Un sauvetage et deux forts caractères. [Pv : Onora Ishval]

Un sauvetage et deux forts caractères.

Feat Onora Ishval
Date : 10 Ciorel 1248

Cela faisait bien un mois que j'avais découvert que l'assassin que je recherchais tant était mort. J'aurais aimé venger ma mentor moi-même mais la vie en avait décidé autrement. Mais désormais, j'étais en paix. Une partie de moi se sentait libérer et j'étais plus légère. C'est pour cette occasion que j'avais fait le chemin jusqu'aux Montagnes de Saphir et plus précisément au lac sans peur. J'avais entendu dire qu'au fond de ce lac, il était possible de trouver du saphir et je savais que ça ferait un grand plaisir à Della de pouvoir en avoir un fragment. C'est pourquoi j'étais venu jusque-là, n'ayant pas peur des monstres puisque mon métier était de les chasser.
Mais la zone était calme et ça m'inquiétait quelque peu. Les monstres avaient-ils trouvé une proie? C'est alors qu'aux abords du lac je vis une masse de monstre encerclant une jeune fille aux cheveux noirs et aux yeux bleus-grisâtre. Si je ne l'aidais pas, qu'elle réussisse à sortir de la masse ou non, elle aurait de graves blessures.
Mila a mes côtés se mit à grogner et, prenant une grande inspiration, me mit à siffler d'un son assez puissant et la plupart des monstres se retournèrent. Certains s'approchèrent et Mila se jeta sur le premier qui lui passait sous la patte, lui mordit la gorge et le laissa mourir d'une hémorragie. Je courais vers la jeune fille tandis qu'en évitant un coup à ma gauche, la lame de ma dague, pointée vers l'extérieur, se plante dans le point faible d'un monstre qui succomba rapidement. Dans un mouvement aussi rapide, je remettais mon buste droit tandis que Mila se jetait sur le monstre qui m'avait attaqué.
Je me remis à courir vers ma cible et dût effectuer une roulade pour esquiver deux coups venant de chaque côté. La totalité des monstres étaient concentrés sur moi mais ils étaient bien trop nombreux pour que je puisse tous les tuer. Même en y passant du temps, l'énergie finirait par quitter mon corps. Cette sur-masse était anormale, comment cette personne avait pu se fourrer dans un tel pétrin?
J'arrivais presque jusqu'à elle lorsqu'un monstre se mit juste devant moi. Lancer une dague m'aurait fait perdre trop de temps et m'aurais mise en danger. C'est pourquoi, sentant Mila dans mon dos, je bondis du plus haut que je le pus et elle lui sauta à la gorge le prenant par surprise. Je retombais sur la tête du monstre, perdis un peu l'équilibre mais continuais ma course en me remettant stable.
Mila me rattrapa vite tandis que j'attrapais le poignet de la fille et l'entraînais loin avec moi dans une course folle.
<Tu vas bien?> Haletais-je. Elle n'avait pas l'air des plus heureuse de me voir débarquer mais je ne m'en formalisais pas. À vrai dire je n'étais pas plus heureuse de côtoyer quelqu'un de nouveau mais c'était plus fort que moi, il avait fallu que je la sauve. Comme Cassy qui m'avait sauvée lorsque j'étais plus jeune alors que tout comme moi, elle ne voulait pas se lier avec d'autres personnes.

Qu'est ce qu'elle foutait là? Même elle ne saurait le dire. Après mure réflexion, il semblait qu'à force de vagabonder au hasard, Onora avait finalement débarqué aux abords de Ferèsis pour y trainasser de sa nonchalance naturelle et glaner un ou deux ragots de passage sur une place marchande. L'un d'entre eux, énonçait l'existence vraisemblable de pierres capables de matérialiser ses plus grandes peurs. Voilà qui était accrocheur! Néanmoins, un tel face à face n'émoustillait guère son scepticisme, contrairement aux environs du lac qui disait-on, valait le déplacement. Ainsi, la jeune fille s'y était rendue.

