’ombre de tous, n’obtenant aucun amour ni reconnaissance de sa famille, cette dernière lui ordonnant de prendre parti pour détruire l’un ou l’autre parent, lui faisant adopter une réflexion poussée sur les enjeux et les conflits en échange d’éventuelles marques d’affection qu’il ne reçut jamais. Tout en continuant à le traiter comme un gosse.

Encore trop faible pour s’imposer, il ne fit rien et finit par être abandonné affectivement par ses parents et resta vivre par défaut chez sa mère. C’était un enfant, un enfant à qui l'on avait pris le droit de vivre son enfance pour le remplacer par celui de devenir adulte directement, un enfant qui ne savait rien du monde dans lequel il vivait, un enfant naïf.

Dès son plus jeune âge, il put voir de ses propres yeux les violences conjugales, les disputes, les menaces de l’un envers l’autre, de fils envers leurs parents et inversement, personne ne s'en rendit compte, mais chaque situation restèrent gravées en lui et le changèrent petit par petit. Quelque chose en lui disparaissait, était-ce sa bonté ou sa conscience ? Difficile de savoir, mais cette chose lui permis de voir le monde tel qu’il était, non plus à travers des yeux d’enfants, mais ceux d’un adulte.

Il ne vivait plus avec un quelconque espoir de changement, résigné à accepter sa vie telle qu’elle avait été ainsi faite par les Dieux, mais il continuerait à chérir l’espoir de vivre, luttant pour sa survie, comme tout bon spécimen d’une espèce en voie d’extinction ferait.

Plus les années passèrent et plus cette famille continuait à se haïr et à se détruire, Rainhold devenant de plus en plus éloigné de toutes vies sociales et familiales, son seul contact étant les érudits qu’il payait pour son éducation, ces derniers descendant rapidement au chiffre… un. Une seule personne arrivée à capter son attention et à lui apprendre tout ce que sa curiosité demandée, une fille âgée d’une dizaine d’années en plus que lui, qu’il appelle « La petite fille pleine de sagesse ».

Car s’il y a bien une chose qu’il apprit tôt dans la vie grâce à elle, c’est qu’il pouvait avoir ce qu’il souhaitait en échange de son silence, ses parents avaient voulu faire de lui un adulte dès son plus jeune âge, le forçant à prendre des décisions odieuses, ils avaient fait de lui un être qui n’aurait aucun égard de conscience pour eux, préférant absorber l’ensemble de leur richesse par des secrets qui ne peuvent être révélé plutôt que de voir leurs hypocrites marque d’affection envers lui.

Pourtant, dès ses 12 ans, il avait notifié et acté auprès de ses parents, d’obtenir l’ensemble des possessions de sa famille, lui et uniquement lui seul. Suite à cela et à un chantage raté sur ses frères, ces derniers quittèrent la pièce énervée, ils voulaient se venger, mais ne pouvaient rien faire. C’était des couards après tout. En effet, « La petite fille pleine de sagesse » n’aurait pas toléré la moindre blessure sur son élève de la part de quiconque, elle n’avait guère une réputation de sainte, il n’y avait qu’avec Rainhold qu’elle comme cela. Toucher à son bijou, revenait au toucher, elle. Et personne n’osait faire cela.

Cependant, ils l’enfermèrent quand même et descendirent dans le salon en quête de réponse auprès de leurs parents. Il détesta ce moment, aujourd'hui encore, être enfermé dans un endroit était un moment atroce, peu importe la taille de l’endroit. À mesure que le ton haussé dans la maison, il poussait de plus en plus fort la porte, tirant sur la clinche, essayant de la brisée, mais sans effet. Ce n’était pas comme des disputes habituelles, c’était bien pire.

Les cris devenaient de plus en plus fort, des cris qui résonnaient dans sa tête, il aurait voulu avoir le silence absolu, ne pas entendre un seul bruit. À bout de souffle et faible, lui qui avait toujours voulu vivre ne voulait pas en finir là, sur ce plancher immonde, enfermé dans une chambre. Cette vie, il n’en avait pas voulu ni chérit, il voulait la tranquillité, mais ne l’avait jamais obtenu.

Jusqu’à ce qu’il la raconte, « La petite fille pleine de sagesse », c’était la seule personne qu’il souhaitait revoir. Son seul contact. Elle lui avait dit au début de leur rencontre : « Un jour viendra où tu pourras leur montrer qui tu es vraiment, ce jour-là, je t’observerais, mais je serais de tout cœur avec toi. » Il voulait leur montrer qui il était vraiment, ce qu’ils avaient fait de lui, une haine envers eux frapper  frénétiquement dans sa cage thoracique.

C’était étouffant, l’empêchant de respirer correctement. Son cœur, battant de plus en plus vite alors que ses yeux se fermèrent petit par petit, il eut l’impression de voir une femme ouvrir la porte, comme si de rien n’était alors qu’il n’avait pas réussi…

Avant qu’il ne le réalisât, cette sensation de douleur dans sa poitrine avait disparu, il avait l’impression que ses frères le suppliaient, il attendait leur voix, mais il ne comprenait pas, tandis que quelque chose de reposant circulait le long de son corps, quelque chose de reposant.

Face à un silence total et l’absence d’une quelconque douleur, il avança dans les escaliers pour voir la situation dans le salon. Il y vit les corps refroidis de sa défunte famille. Mais étrangement, cela ne lui fit rien. Il n’avait jamais connu l’amour familial, et ces êtres n’avaient jamais eu une once de sentiment envers lui.

Au milieu de ses corps un être fait d’eau se matérialisa, un doux visage féminin d’eau apparaissait face à lui, le regardant droit dans les yeux, cet instant ne dura qu’une seconde, mais semblait se figer dans le temps, alors que cette présence se rapprocha de lui, deux énormes tentacules sortirent de son corps et allèrent directement vers les corps de ses deux frères qui avait eu l’erreur de se relever, les embrochant avant qu’ils n’aient plus réalisé ce qui c’était passé, cette scène fut brève, mais ce jour-là, il aurait juré que le monde s’était bonifié.

Que justice avait eu lieu. Ce qui se passa par la suite reste un mystère, à ce jour seule « La petite fille pleine de sagesse » sait ce qui s’est réellement passé ce jour-là. Cependant, une nouvelle famille fût construite pour camoufler les meurtres. Créée de toutes pièces, sans que personne ne remarque rien, il faut dire que la Vön Bismuth n’avait pas l’habitude de se montrer en public et que le silence est d’or, ce qui facilita la transition vers cette nouvelle famille.