Rien ne se produit, le livre ne se met pas à parler tout seul, aucun mécanisme ne se déverrouille. Marissa se sent un peu stupide de ne pas comprendre la tactique de Sarandiel, il faut dire qu'elle n'a jamais été une grande intellectuelle. Il n'y a bien que pour Nubia qu'elle est prête à passer des heures au milieu des livres poussiéreux. Si ce n'était pas pour une cause aussi noble que de sauver le dragon, elle aurait abandonné cette quête depuis bien longtemps.

Alors que Sarandiel lui demande comment procéder, l'arvèles est un peu mal à l'aise, mais elle n'a jamais eu honte de dire qu'elle ne savait pas et cela ne va pas changer aujourd'hui. Elle reprend en main le petit volume qu'elle avait pris en échange du journal intime et répond à Sarandiel :

- Désolée, mais je ne m'en sens pas capable. Je suis passée complètement à côté des symboles et les écrits j'ai déjà tenté, c'est à peine si je comprend un mot sur deux. Ce livre recèle surement des secrets inimaginables, mais il n'est clairement pas à ma hauteur.

Elle préfère se plonger dans l'index du volume qu'elle a en main. Alors qu'elle le parcourt elle pense à voix haute :

- On pourrait peut-être demander à un des bibliothécaires.

Elle relève la tête en se rendant compte qu'elle a parlé tout haute et rajoute :

- Ils doivent connaître un minimum leur fonds. Je n'ai pas osé leur demander des informations précises, parce que je ne voulais pas attirer l'attention, mais j'ai l'impression qu'on cherche une aiguille dans une botte de foin.

À ce moment, son regard croise un chapitre très intéressant dans le petit volume qu'elle tient dans ses mains "Le diplomatie des Gardiens, leur combat pour la nature". Elle fait défiler les pages à toutes vitesses entre ses mains et parvient à arrêter la cadence plus ou moins où il faut. Quelques pages en arrière elle trouve le fameux chapitre. Il ne lui faut que quelques instants pour trouver un semblant de piste :

- Ha c'est intéressant ça ! Hm...

Elle lit intérieurement en diagonale pour aller plus vite. La plupart des informations sont superficielles, rappelant les origines du combat des Gardiens pour les animaux et la flore. Puis vient enfin une sous partie qui intéresse grandement Marissa. Ses yeux s'élargissent, son doigt glisse sur les feuilles au rythme de sa lecture. Ce n'est pas grand chose, mais c'est déjà une piste. Elle explique à Sarandiel :

- Il semblerait que les Gardiens ont été très présents lors de la grande purge des dragons par ma confrérie. Alors que les humains essayaient de les chasser de leur territoire, les Gardiens les ont protégé et c'est pour cela qu'on retrouve quelques races de dragons dans la forêt et les marais.

Marissa se rend compte qu'elle n'a pas révélé sa confrérie à Sarandiel. Ce n'est pas quelque chose qu'elle aime crier sur tous les toits. Loin d'elle l'idée d'avoir honte des siens, mais elle n'a jamais trouvé important de se qualifier en tant qu'arvèles auprès des gens qu'elle côtoie. Mais Sarandiel s'est livrée à elle avec une facilité déconcertante qui pousse Marissa à en faire de même :

- Je suis de la confrérie des Arvèles au fait... Mon peuple a un passé plutôt sombre avec les dragons. Là-bas si tu ne rentres pas dans l'armée, tu es facilement mis en marge de la société, mais je ne dois rien t'apprendre. Enfin bref, c'est plutôt rassurant si les Gardiens ont déjà aidé les dragons par le passé, peut-être seront-ils prêts à aider Nubia.

Elle referme le livre en gardant son majeur à l'intérieur pour ne pas perdre l'endroit où elle a trouvé ces informations et ajoute :

- Ca se trouve je m'inquiète pour rien... Peut-être qu'en allant directement les voir avec Nubia ils comprendront la situation... T'en penses quoi ?

T'es plongée dans le carnet, écoutant d'une oreille distraite Marissa. T'y peux rien, il t'intrigue ce bouquin. Tu grimace légèrement quand tu te coupe le bout du doigt, mais t'y fais pas trop gaffe par la suite. Tu l'essuie juste un peu pour pas qu'il tâche les pages et tu continue à le feuilleter. Rien d'intéressant honnêtement, tu lis juste qu'il a rencontrés les Anciens et qu'il leurs a parlé quelques fois, mais c'est tout. Il ne fait aucunement référence à comment en rencontrer un. Soupirant, tu pose ton regard sur ta vis-à-vis quand elle prends la parole.