Mais pire encore que d'abscons rumeurs locales, ses frasques avaient commencé par l'éclatement d'une détonation ... lointaine, en hauteur, mais bien présente. Pourtant baignée par l'éclat d'un soleil bienveillant, la jeune voyageuse qui déambulait d'une paix tranquille depuis une petite heure sur les rives du lac, interrompit sa contemplative avancée pour pointer son attention en direction du foyer d'émission. Défiante, mais intriguée, Onora leva son nez en l'air, la tranche de sa main posée sur son front, suivant de son regard grisâtre une envolée d'oiseaux qui fuyait à tout hâte vers le ciel. Le climat devenait inquiétant pour pas grand chose ...

Plus bas, à flanc de montagne, une seconde détonation ne tarda à se faire entendre. Sournoisement dissimulée parmi les prémisses d'une lisière forestière, ses esgourdes tentèrent en vain d'en discerner la nature, voir même l'origine. Sans grand succès. Néanmoins, à force de trainer n'importe où, son instinct commençait à manifester quelques facultés à prédire l'arrivée imminente d'embrouilles de toute nature. Or, ses ressentiments actuels estimèrent qu'il était préférable pour son petit fessier de revenir fureter le coin lorsqu'il serait davantage peuplé de silhouettes amicales. N'ayant ainsi prévu de mourir prématurément sur une plage de montagne déserte, Onora décida de rebrousser chemin. Tant qu'elle ne parvenait à identifier cette perturbation mystérieuse, la demoiselle ne désirait en récolter le miel. Qui plus est, la jeune voyageuse avait autre chose à faire que d'attiser gratuitement un caprice du destin.

Méfiante et soupçonneuse, les amandes cendrées de la Parlèm se plissèrent sous l'incidence lumineuse, parvenant à distinguer des mouvements qui se rapprochaient parmi les broussailles épaisses ... a moins que le vent ne soit particulièrement virulent à cet endroit précis. Ses soupçons confirmés, Onora assit progressivement sa confiance sur la poignée de l'une de ses dague ... juste au cas ou, et commença à prendre la direction d'un chemin pour s'éloigner du lac se déplaçant de manière studieuse.

En observant au loin l'étendue lacustre, sa solitude était flagrante et l'horizon désert. Si quiconque survenait, elle le débusquerait de loin ... Enfin, en théorie. Puisqu'une fois parvenue à l'orée du chemin, de nouveaux bruissement plus intense à la proximité inquiétante se manifestèrent. Puis, il y eu un grognement. Onora appuya son emprise sur sa petite dague, puisqu'il ne s'agissait guère du couinement d'un lapin fuyant. La revêche demoiselle, jetant un regard noir à l'encontre d'un rocher verdoyant et de taille imposante, maugréa d'une voix implacable et menaçante:

- Quoique que ce soit, ça a intérêt à dégager!!

Une fois que son cœur eu terminé de battre la chamade et que ses nerfs placides eu repris le contrôle, ses mirettes détaillèrent d'une appréhension méticuleuse les environs. C'est alors qu'une créature de petite taille fonça tête bêche vers la Parlèm. Onora l'évita sans grande difficulté, avec, osa t-elle, le rictus d'un sourire sur ses lèvres déridées et perplexes d'être ainsi effrontément assaillie par une créature si peu imposante. Un peu comme un roquet tentant déplorablement de vous sauter à la gorge. Cependant, son rire fut de courte durée. Après qu'une troisième détonation éclatait, la faiblarde créature se mise à grogner avec une véhémence croissante, tandis qu'un genre de vague désorganisée naissait dont chacun des participants détenait la similitude d'émettre ce même grognement effréné et de foncer vers notre demoiselle, providentiellement désignée comme fautive potentielle.

Jugeant qu'une dague aussi bien placée soit elle ferait office de rognure d'ongle, Onora arrêta tout mouvement pour créer un portail qui la dirigea là où son regard voulu bien la mener. Pas bien loin en vérité ... Ce dernier se referma d'une traite une fois qu'elle eu dépassée la brèche. Néanmoins, cette esquive ne lui permit que de rejoindre un second groupe de créatures isolées qui paniquèrent à son arrivée, rapatriant ainsi le restant de la troupe qu'elle venait déplorablement tenter de fuir. Après avoir énoncé avec ferveur une tirade de jurons volubiles, elle fit gesticuler son épée de manière à faire reculer ses assaillants.

