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| (#) Sujet: Une rencontre théâtrale. Dim 26 Fév 2017 - 19:58 | |
| Ça faisait un petit moment que j'avais débarqué à Helpo, et cette ville m'intéressais de plus en plus. En fait, à chaque fois que je revenais, je découvrais quelque chose de nouveau ici. Contrairement aux caravanes, en ville, il y a toujours du changement. Cette vie que je menais depuis deux ans me plaisait, mais j'étais un peu perdu. A force de vivre sur le pouce sans jamais m'attacher quelque part, je m'étais retrouvé avec seulement quelques piécettes dans mes poches. Peut être de quoi manger ce soir en marchandant un peu, mais pas à midi. Le Soleil était à peine levé. J'avais faim, mais je m'y étais habitué. Je marchais dans la ville à la recherche de n'importe quoi, autant une librairie qu'un cours en plein air. Pourquoi pas un tournois pour se distraire ? Au final, je tombai sur une des places de la ville. Une sorte de caravane composée de cinq roulottes sommaires se trouvait à l'opposée. Devant, quatre personnes s'activaient à monter quelque chose. M'approchant sereinement, je me posai innocemment sous un arbre, mimant une sieste, pour sonder leurs esprits. Je sondai d'abord celui possédant un couvre chef. Il devait être bien plus grand que moi. Plutôt jeune, sa barbe formait de drôles de motifs. Il sifflotait un air que je ne connaissais pas. Scène. Spectacles... Costumes.... Étrange, dans le doute, je changeai de cible, passant à liare du groupe. Elle possédait une tenue qui tranchait avec l'aspect générale du groupe. Une ancienne riche peut être... Elle était un peu plus loquace. Enfin, elle pensait beaucoup. A son rôle apparemment. Fille de marchand. Bridée par son père. Ah ! Ils dénoncent le matérialisme. C'était ma déduction. Ça ressemblait à quelque chose qui pourrait me plaire. Je quittais la place, sachant quoi faire de cette fin de journée.
Même jour au soir
Après avoir déambulé dans la ville pendant presque toute la journée, et passé une petite heure dans la bibliothèque, je me retrouvais à nouveau devant la place. La scène de fortune trônait ici, et devant, des tabourets et des bancs parsemaient la place. Je pris place tranquillement dans les premiers rangs. La pièce se déroula dans une ambiance étrange. Faisant jouer principalement trois personnes, elle était basé sur un bourgeois essayant à tout prit de s’intégrer à la noblesse, en achetant divers accoutrement et objet, se faisant souvent rouler dans la farine. D'un autre côté, la fille, jouée par la liare, a une aventure amoureuse avec un paysan. Au final, les actes se résumaient à une satyre comique du bourgeois, tentant à tout prix de devenir, ou au moins de ressembler à un noble, puis aux aventures interdites de sa fille avec le paysan. La conclusion étant la fugue de la fille et l'apogée du ridicule pour le bourgeois, qui finissait submergé par le désespoir. D'ailleurs, la pièce s’arrêtait laissant le bourgeois seul. Côté scène, il y avait des imperfections. Je n'étais pas un professionnel du théâtre, mais j'avais quand même assisté à quelques pièces. En oubliant les problèmes directement liés au physique des acteurs, il y avait quand même quelques maladresses dans leur jeu. Le bourgeois était un peu trop rigide à certain moments. Malgré cela, la pièce restait agréable. Côté public par contre. Certains avaient rapidement quitté leurs places, ayant compris que la critique les visait. J'avais également remarqué un groupe bruyant évacué par la garde vers le milieu de la pièce. Ils se battaient pour une raison inconnue. Certains même poussaient le vice en sifflant les acteurs pendant certaines tirades. Mais je pouvais comprendre cela. Se faire critiquer ouvertement par un groupe de théâtre, il y avait là un bel affront. Cela me gravais une idée dans la tête, ils étaient quand même courageux de jouer ce genre de satyre. Ou inconscient. À la fin, beaucoup quittèrent sans rien laisser. Les autres y allèrent de leurs petites pièce. Un amateur d'art laissa lui une petite bourse. En voyant cela, je me disais que j'avais envie de connaître les motivations de ce drôle de groupe. Je me levai, et contournai la scène. Je tombais sur les acteurs qui comptaient l'argent ramassé. La liare me remarqua, et ils se tournèrent vers moi.