Elle ne s'en sent pas capable et tu peux tout à fait comprendre le sentiment. C'est pourquoi tu la rassure très vite sur cela, un sourire doux aux lèvres.

- Pas de soucis ne t'en fais pas. Je vais m'y coller en ce cas, ça ne me dérange pas du tout. Même si je doute qu'il raconte quoi que ce soit d'intéressant. J'ai parcourue la moitié des pages en prenant des notes et il ne raconte rien d'intéressant. Je vais continuer au cas-où, sait-on jamais.

Tu hoche légèrement la tête alors que tu jette un regard noir au livre. Un air bougon sur les traits, t'as presque envie de lui hurler de te révéler tes secrets. Mais à moins de te faire ressembler à une cinglée, ça va rien t'apporter, donc tu t'abstiens... même si l'envie, elle, est là. Une moue aux lèvres, tu souris vaguement en entendant Marissa dire qu'elles devraient demander de l'aides a un bibliothécaire. Tu as presque envie de rire, mais te retiens. Tu lève la tête alors que tu explique, doucement, pourquoi c'est une mauvaise idée.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Les bibliothécaires n'en ont peut-être pas l'air, mais ils pourraient nous apporter des ennuis s'ils savent pourquoi ont étudies tous ces livres devant nous. Je n'ai pas confiance en eux et ce, depuis le tout premier jour où je suis venue ici. Ils sont hypocrites, ils paraissent tout gentil comme ça, mais derrière le dos des gens ils parlent. Et beaucoup. Alors peut-être que je suis parano, mais si jamais ils en parlent autour d'eux, ça ne va pas nous apporter des ennuis ?

Tu grimace légèrement alors que tu te frotte la nuque. T'hésite alors que tu lui raconte ça. T'as pas tout dit, t'en as conscience, mais ce que tu t'apprête à révéler est vraiment lourd à porter pour toi.

- J'ai, ehm, entendu un bibliothécaire parler, un jour que je venais lire un livre. Il a dénoncé quelqu'un venant prendre des renseignements. Un ancien esclave. Qui aurait volé des bouquins dans la bibliothèque. Sauf que je sais que c'est faux car, le livre en question, j'ai vu le même bibliothécaire le jeter dans un feu la veille de son action. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça, mais le résultat en est que, maintenant, le gars en question purge une peine de prison pour un crime qu'il a pas commis. J'ai essayée d'expliquer ce que j'avais vue, mais personne n'a voulu me croire. J'ai abandonnée au bout de deux semaines.

Tu baisse légèrement les yeux alors que, penaude, tu termine de raconter ton histoire. Ce que tu n'as pas dit, c'est que c'est arrivé à quelqu'un que tu connaissais de vue. T'en es venue à penser que c'était peut-être de ta faute. Après-tout, tu avais à plusieurs reprise remarqué le regard du bibliothécaire vers votre coin. T'avais l'impression qu'il cherchait peut-être des secrets que vous cachiez et tu le soupçonne d'en avoir trouvé un sur ton ami et qu'il lui ait fait du chantage. Alors que tu te morfond intérieurement, t'entends Marissa pousser une exclamation et parler vivement.

Tu redresse la tête, surprise, car c'est la première fois que tu l'entends s'exprimer ainsi. Pendant ta tête à droite et à gauche, tu essaie de deviner ce qu'elle a, peut-être, trouvée. Puis elle se met à parler. Oh, enfin des informations intéressantes. Un sourire ravie étire tes lèvres alors que tu encaisse toutes les paroles de ta vis-à-vis. Puis elle enchaîne. Une Arvèle, hein ? T'es plutôt contente d'en connaître une, t'en avais jamais rencontrée avant et ça te fait super plaisir qu'elle se confie ainsi à toi. Un grand sourire s'étire sur ton visage alors que tes yeux, pétillants comme des pierres précieuses, se mirent sur Marissa. Puis, un détail t’interpelle. Se rendre à la rencontre des anciens ? Hum, oui, ça pouvait être une bonne idée. Tu hoche ainsi la tête en approuvant avec un grand sourire.

- En effet, ça peut être une idée intéressante et ça nous éviterait de chercher inutilement dans toutes ces piles de bouquins devant nous. Est-ce que tu permettrais que je vous accompagne ? Ça me rassurerait, en fait, de savoir que je peux être là pour vous protégez, s'il arrive quelque chose. Pas que je pense que vous en êtes incapable, mais j'ai appris à te connaître et je t'apprécie beaucoup.