Devant un tel surnombre, Onora estima qu'il serait risible de sa part de se démener. Forcée à tailler dans le vif afin de ne pas se laisser submerger, elle chercha une issue à son dilemme. C'est donc, après avoir lancé une dague à la vélocité améliorée, qu'elle bondit fiévreusement sur le côté vers la bordure du lac pour s'écarter de la masse. Non sans mal, Onora parvint à entailler quelques bouts de chair à l'aide de sa rapière usée et ce fut à l'instant où elle se décidait à engendrer une seconde brèche qu'une silhouette l'empoignait fiévreusement par le poignet pour l'entrainer à perdre l'haleine au travers d'une interstice que sa providentielle mécène venait de percer en compagnie de ... enfin d'un ... d'un loup, ou bien d'un très gros chien ... Mais Onora les suivit tout deux sans rechigner, pas vraiment mécontente de distancer ses assaillants.

Lorsqu'elles s'arrêtèrent, Onora proféra un nouveau juron étouffé par sa respiration saccadée et lorgna cette personne qui venait de lui retirer une épine du pied. Elle fut tout d'abord étonnée de ses origines, puis de son âge qui devait être plus jeune que le sien. Une fois que celle-ci ait entonné sa question, l'égo d'Onora se fit sentir sans raison apparente. La voyageuse se braqua, probablement abasourdie et un tantinet jalouse devant cette morveuse bien plus ... préparée qu'elle ne le serait jamais. Une légère grimace déchira sa nature nonchalante, tandis qu'elle s'entichait à faire taire cet honteux sentiment d'infériorité. Il y eu alors un bref silence où la Parlém dévisagea la jeune liare de son regard impassible. Puis, une fois qu'elle eu intégrée et ingérée l'ensemble, elle maugréa d'un ton mollasson en dépoussiérant ses frusques terreuses avec fierté:

- Ouais .... Ouais ... ouais ... ça va. Merci ...

Ce dernier mot écorchant sa langue et déjà fatiguée de passer pour une empotée, Onora leva ses mirettes vers le ciel en entamant un profond soupir. Ensuite, le dos vouté et les mains efflanquées dans ses poches, elle dévisagea sans grande honte la liare. La première qu'elle croisait. Elle ne voyait pas l'intérêt de lui retourner la question. Après tout, la réponse était évidente et Onora ne tenait guère à ce qu'on lui fasse remarquer. Ainsi, elle décida de se murer dans son scepticisme, et y fit des progrès sensibles. Allait-elle lui réclamer une contribution pour service rendu? Cela ne serait guère une première et le pauvre bougre avait probablement fini éclopé pendant une semaine. Néanmoins, ce dernier était moins bien constitué et armé que la jeune fille que la Parlem avait pour interlocutrice ...

- Mais dit moi ... Je suppose que ... tu es à l'origine de tout ce bordel? ... N'est ce pas?

Avait-elle alors lancé à volée, après l'avoir jaugé d'un air faussement suspicieux. Loin d'être persuadée que cette jeune liare soit à l'origine des étranges détonations qui avaient retenti plus tôt et éventuellement fait paniquer les créatures qui l'avaient assailli. Mais, Onora désirait voir sa réaction à ce sujet. Or, selon Mira, le meilleur moyen de recevoir une once de vérité de la part d'autrui était de le braquer. Certes, ce n'était pas bien malin, mais Onora n'ayant guère ce genre de prétention, s'en foutait sincèrement.

Un sauvetage et deux forts caractères.

