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Correspondance D'Ella Sambre

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Message(#) Sujet: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 20:06

A l'abri des regards, cachés dans une petite boite en bois aux contours finement travaillés, sous son lit, s'entassent des dizaines de billets pêle-mêle, pas vraiment triés par date. C'est là toute la correspondance qu'Ella a reçu personnellement ou jamais envoyé.
Ces deuxièmes lettres en particulier sont légion et adressées surtout à deux hommes qui ne le sauront sans doute jamais : son père et son frère d'adoption.


[Hj : vous pouvez donc poster à la suite vos écrits envoyés à Ella. Tous les autres textes dans cette partie n'auront jamais été envoyés à leur destinataire, merci donc de ne pas les utiliser dans un rp.]


Dernière édition par Ella Sambre le Ven 24 Juil 2015 - 20:38, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 20:16

1245 - Billet inachevé non mieux daté.

A mon père,
Précédent Lord Parlèm.

Je n'ai de vous, monsieur, que votre nom et votre ancien rôle. Ainsi que quelques exemples dans celui-là qui me font me demander si vraiment, vous êtes davantage ma famille que celle qui m'a éduquée. Pourquoi, par exemple avez-vous accepté le durcissement des punitions pour les esclaves coupables d'avoir voulu renverser leur maitre ? Leur ancienne ne suffisait-elle t-il pas déjà ? J'ai vu que vous aviez aussi refusé tout net tout un traité pour améliorer l'éducation, mais je n'ai pu trouver aucune raison à votre geste. Un manque de financement, peut-être ? Je ne puis croire que vous souhaitiez simplement continuer à garder analphabète la plupart de notre peuple.
Aimiez-vous vraiment votre charge comme me l'a souligné votre conseiller par plus d'une fois ? Étiez-vous réellement heureux ? Comment trouviez-vous vos réponses aux questions qu'autrui vous posait ? Où trouviez-vous la force pour répondre juste à des requêtes liées à la vie ou la mort d'un inconnu ?

Je ne hais point notre métier commun, je vous prie de me croire, mais je m'interroge là aussi : qu'est-il exactement ? pourquoi vous, pourquoi moi ? N'étiez-vous jamais effaré devant la quantité de documents que l'on vous présentait ?
Le sang qui coule en nos veines, monsieur, est-il vraiment si sage et si ancien pour qu'il surpasse tous ceux des autres Parlèms ? Et enfin, qui êtes vous ? Qui suis-je ? L'on me nomme Ella. Je fus Elhya. Et l'on m'a appris que votre cœur m'a offert le nom d'Eleanore quand je n'avais point l'âge de le comprendre. Seul Sieur Slayer usite toujours cette appellation lorsqu'il désire que je porte mon attention sur un point qu'il juge mal réglé.
Mais cela ne répond pas à mon interrogation. M'avez-vous aimée ? Pourquoi m'avoir reconnue auprès de vos aides si c'était pour me faire grandir loin de vous ? Qui était ma mère ? Vit-elle toujours ? L'avait-on choisie pour vous ?

J'ai adoré mon enfance, sachez-le. Elle fut douce, merveilleuse, heureuse. Je ne pourrai assez vous remercier pour cela et pour m'avoir fait découvrir la tendresse d'une famille unie. Mais je ne puis que vous haïr pour me l'avoir enlevée alors que j'en ai à présent bien besoin. Sont-ils morts par notre faute, ou par celle d'un autre dont je ne sais pas même le visage ? Quand bien même ni vous ni moi ne connaissons la réponse à cette question, nous savons tous deux qu'elle n'aurait pu m'entourer encore là où je suis à présent.
Et leur absence est une douleur terrible. Entendre leur voix, leur rire, ou même leurs récriminations me manque. Sentir leur main sur mon front, leurs baisers sur mes joues était un tel bonheur...

Votre non présence me pèse aussi, dans une moindre mesure. J'aurai aimé que vous me rappeliez à vous avant votre décès pour m'apprendre tout ce que je ne sais point. Comme comment bien diriger, par exemple. Mais il faut croire que votre rôle vous a tué avant que vous n'en n'ayez eu le temps, comme il le fera peut-être pour moi avec mes descendants si j'en ai un jour.