-"Faut être courageux quand même pour venir comme des fleurs cracher sur la population locale. Voir même arrogant de s'attendre à se qu'ils y laissent un peu d'argent. " |
| | | | (#) Sujet: Re: Une rencontre théâtrale. Lun 27 Fév 2017 - 21:45 | |
| Le soleil n’avait pas encore pointé le bout de son nez, le silence était roi dans la ville endormie d’Hélpo. Sauf à l’exception de la caravane des amants d’Etalhiel, bien entendu. Ici tout le monde – à l’exception de Ninquéa – s’activaient déjà, après tout le succès n’attend pas. Frederick, fidèle à sa réputation de « père » de la troupe, passaient entre les membres du groupe en veillant à ce que personne ne lambine. Gare à ceux qui n’étaient même pas encore habillés. Son comportement autoritaire dissimulait toute l’angoisse et le stress qui l’habitait dès qu’il pensait au spectacle à venir, le tout premier de la troupe. À l’opposé Téhadrya, qu’on associait généralement plus à une image de « mère » de la troupe, dégustait avec insouciance son bol de soupe remplit de croutons, assise par terre près du chaudron. -Arrête de déambuler comme un fou en criant sur le premier venu Fred, tu me donnes la migraine ! Pose ton cul à côté et bouffe un truc, tu stresses tout le monde là.La liare ne mâchait pas ses mots, mais elle marquait un point quand aux conséquences. Il s’approcha d’elle, non sans une certaine colère non-dissimulée et lui rétorqua avec agacement : -Tout doit être prêt dans dix heures, c’est bien trop peu pour monter toute une scène et se préparer une dernière fois ! Et puis…-Mais oui, bien sûr ! Coupa sèchement Téha, non sans titiller d’avantage la corde sensible de Frederick. C’est largement suffisant et tu le sais très bien, maintenant arrête de discuter et assieds-toi. Elle attrapa un bol à sa droite, le plongea net dans la soupe brulante – lui chatouillant légèrement la main au passage – et tendis alors le récipient vers son interlocuteur. Frederick n’avait pas faim, le trac le ballonnait, cependant il préférait largement éviter d’autres remarques de la liare. Il ne gagnerait pas, et il le savait parfaitement. Sans un bruit, il l’attrapa et se posa à côté d’elle pour boire. Personne ne laissa s’échapper le moindre mot, pour autant le repas ne fut pas silencieux, Gabriel comme à son habitude le ponctuait d’un solo d’harmonica. D’habitude non, mais aujourd’hui ce maudit instrument tapait sur le système de Fred, qui s’empressa de manger pour retourner au travail. Les planches furent sorties des deux roulottes qui les contenaient, et commencèrent à être placées pour déterminer l’endroit où bâtir la scène. Car la troupe n’ayant financièrement pas les moyens de louer une salle de spectacle, ils avaient compensé d’une autre façon : ils emmenaient leur scène avec eux. La reconstruisant et la déconstruisant à chaque fois. *** L’ambiance était pour le moins animée désormais dans la ville, tandis que petit à petit le soleil descendait. La scène était fin prête, certes en mauvaise état et laissait entrevoir de nombreux clous dépassant, mais le spectacle pouvait enfin commencer. Dans les roulottes faisant ici office de coulisses, les acteurs se préparaient. Téhadrya s’était donnée beaucoup de mal pour son costume, particulièrement en cousant une coiffe pour essayer de dissimuler ses origines liare fixées à son crane. Gabriel de son côté trépignait d’impatience. Les autres figurants de la troupe discutaient ensembles, en s’encourageant mutuellement. Frederick demeura seul sur la scène, tandis qu’une petite foule commençait à s’accumuler devant ses yeux ébahit. Sa posture fière s’opposait alors à son air inquiet. Il toussa un coup pour ajuster sa voix, prit son air le plus sympathique possible et joua avec la pointe de sa moustache, se donnant un air plus décontracté. -Cher public, je vous souhaite la bienvenue à la toute première représentation officiel de la troupe des amants d’Etalhiel ! Nous allons ici-même sous vos yeux ébahis, interpréter une pièce rédigée par nos soins, intitulée « Le Parcimonieux Parlèm ». Sans plus attendre, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, que le spectacle commence ! Il sortit calmement mais rapidement du cadre, allant directement se mettre en place derrière les rideaux pour le début de la pièce. Progressivement ceux-ci furent écartés, le laissant seul avec son public, lui et son amour pour la scène. *** -Mais t’en fais pas Gab, tu as été génial crois-moi ! Soupirait la liare en direction de l’homme qui cognait les planches pour se calmer. Et arrête d’abimer d’avantage le décor !