Feat Onora Ishval
Date : 10 Ciorel 1248

Une fois que nous nous fûmes arrêtés, la jeune femme poussa un juron. Je me questionnais sur la nature de ce juron. Était-ce sa façon de nous remercier? Était-ce parce qu'elle avait eu peur? Était-ce parce qu'elle était hors du pétrin et c'était donc ça façon de soupir de soulagement? De ce que j'en avais vu, elle restait bonne combattante mais malgré tout j'avais eu peur pour elle.
Je maudis cette dernière pensée. Sohan me déteignait dessus c'était exaspérant. Je n'étais pas sensée être la gentille qui sauvait tout le monde moi! J'étais quelqu'un de cruel, il ne me ferait jamais redevenir comme avant puisque la lueur dans mon regard ne s'était jamais rallumée. "Crois-y et la lueur de ton regard se rallumera." Me disait-il. Cette lueur, il l'avait vu s'éteindre avant que l'on se mette ensemble. Je me demandais encore comment j'avais pu tomber amoureuse de lui. Non seulement j'avais fait l'erreur d'aimer de nouveau tout aussi fort que par le passé mais différemment. Mais en plus, je faisais des cadeaux à son apprentie! J'aimais de plus en plus de monde! Ça n'allait pas du tout!
En parlant de cadeau, je devais toujours ramener un éclat de saphir à Della! Pourquoi je pensais ainsi? Comment avais-je pu changer autant? Pourquoi, lui, je ne l'avais pas fait fuir comme les autres? Si. Je l'avais fait mais il avait persisté. Alors pourquoi? Pourquoi n'avais-je pu m'attacher à personne alors que lui, il était arrivé tout pimpant de bonheur et avait bouleversé toute ma vie. Il m'avait poussé à croire ce que je m'étais mise à renier pour ne plus souffrir. Je finirais par souffrir tôt ou tard et je le savais. Tout le monde finissait par mourir autour de moi! Toujours. J'étais cruelle d'aimer de nouveau mais c'était le cas.
Je secouais la tête, je m'éloignais de la question principale. Pourquoi avais-je aidé cette fille? Une petite voix me souffla : "Parce que dans le fond tu n'es pas si mauvaise. Tu existes encore sous ta carapace." Cette pensée m'agaça. Je ne voulais pas. Je voulais me protéger et rester forte. J'arrêtais tout bonnement de penser et observais la jeune fille qui répondit enfin à ma question. Mais elle n'avait pas l'air très heureuse d'avoir été secouru. Je la vis lever les yeux au ciel et elle soupira. Bon et bien cela répondait à ma question : "Était-ce parce qu'elle était hors du pétrin et c'était donc ça façon de soupir de soulagement?" Elle savait soupirer donc elle ne jurait pas.
Je me rendis compte que mes réflexions devenaient débiles. Littéralement stupide. Sohan me déteignait réellement dessus!
«Mais dit moi ... Je suppose que ... tu es à l'origine de tout ce bordel? ... N'est-ce pas?»
Je la fixais, littéralement incrédule. Je rangeais mes dagues contre mes poignets, dans leur mécanisme et levais les bras, tournant lentement sur moi-même. Je m'empêchais de sourire de sorte qu'elle ne se vexe pas de son idée un peu stupide à mes yeux et lui répondît gentiment malgré mon envie de me moquer :
«Est-ce que j'ai l'air de pouvoir attirer autant de monstre au même endroit? Je n'ai pas la moindre arme bruyante sur moi. De plus, je n'aurais pu les attirer dans un lieu où je n'étais pas. J'ai juste pu constater qu'il n'y avait pas de monstres à l'endroit où je me trouvais et que c'était assez étrange pour un lieu réputé dangereux. Jusqu'à ce que, longeant le bord du lac, j'aperçoive cette horde. Je t'ai vu une fraction de seconde entre deux têtes et malgré tes talents de combattantes, j'ai jugé qu'une aide extérieure ne serait pas de refus.»
Mila qui n'avait pas bougé me fit comprendre que l'aura de la jeune femme ne virait pas au rouge. Je n'avais donc rien à craindre d'elle pour le moment. De toute manière, je connaissais les significations de chaque geste de ma louve. Pour les autres ses mouvements d'oreilles pouvaient signifier tout et n'importe quoi alors que chacun était spécifique à quelque chose. Personne ne la voyait bander ses muscles mais moi si. Parce que je la connaissais depuis longtemps mais tous les loups étaient différents.
Je me tournais sur ma gauche et fixais l'horizon. Je me demandais qui avait bien pu provoquer ce regroupement. Étant donné que la jeune fille m'accusait, ce n'était pas de sa faute. Mais les évènements étaient des plus anormaux. Je supposais d'après mon expérience de chasseuse de monstres que ces monstres étaient téméraires et attaquaient tout ce qui semblait être doté de la vie. Il était donc fort probable qu'ils aient été vers les détonations mais avaient fait halte en voyant la jeune fille.
Je me demandais désormais si la personne à l'origine du coup de feu cherchait à les attirer ou à se défendre? Dans les deux cas, il n'y avait plus de détonation et il restait deux solutions. Soit elle avait fui et je n'allais pas me mettre à la pister car les lieux étaient sacrément dangereux pour le moment. Soit elle était morte ou pas encore mais le temps que Mila, bien plus rapide que moi, arrive, elle serait déjà morte car nous étions assez loin.
Je me tournais donc vers la Parlèm, cessant ainsi de m'inquiéter puisque je ne pouvais rien faire. Je me dis qu'il serait bien de faire les présentations maintenant que nous étions ici. Après tout, on aurait tout intérêt à entendre un petit quart d'heure que les choses se calmes. A moins de faire un détour mais je voulais absolument du saphir pour Della.
«Je m'appelle Azée et voici Mila, mon acolyte. Cette louve et moi sommes chasseuses de monstres. Sans vouloir être indiscrète, puis-je savoir ce qui t'amène par ici?»
Je conservais un ton poli mais je n'étais pas très à l'aise. Je faisais des efforts même si je n'en avais pas envie. J'essayais de changer pour Sohan même si ça me déplaisait. Alors pourquoi je le faisais? Je ne me comprenais plus moi-même. J'aurais été tellement plus à l'aise avec mon ton cruel. J'aurais été tellement plus à l'aise si je lui avais dit : "Bon, essaye de ne pas te mettre dans le pétrin cette fois-là, car je ne te sauverais pas deux fois. Je suis chasseuse de monstres mais je n'ai pas que ça à faire. Si je tue tous les monstres de ces lieux j'en ai pour deux ans alors ce lieu restera réputé pour sa dangerosité. Adieu." Je savais au plus profond de moi que j'avais réellement changé. Que je n'étais pas encore la plus gentille des filles mais que j'étais déjà moins antipathique même si en fin de compte je n'aimais pas ça car j'avais peur de souffrir. Je ne pourrais jamais changer. À la moindre douleur je replongerai. Au moindre énervement, je replongerai. Si je me braquais je replongerais. Alors j'essayais de faire des efforts. Encore et toujours pour Sohan.

