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| Un séjour dans le ghetto d’Orlack | |
| Auteur | Message |
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| (#) Sujet: Un séjour dans le ghetto d’Orlack Jeu 3 Nov 2016 - 21:30 | |
| Un séjour dans le ghetto d’Orlack 2 Samùn 1248Il était actuellement cinq heures tapantes ici dans la capitale des liares. La déesse Cioriel ne tarderait point à faire revenir le Soleil comme chaque matin. Un calme absolu régnait sur la ville. Des sons provoqués par les effusions des lacs de magma berçaient la métropole et ses habitants encore endormis. Tout serait parfait si la ville se figeait dans cet état paisible, plus de guerres de clans, de monarchie corrompue, de meurtres et bien pires encore. Néanmoins, il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’un événement trouble la tranquillité matinale. Le fracas d’une vitre brisée résonna subitement dans une des rues, suivit du son de pas lourds, foulant le sol pavé à vives allures. Une course poursuite effrénée s’engagea. - Arrête-toi tout de suite fils de pute !!! Mugit avec une hargne épouvantable un liare robuste, d’une cinquantaine d’années, et qui de toute évidence était ici le poursuivant. J’t’ai dis de t’arrêter putain de voleur !!! BORDEL, GUARDES ! GUARDES !!! Évidemment le fugitif ne perdit nullement son temps ni son souffle à répondre à de si poétiques paroles, continuant sa fuite endiablée sans ralentir. Bien que chétif, sa vitesse de course était surprenante. Le poursuivit tourna précipitamment à sa droite, sortant de la longue allée qu’il arpentait, pour entrer dans une fine brèche entre les maisons. Courir devint moins aisée dans ce passage de moins de quatre-vingts centimètres de large, mais rien ne sembla l’arrêter, bien au contraire. L’écart entre les deux liares s’agrandit, l’imposant quinquagénaire se trouvant obligé de trottiner à une lenteur affligeante dans ce sombre couloir moins large que lui. Le malandrin qu’il continuait de poursuivre disparu en un instant de son champ de vision, franchissant ce qui semblait être le bout de l’allée. Quand l’homme parvint finalement à s’extirper lui-aussi de ce maudit passage, déboulant alors en plein milieu d’une autre allée principale de la métropole, le jeune brigand avait définitivement disparu de son champ de vision. Finalement après deux ou trois imposants cris de rage, nombres de coups de poings dans la façade d’un bâtiment innocent et un horrible sentiment de défaite coincé dans la gorge, le bougre se résigna et rentra chez lui. Pendant ce temps Äolias Fuhnnal, situé à quelques ruelles plus loin, se trouva un coin pour s’assoir et entamer son repas du matin. Face à lui, le magnifique spectacle de la lave bouillonnant dans la pénombre, des étincelles filant de partout et des cendres s’élevant gracieusement dans les cieux. Arborant un air satisfait, l’adolescent déballa fébrilement le sac de provisions qu’il venait de subtiliser. Néanmoins, le brigand se ravisa rapidement et pris une expression bien plus grincheuse en sortant la dizaine de morceaux de viandes. De toute évidence, se nourrir du même aliment chaque jour l’agaçait au plus haut point. Le jeune androgyne se mit à bougonner en se remémorant les nourritures servies au Palais Royal. Voilà bien le seul regret qu’il exprimer envers le monde de la noblesse. Les heures s’écoulèrent, la capitale reprenant vie peu à peu. Äolias, allongé sur un tas de terre molle à l’abri des nuisances sonores des rues d’Orlack, prit le temps de repenser sa situation actuelle. Coupable du meurtre d’un noble, un crime grave… Mais voila, déjà une semaine entière et il n’a pas été importuné une seul fois par le moindre soldat, personne ne semble avoir envisagé la possibilité d’une fausse identité sexuelle de la coupable. Tant mieux. Pas le moindre sous en poche. Étrangement, personne ne semble recruter les liares de quinze ans à la rue et sans la moindre expérience du monde du travail. Obligé de survivre en volant, comme au bon vieux temps. Dommage que le vol ne soit qu’un moyen de survivre et non pas une seconde nature chez lui. Pour couronner le tout, plus aucune trace de ses anciens amis, les «Magmariens ». Bref, seul et sans argent. - Rhâââ… Maudite sois ma couardise… soupira le liare en se grattant nerveusement le torse. Il avait prit l’habitude de se parler dans ses moments de solitudes. Pourquoi ? Pourquoi dois-je