À l’exception de l’aventurier bougon - ayant toujours du mal à digérer les insultes que lui ont hurlés certains spectateurs fort peu polis – tout le monde ici semblaient fière de la représentation ! Ils s’attendaient très bien aux mépris de certains, et craignaient même des comportements bien pires que ceux-là. Les deux responsables assis sur la scène se complimentaient mutuellement sur le spectacle et sur les félicitations d’une partie (un peu faible, il faut l’avouer) du public. Les deux compères ricanaient même sur leur prochaine idée de pièce, ce qui pourrait encore plus agacer ces parlèms hautains et aveuglés par leur stupide système économique. Certains des figurants s’occupaient quand à eux de ramasser l’argent récoltés, tandis que d’autres nettoyaient un peu les bancs. Ninquéa était quand à elle sortie de sa caravane privée et restait étendue en plein milieu de la scène, tel un corps dénué de vie. -Franchement, tu as remarqué l’ignoble face de ver qui profanait des insultes sur les liares ? J’ai limite envie de m’inspirer de lui pour le costume de notre prochaine personnage satyrique, t’en penses quoi ?
Frederick fut amusé par sa remarque, et l’approuva d’un hochement de la tête. Cependant elle ne remarqua pas son signe, son regard de prédatrice se portant sur tout autre chose, un étrange gamin qui se dirigeait vers eux. Gringalet, une tenue atypique, coiffé d’un turban et un air froid. Et pas du genre à perdre son temps, directement il engage la conversation avec une critique, une de plus ou de moins de toute façon. Les deux responsables, les quelques autres membres de la troupe présents et Gabriel le regardèrent tel l’étrange garçon qu’il était ; bien que Gabriel avait aussi un air plus colérique. Le moustachu stoppa son amie avant qu’elle ait le temps de répondre, voulant s’en occuper personnellement. - Héhé, on ne fait pas ça pour l’argent p’tit gars. Si tu viens pour une réclamation ou une critique, n’hésite pas. Ma partenaire et moi-même sommes toute ouïs. Et vous autres, vous avez pas assez de boulot c’est ça ? Laissez-le respirer ce petit gars.
Les regards déçus se tournèrent et peu à peu s’éloignèrent, laissant les trois personnes seules. Seule Ninquéa n’avait pas bougée, mais en même temps pour le peu que cette discussion l’intéressait, elle pouvait bien rester là à n’embêter personne. -Alors, qu’est ce qu’on peut faire pour toi ? |
| | | | (#) Sujet: Re: Une rencontre théâtrale. Ven 3 Mar 2017 - 21:38 | |
| Nous étions désormais quatre. La troupe s'activait pour démonter la scène. L'homme qui m'adressait la parole était vraiment grand. Comparé à moi. J'esitmais qu'il avait une bonne cinquantaine. Mais pas une cinquantaine banale. Il semblait plus usé que vieux. En effet, loin de la calvitie et des cheveux blancs, il était seulement un peu ridé. Usé. Il me semblait que c'était le mot qui décrivait cet homme qui devait avoir un bon bagage derrière lui. Malgré cela, il était vraiment imposant. En plus de sa taille, il avait la carrure de quelqu'un d’entraîné, et pas qu’un peu. Derrière lui, la liare qui me dévisageait, et une fille couchée sur la scène, fille qui n'avait d'ailleurs pas joué dans la pièce. Je réfléchissais à la façon de tourner mes phrases.
- " Ce que je veux dire par là, c'est qu'avec une pièce comme celle ci, vous ne cherchez clairement pas à amasser de l'argent. Non. Vous visez autre chose. Vous dénoncez publiquement. Et pas quelques concepts ésotériques, non... "
J'avais adopté ma position préférée pendant que je parlais. J'étais adossé à un arbre, à quelques 5 mètres du colosse. De cette manière, personne ne pouvait me prendre par derrière. Non pas que je craignais une quelconque embuscade, car après tout, ils étaient là pour jouer du théâtre, et je ne possédais aucun objet attisant la convoitise sur moi. Simplement une confiance. Les mains dans les poches. A force de mes voyages, j'avais remarqué que les gens se méfiaient de ma tenue. Mon pantalon était tellement large qu'on ne pouvait deviner se que j'avais dans mes poches. C'est à dire rien. Mais cela faisait souvent son effet. D'ailleurs, l'expression sur le visage de la liare avait changé. Un tout petit peu de méfiance. Plutôt coquasse non, de se méfier d'un anorexique désarmé... Avant qu'ils puissent prendre la parole, je reprenais.
- " Vous dénoncez publiquement la manière de vivre des personnes qui assistent à votre spectacle. Un peu suicidaire, certes, mais vraiment efficace. On se souviendra de vous, et pas forcément qu'en bien. Mais, dites moi, cette envie de satyre, cela vous vient d'où? Enfin, je veux dire, on se réveille rarement un matin avec une envie de changer le monde, ou de simplement de monter un énorme canular. "
Je regardais le géant droit dans les yeux. S'était lui qui gérait cette troupe. Sûrement. Enfin, le pari valait le coup. Comme à mon habitude, je partais sur du bluff. C'était ma seule arme, mais elle s'avérait souvent efficace. En vérité, je voulais savoir. Qu'est-ce qui peut motiver quelqu'un à dénoncer les vices de la société. Surtout vers la cinquantaine, car il l'avait dit, c'était leur première pièce. Tout plaquer pour reprendre à zéro, laissant plus de la moitié de sa vie derrière. Le tout pour vivre dans une caravane en piteuse état. Cet homme avait des tripes. Il y avait l'étincelle dans son regard. Celle que je voyais dans le regard des grands hommes. La même dans les yeux de ceux qui se lancent dans quelque chose de grand.