Onora éclata de rire. La réaction espérée par ses dernières palabres avaient eu finalement l'effet tant escompté. Qu'il était aisé de faire surgir la nature profonde d'autrui, d'autant plus lorsque la personne en question était dotée d'une grande gueule, bien que ce dernier détail ne déplaisait guère à la Parlèm. Tant de condescendance était amusant, mais des types mal lunés ou pas bien nets, parfois même les deux, qui entreprenaient des périples viciés ou complétement décalés de la réalité, la Parlém en avait croisé plus d'un. Il était donc tout naturel que cette dernière soumette cette interrogation. Au moins, Onora savait où se rendre avec cette liare, à moins que celle-ci ne sache réellement se dissimuler, ce dont elle doutait profondément songea t-elle en la lorgnant déambuler sous ses mirettes ébahies. La liare semblait inapte à distinguer que son point de vu, la corpulence fuselée, musculeuse et athlétique digne des plus sombre assassins de cette jeunette fleurissante ainsi que ses dagues aussi crochues que le croc d'une vipère ne pouvaient représenter rien d'autre qu'une menace potentielle pour la voyageuse simplette qu'elle aimait se désigner ainsi. Ce qui faisait d'elle une suspecte naturelle, sinon une alliée temporaire, ou voire une non-ennemie vraisemblable, mais rien de plus. Avait-elle donc un trogne à s'attirer les ennuis? Oui! Et même à leur courir après. Néanmoins, Onora n'éprouvait guère le désir de la contredire ...

- Fagotée telle que tu es ma mignonne, en effet tu n'es qu' innocentable. Mais oublie donc mon aigreur, ton intervention m'était providentielle.

Prononça t-elle franchement et sans vergogne avec un petit sourire docile. Ses mains fourrées dans ses poches, Onora ne doutait pas d'avoir dénicher sur un joli petit lot. Elle soupira une nouvelle fois en levant ses mirettes vers le firmament: cette liare paraissait se tenir au moins en aussi grande estime que ces sacs à foutre de nobliaux, probablement dénuée soit de toute raison, soit de la faculté de voir plus loin que son bout de nez engraissé. En était-elle? Qu'importe, puisque la Parlèm ne pouvait qu'être indécise vis à vis de cette ardue décision. En effet, contrairement à ces derniers, notre pauvre voyageuse en loque ne détenait nullement le don de clairvoyance. Dans un autre monde peut être? De toute manière, comment une simple d'esprit telle qu'Onora pouvait juger du bien fondée et du fondement de la logique raisonnable qui la poussait forcément à réagir ainsi? Non, ce genre de pouvoir, elle le léguait au plus érudit qu'elle ...