m’emmerde à rester dans ce cloaque ? Tiendrais-je donc tant à mon clocher, à cette patrie immonde, détestable, exécrable ? Cette question, le jeune homme en connait parfaitement la réponse. Il veut s’enfuir d’ici, il a toujours voulu s’enfuir d’ici. L’idée même d’être venu au monde entre les murs d’Orlack lui provoquait des remontées gastriques… Mais la peur de l’inconnu et le manque de moyens sont des menottes solides. Äolias donnerait la moindre de ses possessions pour quitter cet enfer, le problème c’est de ne pas avoir la moindre possession. Tandis que le liare continuait de gratter sa peau avec vigueur, une sensation étrange de chaleur liquide le ramena brutalement à la réalité. Il baissa la tête et s’aperçut, avec un air presque amusé, que du sang s’échappait lentement de sa poitrine. L’adolescent agrippa alors sa propre main pour l’arrêter, comme si elle avait décidé de ne plus obéir. Äolias le serra alors de toutes ses forces. Après un court instant, il sentit la douleur de son poignet compressé et le laissa retomber lourdement au sol, avant de fermer les yeux. Un vide envahit son esprit troubler, puis plus rien. Il se releva comme si rien de tout cela n’avait eu lieu, frotta de la terre pour nettoyer le sang qui coulait et repartit en silence vers les quartiers pauvres. |
| | | | (#) Sujet: Re: Un séjour dans le ghetto d’Orlack Ven 4 Nov 2016 - 22:09 | |
| 4 Samùn 1248
Ce jour-là, Äolias affichait une mine d’enterrement. Progressant à travers une des rues les plus isolées des quartiers pauvres, tout en traînant le pas. Et franchement, l’ambiance générale n’arrangea guère son humeur. Car un peu plus loin une masse informe de liares se formait, laissant s’échapper nombres de cris effrayés, stupéfaits et écœurés. L’androgyne perçu même quelques pleurs. En se frayant un chemin à travers la foule à l'aide de son agilité, Äolias entrevit brièvement le cadavre d’une de ses semblables, éviscérée le long de la chaussée. Il fut soudainement prit d’un haut-le-cœur, l’image immonde se gravant instantanément sur sa rétine. La jeune liare devait avoir son âge. Pendant un instant, l’adolescent se représenta la scène en échangeant sa place avec la victime. Assassiné au beau milieu de cette rue sale, s’aérant les entrailles. Un second haut-le-cœur, plus puissant, lui broya l’estomac.
-Que signifie cet attroupement ??? Dispersez-vous tous, hurlaient des voix se rapprochant de plus en plus. Qu’est ce que...
La garde venait d’arriver sur le lieu du crime, obligeant les habitants à s’éloigner. Ils recouvrirent le cadavre d’un voile crème immaculé et l’emmenèrent avec eux. Äolias reprit alors son chemin, encore plus déprimé qu’auparavant. Ce genre d'accidents eut beau être réguliers, c’était toujours aussi dur à vivre.
Au bout du compte, le voleur atteignit la fin de cette fichue rue. C’était une impasse, avec quelques habitations et un grand manoir qui détonnait complètement avec l'endroit. Ledit manoir possédait un luxueux jardin, gardé par d’imposantes barrières en fer d’au moins quatre mètres de haut. En regardant l’entrée du portail, Äolias remarqua vite deux gardes vêtus d’armures de cuirs, ainsi qu’un petit cabanon, faisant paraitre l’endroit pour un poste frontière. Il s’avança calmement et leurs tendit sa machette. Ils se décalèrent pour le laisser entrer et allèrent ranger l'arme dans la cabane de pierre. Il traversa ensuite le jardin, impressionné par autant de bon goût dans ce secteur de la ville. Se trouvant vite devant la porte, il hésita un peu avant d’ouvrir. L’attente lui semblait insoutenable. Il s’immobilisa quelques secondes. Pris la décision de l’ouvrir. Attendit de nouveau. Posa sa main sur la poignée. Se hurla à lui-même que c’était ça dernière chance de faire demi-tour. Mais au bout du compte, se résolut à l’ouvrir. À peine avait-il fait un pas à l'intérieur, qu'une personne s'avança à vive allure dans sa direction.
-Bienvenue à « La Liare Embrasée » ! Vous êtes nouveau, non ?... S’intrigua la liare de l’accueil, vêtue d’une tenue provocante, paraissant troubler par l’âge d’Äolias. Euh… Ah Oui ! Suivez le couloir je vous prie, vous pourrez faire votre sélection dans le grand salon, et…
-Désolé de vous interrompre damoiselle, mais je ne suis pas venu pour assouvir mes pulsions charnelles. J’ai pour unique souhait de m’entretenir seul à seul avec votre… Comment on appelle ça déjà ?... Votre patron. Alors ?