Pour moi, cette étincelle représentait beaucoup. J'avais beaucoup vagabondé après avoir quitté la caravane, et on m'avais souvent décris comme vide. En effet, j'étais rarement expressif, c'était voulu. Je gardais contrôle de mon visage pour cacher mes faiblesses. Mais les yeux, eux ne trahissent jamais. Ils sont la porte des émotions humaines. C'est ce que je pense. Ils dévoilent nos intentions. Pire encore, ils simplifient ma magie. Regarder droit dans les yeux était un aubaine. Cela transformait n'importe qui en un livre ouvert. Il me regardait fixement, je le transperçais de mes iris rouge sang, avide de réponse. |
| | | | (#) Sujet: Re: Une rencontre théâtrale. Dim 12 Mar 2017 - 14:00 | |
| Le jeune anorexique se montrait relativement intéressant au-delà de son discours, ne serait-que dans sa façon froide et monotone de parler, dans un langage que Frederick jugeait un peu trop pompeux. Néanmoins, il laissa le bonhomme parler jusqu’au bout sans l’interrompre, posant sur-lui un regard fatigué mais amical. Cette fascination troublante qu’il leur portait, tout ce flot d’affirmations et de questions qui soudainement le submergeaient, l’arvèles ne les comprenaient que partiellement. Mais peu importe, il pouvait bien se donner la peine de renseigner un pauvre gamin un peu trop curieux. Il le fixa droit dans les yeux, n’ayant que peu de pensée en tête, la seule idée qu’il lui traversa l’esprit fut son envie de fumer. Lentement sa main sortit sa pipe de la poche intérieure de son blouson, la tapota un peu et fouilla dans d’autres poches pour en sortir un peu de tabac. L’allumant grâce à une vieille allumette qu’il balança nonchalamment au sol et souffla une gerbe de fumée dans l’air :
-Tu estimes qu’on dénonce hein, c’est plutôt vrai, même si je préfère employer le terme « Exprimer notre opinion ». Suicidaire c’est vite dit, il suffit de connaitre un peu la population et les lois en vigueur. Et je ne m’avancerais pas autant que toi sur le devenir et l’impact de notre petit groupe sur la mémoire collective, seul le temps le dira.
De nouveau, un nuage de fumée s’échappa de sa bouche. Téhadrya avait suivit le mouvement en s’allumant quand à elle une cigarette. La dernière question le fit bien plus réfléchir que les autres, elle était bien plus personnelle aux yeux de Frederick.
-Petit, ça c’est une tout autre histoire la façon dont j’ai, enfin on a monté cette troupe pittoresque. Et pour être honnête, je n’ai pas vraiment envie d’aborder le sujet ce soir, peut-être une autre fois. En fait, j’ai plus faim qu’autre chose en ce moment, tu veux te joindre à nous ?
Il sauta du rebord de la scène, la pipe au bec, et commença à se tourner dans la direction des caravanes. D’un simple geste de la main, il indiqua à Dixis de le suivre. Sans que personne ne comprenne comment, Ninquéa s’était déjà retrouvée derrière l’homme imposant, marchant d’une façon très personnelle, un peu comme si elle marchait sur des braises en permanence. La liare, contrairement aux deux autres, se contenta de rester assise sur la scène à profiter de sa clope. Son regard froid ne cessant de fixer l’anorexique, bien qu’elle n’ait aucune mauvaise intention. De sa voix douce, elle lui demanda entre deux expirations de fumée :
-Vas-y mon petit, hésites pas à les rejoindre, ce n’est pas souvent qu’on invite des gens. Moi c’est Téhadrya, mais je préfère Hadrya. Et toi l’adolescent, quel est ton nom ?
Pendant ce temps, Frederick s’était emparé d’un bol qu’il avait immédiatement remplit avec une partie du fond de soupe restant au fond de la marmite. Se posant sur un chariot, ne prenant pas la peine d’attendre son invité pour commencer à manger. Pour accompagner, il avait aussi un minuscule bout de pain flottant dans le liquide. Il n’était pas le seul, presque toute la troupe était assise à savourer sa portion de soupe. Le bruit des conversations recouvra bientôt le silence de la ville alors que la nuit commençait à s’installer. |
| | | | (#) Sujet: Re: Une rencontre théâtrale. | |
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