Quant à ce qu'elle affirmait pour se justifier de son accusation volontairement vaseuse, Onora considérait les preuves de la liare presque sans grand fondement. Le son aurait tout autant pu être d'origine magique, ou provenir d'un dispositif explosif à mèche, par exemple, permettant à l'investigateur de s'éloigner suffisamment pour éviter les éclats. Néanmoins, la Parlem n'alla guère contredire la liare de ces détails futiles n'étant rien d'autres que des suppositions. Il ne fallait point effaroucher notre petite princesse et Mira avait toujours insister sur le fait qu'il ne fallait jamais omettre que les Grandes Âmes avaient forcément raison, ou en tout cas plus qu'elle.

Finalement, Onora n'était guère déçue de ce détour, mise à part qu'elle commençait à songer à se délester de cette péteuse présence qui ne saurait qu'attiser sa profonde amertume si cette dernière n'était pas suffisamment avisée pour voir plus loin que son bout de nez. Néanmoins, décroisant les bras, elle déplaçant son centre d'équilibre d'un geste de ses hanches et toléra de poursuivre la discussion .... adoptant une attitude molle et passive, doutant de pouvoir construire une conversation pourvue d'une once de fertilité et lassée de la nature mielleuse d'autrui, et cette Azée ne semblait guère sortir du lot.

- Ah okay, salut.

Entonna t-elle sobrement en s'efforçant d'émettre un sourire poli à la jeune fille qui se tenait fièrement devant elle, penchant sa tête en émettant ces mots. Puis, après un petit silence, Onora consenti à se présenter à son tour.

- Ben moi c'est Eva. Je suis là en touriste.

Elle eu un faux sourire fermé et haussa conjointement ses mains et épaules, ses paumes tournées vers le ciel, en grognant dans sa barbe. Onora ne voyait pas en quoi elle devrait décliner sa véritable identité et de toute manière, cette action ne lui serait que peu répréhensible. Quant à sa présence, ses paroles n'étaient autres qu'une vérité détournée dont la signification authentique se résumait à errer sans but officiel, si ce n'est de profiter de la beauté d'un monde qu'on lui avait que trop longtemps dissimulé et prohibé. Puis, jetant un regard sur le lac et entonna:

- Et toi? Partagerais tu le désir commun des bas rêveurs d'arracher une pierre factice aux bas fonds de la vase? Ou viendraistu pour de plus nobles raisons?

A ces mots, la sceptique Parlem eu un petit sourire moqueur qui ne s'adressait à personne, sinon à soi même, évidement inconsciente des desseins de son improbable interlocutrice.

An infinite road extends in front of me.