-Notre chef ? Elle est sûrement dans le salon avec les filles, vous pouvez toujours essayer d’aller lui parler. Vous la reconnaitrais aisément, c’est la plus ridée. AHH !!! Lui répétez-pas que j’ai dit ça, pitié !
Le jeune garçon acquiesça d’un signe de tête amusé pour la rassurer et se dirigea vers le salon. En poussant la porte, il fut comme absorbé dans un autre monde. Des banquettes en velours luisants et des tables sculptées dans du marbre blanc ivoire remplissaient la salle. Des femmes liares et humaines magnifiques en tenues « exotique », laissant entrevoir les plus infimes détails, dispersées un peu partout à attendre de la compagnie. De la lave, contenue dans d’étranges récipients, illuminant la salle d’une lueur mystique. Ainsi qu'une légère odeur d’encens flattant les narines. Globalement, une impression de surréalisme inondait la pièce. L’androgyne reprit ses esprits et s’avança vers une liare semblant avoir atteint la soixantaine. Une cigarette à la bouche, elle ne remarquait pas vraiment sa présence et surveillait ses employés. Un air aigri semblait s’être gravée sur son visage au fil du temps. Elle tapota sa clope contre un cendrier et se tourna vers le jeune homme :
-Désolé, ce produit n’est plus en service p’tit. Même les meilleurs métaux rouilles à force d'être utilisés, tu sais ? Regarde moi plutôt ces jolies lots là-bas, s’exclama la gérante en montre deux liares blondes particulièrement bien gâtées physiquement. Je suis une personne occupée, mais n'hésite pas à venir me voir si jamais tu as une plainte.
-Hé hé, ce n’est pour cette raison que je viens vers vous, murmura l’adolescent avec un air amusé. À vrai-dire… Je souhaiterais… Äolias bafouilla quelque peu, ce qui visiblement agaça son interlocutrice. Je viens proposer ma candidature pour un poste dans votre établissement.
-J’te remercie mon garçon, mais des gardes du corps j’en ai bien assez. D'ailleurs sache que, à part les deux dehors à l’entrée, les employés de ma maison-close sont uniquement des femmes. Que voudrais-tu que je fasse d’un gringalet comme toi ? Allez, tu peux repartir d’ici si t’es venus pour ça, dommage cela dit. Parce que mes prix pour tirer un coup sont très abordables. Et puis attention, mes filles c'est de la qualité ! Les plus pures liares des bas-quartiers, et oui ! Et elles ont un répertoires très variés de...
Le visage d'Äolias semblait tanguer entre joie, tristesse, colère et regret. Impossible de savoir exactement ce qu'il ressentait. Il jeta des coups d’œil inquiets autours de lui et se rapprocha de la patronne pour ne pas avoir à dire cela trop fort.
-Je veux le même travail que ces filles.
La gérante s’éloigna immédiatement de lui, le regardant comme on regarde un fou se débattre dans sa cage. Elle faillit tomber à la renverse, et paraissait momentanément atteinte de mutisme.
-Écoutez, vous me semblez être douée en affaires. Vous devriez comprendre la situation et le potentiel de ma démarche. De mon côté, j’ai besoin d'argents, de beaucoup d'argents pour quitter cette ville rapidement. Du vôtre, cela pourrait attirer une… nouvelle clientèle dans votre splendide bordel. De nouveaux clients qui paieraient, sans aucuns doutes, bien plus chers les prestations. Après tout, si "l'amour" entre mâle et femelle est un marché, pourquoi pas celui des mâles entre eux ? Mais je suis au courant des risques de cette pratique, croyez moi.
La vieille liare se ralluma anxieusement une cigarette. Elle inspira, puis recracha une bouffé de fumée au visage de son interlocuteur. Son regard de détresse s’effaçant peu à peu, au profit d'un plus avide.
-C’est dément ce que tu me proposes là, chéri. Mais… Ton idée m’intrigue, pourquoi pas. C’est du jamais vu ici. Il me faut y réfléchir plus amplement… Enfreindre la loi, non pas que cela me dérange... Et puis, pleins de paramètres rentrent en compte... Bon écoute, va voir Célissa, la fille de l’accueil, et dis lui de t’ouvrir la chambre 17. Je t’offre la nuit ici en attendant. Mais, une dernière chose petit. Es-tu réellement prêt à offrir ton corps pour de l’argent ?
-Mon corps ? Cela fait bien longtemps qu’il ne m’appartient plus, s’exclama Äolias avec un rire profondément sincère tout en quittant la pièce. |
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