Petit, Mersine était déjà un enfant terrible, prêt à faire les 400 coups dès que ses parents avaient le dos tourné. Peu lui importait que les terres inexplorées soient peuplées de créatures plus dangereuses les unes que les autres, ses désirs d'explorations étaient inextinguibles. Quand il eut 13 ans, ses géniteurs furent ravis de le confier à l'académie, espérant que la discipline miliaire calmerait son caractère indomptable.

Dans une certaine mesure, ce fut le cas. Il essaya bien de se rebeller au début, mais les instructeurs avaient maté plus durs que lui. Rapidement, il comprit que s'il voulait un jour sortir de là, il devait aller dans le sens du courant et non se battre contre un système tout prêt à l'écraser. Cela ne se fit pas sans heurt, mais heureusement sa Vérité des armes lui permettait régulièrement de compenser ses petites entorses au règlement par des résultats brillants lors des divers tests organisés.

A 18 ans, sa sortie de l'académie fut une libération. Il partit aussitôt sur les routes en quête d'une voie qui lui permettrait de concilier son caractère et sa nécessaire allégeance à Sydilia. Il accepta toutes les missions qu'on pouvait lui confier hors des terres inexplorées : tantôt voleur, tantôt mercenaire, voire recruteur ou négociant, il parcourut une bonne partie du continent, fuyant une routine qui semblait toujours le rattraper.

Puis, autour de 1238, il entendit parler du nouveau projet de construction navale sur la plage des oubliés. Il fut un des tout premiers volontaires : l'océan constituait pour lui une ultime frontière qu'il avait hâte de franchir. Dès les premiers jours du chantier, il fut un des ouvriers les plus zélés. Toutefois, n'étant pas un proche du Ténébreux, ni issu d'une famille influente, il dû encore une fois ronger son frein dans l'attente d'un bateau sur lequel il pourrait enfin embarquer.

Enfin, par un beau jour de Samùn 1242, un des généraux du Ténébreux le convoqua : il semblait que le jeune homme avait enfin trouvé une voie dans laquelle il serait vraiment utile à la confrérie, et les quatre années qu'il avait consacré au développement de leur force maritime avait été remarqué. Un poste de capitaine sur la Horla lui fut finalement offert, ainsi qu'une relative autonomie dans ses mouvements et ses missions. Deux seuls impératifs : la moitié de ses rapines reviendraient à la confrérie, et il devrait bien sûr faire passer en priorité toute requête émanant de la Tour Sombre. Évidemment, Mersine s'empressa d'accepter, et il navigue depuis presque sans interruption, mi-pirate, mi-corsaire.