La jeune fille en face de moi éclata de rire sans raison apparente. Je repris un visage indifférent mais un peu dur. Elle commençait déjà à me taper sur le système tiens. Sohan qui me disait de faire des efforts et blablabla je m'en moquais en fin de compte. Je n'avais pas envie de redevenir la jeune fille que j'avais été. Je n'aimais pas les gens. Je ne voulais pas qu'ils s'approchent de moi point à la ligne.
«Fagotée telle que tu es ma mignonne, en effet tu n'es qu' innocentable. Mais oublie donc mon aigreur, ton intervention m'était providentielle.»
Je relevais un sourcil, prenant un air blasé. C'était quoi ce langage? Elle venait de la "haute" ou quoi? Et qu'énonçait-elle comme fait? Me prenait-elle pour une de ces filles de joie? J'avais une folle envie de décrocher de mes lames et de la tuer là, maintenant avant qu'elle ne se rende compte de quoi que ce soit. Mais je me retins et n'en montrais rien. Je jetais un coup d'œil à Mila et lu dans son regard qu'elle ne portait pas plus cette fille dans son cœur.
«Ah okay, salut.»
Quoi c'était tout? Je me présentais et c'était tout ce qu'elle me disait? Avec un changement de langage radical en prime. Je ne savais pas qui était là mais, j'avais sérieusement envie de la laisser aux monstres voir de faire exprès de les attirer. Je ne montrais toujours rien, ayant seulement un air blasé. Elle se forçait à sourire. Elle ne m'aimait pas, elle avait une basse opinion de moi. Très bien. C'était réciproque.
«Ben moi c'est Eva. Je suis là en touriste.»
Mensonge. Un pressentiment, sa façon d'agir me prouvait qu'elle me mentait. Je haussais les épaules. Je m'en foutais. Elle aurait pu s'appeler Gertrude, Maribelle, Etoglite, Ellie que ça ne m'aurait rien fait. Mais bon puisqu'elle le désirait j'allais l'appeler Eva. Ou pas en fait. Je n'avais aucune raison d'utiliser son faux-prénom et je ne la reverrais sûrement pas de si tôt.
«Et toi? Partagerais-tu le désir commun des bas rêveurs d'arracher une pierre factice aux bas-fonds de la vase? Ou viendrais tu pour de plus nobles raisons?»
Et bien voilà! Sauvez des gens et ils reviennent à des critiques! Il allait falloir que je fasse comprendre définitivement à Sohan que je ne ferais plus d'effort. Que j'étais une assassine peu importe la race, l'espèce et que ça ne changerait jamais. J'avais un sale caractère et ça n'allait pas changer. Je grinçais des dents :
«Oui je viens effectivement chercher une de ses pierres pour la tailler et l'offrir à une jeune fille qui n'a pas encore la possibilité de voir d'elle-même les merveilles de ce monde. Crachais-je. Après, il est en effet clair que je ne suis pas noble. Sinon je n'aurais pas autant de sang sur les mains. C'est vrai. J'ai tué ma famille, j'ai tué ma mentor. (J'eus un sourire sadique. Pour moi c'était la même chose. Le fait que je n'ai jamais pu les sauver c'était comme si je les avais tués. Et oui je sous-entendais que je pourrais peut-être avoir son sang à elle sur les mains si elle continuait avec ses sarcasmes.)[/color] En revanche, j'aurais pu aller l'acheter cette pierre mais c'est plus intéressant de venir directement ici et de faire mon boulot de chasseuse de monstres. Ça me répugne de sauver des inconscient mais bon on va dire que j'ai encore un peu de cœur. Et toi ma jolie menteuse, viens-tu réellement en touriste? Appelles-tu cela une noble cause?»
Je me fichais de la réponse. Je ne l'aimais juste pas. Mila tiqua et je me préparais à sortir mes lames. Mais tout compte fait, je n'avais même pas envie de l'écouter. Si je restais avec elle, je finirais sûrement par la tuer. Je m'en allais sans même attendre sa réponse, passant à côté d'elle, lui frôlant l'épaule et me dirigeant vers le lac même s'il restait sûrement pas mal de monstres. Je saurais m'en tirer c'était mon boulot après tout. Je guettais le moindre son et Mila assurait mes arrières.
W.B

Touché! Mais la dernière remarque d'Onora était facile, il faut en convenir. Et pourtant ... Quelle susceptibilité! Quel manque de flexibilité! Pourtant, il n'y avait jamais rien eu de mesquin dans ses intensions ou ses paroles, mais son interlocutrice pouvait librement persister à voir et à entendre ce qui n'existait pas. C'était pas divertissant, juste foncièrement intrigant. Oui, rien de personnel malgré tout, mais il lui était toujours cocasse de l'observer fulminer dans tout les sens, tandis qu'elle s'efforçait vainement de se démontrer indifférente. Qu'est ce donc l'indifférence? Une marque de distance, d'apathie et de stoïcisme. Et non, cela ne va pas de concert avec des menaces ouvertes, des excès colériques et capricieux ou l'aveux improbable d'un CV bien l'huilé. C'est que la petite princesse effarouchée par un petit moucheron perturbateur avait été blessé! A quand le départ émouvant et les pleurs? Premier soupir ....