Tu souris en disant ces mots, la main sur le coeur en signe d’honnêteté. Tu espère sincèrement qu'elle dira oui.

- Hm, avec tout notre attirail, on peut difficile passer pour des érudites, t'as raison, on va bien finir par trouver.

Sarandiel a l'air de vouloir ajouter autre chose. C'est étrange qu'elle vienne aussi souvent si elle n'a à ce point aucune confiance envers les bibliothécaires. Ce doit être une passionnée de littérature pour ainsi se perdre des heures dans cet endroit bien qu'il soit mal fréquenté d'après ses dires. Cela étonna Marissa qui l'imaginer en tant que chasseuse courant au milieu de la forêt avec Lucy. Mais ce n'était rien comparait à l'histoire qu'elle lui raconta et qui la laisse sans voix.

L'arvèles continue sa lecture, entraînée par les quelques lignes qui parlent des liens historiques entre les Gardiens et les dragons. Il faut qu'elle partage cela ! La réponse de l'héléo lui coupe définitivement la voix. Marissa est si peu habituée à rencontrer d'honnêtes gens ayant la main sur le cœur. Elle garde le bouquin en main, son doigt toujours glissé au milieu des pages en se relevant. La chaise grince contre le sol :

- Dans ce cas c'est décidé, on part à l'arbre de Vie.

Prise par excitation et aussi parce qu'elle cherche à dissimuler son mal à l'aise face à la déclaration de Sarandiel, l'arvèles s'exprime un peu fort et sa voix rebondit au milieu des rayonnages. Un lecteur leur lance un regard noir plein de reproches. Il n'en faut pas plus à l'arvèles pour récupérer ses affaires. Elle pose à l'envers le bouquin pour ne pas perdre la page et se ré-équipe de toutes ses armes. Le fusil-hache glisse sur dos, la sangle de cuir se tend à l'avant et elle boucle sa ceinture où se trouve à sa gauche le fouet et à sa droite la rapière courte.

Sa besace sur une épaule, elle reprend le lire d'une main et le feuillette en partant vers l'entrée. Après quelques pages, elles sortirent des rayonnages et arrivèrent prêt de l’ascenseur. Marissa posa le livre au hasard sur une étagère et stoppa Sarandiel :

- Si ça ne te dérange pas, on pourrait emprunter les escaliers ? Sinon on se retrouve en bas.

L'arvèles fila vers l'escalier et le descendit en repensant à ce qu'elle venait de lire. Les Gardiens avaient failli à leur tâche et n'avaient pas réussi à empêcher l'exil des dragons. Ils continuaient malgré tout à faire de leur mieux pour aider ceux qui avaient trouvé refuge chez eux. Cela était plutôt encourageant, mais le livre parlait aussi de quelques Gardiens qui ne reconnaissaient pas les dragons comme des animaux, mais un peuple à par entière qui par conséquent n'avait pas besoin de leur aide face aux autres peuples.

Elle avait trouvé cela un peu perturbant, mais à moins d'être malchanceuse, les possibilités étaient infimes qu'elles se retrouvent face à l'un d'eux. Et puis elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'au fond, ces Gardiens avaient peut-être raison quand ils disaient que les dragons avaient tout d'un peuple autonome capable de créer et de détruire autant que les autres peuples.  Leur chute était le fait de leur désunion et de leurs adversaires nombreux. Marissa était bien placée pour connaître l'orgueil des arvèles quand il racontait les exploits de leur aïeul chassant un dragon.

En revanche, personne ne lui avait parlé enfant de ces quelques humains qui avaient lutté pour défendre les dragons. Seul le puissant héro de l'histoire tuant le terrifiant dragon étaient mentionnés dans les contes arvèles.

Arrivée en bas, Marissa se faufila à l'extérieur comme elle était rentrée. Esquivant le regard des bibliothécaires qui lui faisaient maintenant froid dans le dos après avoir entendu l'histoire de Sarandiel. Ce n'est qu'une fois dehors, qu'elle fit part à l'héléo des dernières informations que le petit volume lui avait livré avant qu'elle ne l'abandonne au milieu des rayonnages. Elle exprima son opinion sur les Gardiens qui ne reconnaissaient pas les dragons comme des animaux ayant besoin de protection. Comme quoi elle espérait ne pas en rencontrer, mais qu'elle comprenait leur façon de penser.