Mais à quoi elle s'attendait? Qu'on la caresse dans le sens du poil alors que cette impertinente lui crachait dessus dès le départ du haut de son éminence clairvoyance? Dans quelle dimension elle évoluait? On n'ouvre pas son bec acerbe pour être condescendant, si on ne possède pas l'aplomb de se manger le revers de la médaille sans broncher. Mais attention à ne pas confondre sale caractère et le fait d'être une morveuse soupe au lait. Ce qui était le cas présent. Mais qu'on la laisse se borner à son univers limité par la susceptibilité, Onora s'en lavera volontiers les mains!

Et pourquoi elle lui rabâchait sa vie? Truc et Machin? Elle est pas noble? Et alors? Tant mieux! Jamais, Onora n'aurait eu l'envie de lui soumettre la question tellement cette perspective lui conférait des frissons. Néanmoins, c'est dommage, cela aurait expliqué tant de chose. Oh! Mais, attendez ... aurait-elle pensé trop fort? Mince alors mais quelle force d'acuité! La liare était donc omnipotente! Qui l'eu cru?

Et allez que miss monde nous fait partager une nouvelle fois sa grande lucidité. Oui! La vilaine Onora avait menti! Quelle audace! Mais quelle fougue! Lorsqu'on aime pas les gens, la réciproque est vraie. Etrange non? Elle haussa de concert ses mains et ses épaules en ricanant dans sa gorge, en se demandant s'il serait de bon ton de ponctuer cela par une roulade ... Oui! En effet, c'était de l'indifférence! Enchantée! Non, il n'y avait que cette liare pour prendre du mauvais pied des détails obsolètes, parce que cette situation était tellement incroyable et inespérée que ça en devenait férocement burlesque.

Et allez, la voila qu'elle sort ses vilains coupes-papiers puisque son univers limité ne lui permettait de réagir que de cette manière. Et, surprise! Onora lança alors un nouveau soupir! Parce qu'elle aussi s'était résolue à se limiter à une tentative désespérée de pouvoir comprendre les mécanismes qui régissaient le monde de sa petite princesse de frayeur qu'elle prenne la mouche pour des futilités grandiloquentes. Ah ... C'était déjà le cas? Continuons donc cette conversation grotesque par la vision tout aussi saugrenue d'Onora exécutant une roulade dans la herbe en lançant des fleurs vers un firmament étoilé en pleine journée ...

Néanmoins, attention la discussion tentait de redevenir sérieuse! Une noble cause? Mais qu'est que la Parlèm pouvait bien en avoir à fouttre? C'est adorable dans les grandes lignes, mais ça relève uniquement d'un pathos les plus chiant. Mais certes, ça possède l'avantage de pouvoir s'afficher. Regardez cette noble cause, elle a sauvé la vie d'une étrangère consentante et va chercher une caillasse au fond d'un lac pour une enfant malade! Mais comment cette idiote d'Onora pouvait-elle comprendre la noblesse d'âme de cette liare? Généralement, lorsqu'on tente déplorablement de lacérer le dos d'autrui pour des futilités c'est le genre de compréhension qui vient difficilement. Mais non, Onora n'avait pas besoin d'une noble cause pour se sentir bien dans ses frusques terreuses. L'avis d'autrui sur ce qu'elle faisait ne lui importait guère, et s'il lui fallait une noble cause pour trouver un raison de vivre, elle avait pas fini de chercher. A moins qu'elle ne se mette au tourisme écologique? Mais ça encore, c'était trop facile.

Finalement, Onora secoua la tête et arrêta de s'imaginer en train de lancer des jonquilles multicouleurs, puis haussa les épaules en esquissant un rictus grimaçant marque d'un mépris sincère et lui tourna le dos pour reprendre sa route, en arrachant une à une les pétales d'une fleurs: '' elle aime? Un peu? Beaucoup? ...'' puisque terminer cette conversation demeurait l'unique marque de bon sens qui avait effleuré ce duo de grandes dindes.

» L'hiver à Mirlis
» Entre deux eaux
» Une promenade, deux caractères ressemblants et une amitié sans différence malgré les grades. [Pv : Miradelphia]
» Ballade nocturne [PV Onora]
» Box de mes deux cornes D:

Un sauvetage et deux forts caractères. [Pv : Onora Ishval]

Un sauvetage et deux forts caractères. [Pv : Onora Ishval]

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