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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 20:33

1245 - Billet inachevé non mieux daté.

A mon frère,
Sieur Nathaniel Sombresang, Duc de Sombresang.

J'ai mis du temps avant de vous écrire, je le sais et je n'ai nulle excuse, à part que vous me manquez. Quand bien même vous ne recevrez jamais cette lettre, je tenais à vous le dire. Que devenez-vous ? Où êtes-vous tandis que l'aurore étend ses voiles d'or, là dehors ?
Je vous imagine sur le seuil de notre demeure familiale, droit et pensif. Votre regard se perd-t-il dans l'horizon ? Pensez-vous toujours à moi parfois ? Caressez-vous la pierre ancienne de votre main gauche, comme vous le faisiez de temps en temps ? Avez-vous pu enterrer convenablement Mère et Père ? Ah, que ne donnerais-je pour avoir pu vous épauler alors. Pleurez-vous ?
Je vous prie de me rassurer et de me dire que non : vous êtes si beau lorsqu'un sourire éclaire vos traits. Je crois d'ailleurs que je me souviendrai toujours de votre rire franc, même si je ne vous revois jamais. Tout comme Dame Alais, qui si je me le rappelle bien, tentait tout pour se faire remarquer afin d'obtenir de vous cette marque ultime de joie.

La mort que l'on me fit vous a-t-elle autant révolté que celle de nos ainés ? Ô mon frère comme j'aimerai me faire pardonner pour cette mise en scène ingrate et non voulue. Mais il fallait protéger le restant des Sombresang et moi, par la même occasion. Soulagez notre tante du chagrin qu'elle a dû ressentir, je vous en conjure. Peut-être cela pourra-t-il calmer le votre au moins un peu...

Vous me verriez à ce jour, vous seriez fier de moi, sans doute. Et ce même si je n'ai aucun crédit dans cette affaire, ou que vous et moi n'aurions jamais pensé que telle situation pouvait arriver. Je suis devenue cette femme qui tire les ficelles dans l'ombre : celle qui a remplacé l'homme que notre délicieux père rêvait de conseiller.
Au lieu d'être forcée à glisser au creux d'une oreille une phrase allant dans un sens ou l'autre, je suis devenue celle qui écoute et tranche. Du moins quand Sieur Slayer, mon conseiller, me permet de le faire. Il ne me manque rien, à ce jour, que votre présence pour être parfaitement heureuse, je vous le promet. Bien que je pleure toujours nos ainés et notre éloignement, je suis bien entourée, là. L'on veille sur moi, l'on m'éduque. Que puis-je demander de plus, si ce n'est vous ? Me rejoindriez-vous, si je vous le demandais, Nathaniel ?

Oh si seulement je possédais ce droit... Mais il me faut avant tout vous prévenir d'un fait qui pourrait jouer sur votre décision.
Je ne suis pas vraiment votre sœur malgré moi et je ne puis plus le redevenir, même en l’espérant de toute mon âme. Mère et Père n'ont jamais été que mes parents de cœur, tout comme vous, qui restez mon frère.
Je ne suis que peu claire, n'est-ce pas ? Veuillez je vous en prie une fois encore me pardonner, mais même par écrit cela me reste difficile à exprimer.
Aussi, pour résumer, voici ce que je puis vous dire clairement : je vous aimerai toujours, mais je ne reviendrai pas. Je ne le puis.
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 13:56

1246 - Billet inachevé non mieux daté

A mon Père,
Ancien Lord Parlèm.

Monsieur,

Sieur Slayer a porté à mon attention une affaire inexistante qui m'a parut atroce : il m'a demandé ce que je ferais si des ennuis nous provenaient des Arvèles. Je n'ose imaginer que ce peuple barbare nous chercherait un temps soit peu de bisbilles à présent et lui ai répliqué que nous ferions mieux de nous inquiéter des Liares, mais il m'a ri au nez avant de redevenir sérieux.
Il m'a expliqué que la première cible des Liares serait sans doute la confrérie adulant les armes plutôt que nous et que nous aurions le temps de voir venir. Il est vrai que nous n'avons nulle frontière commune avec ces êtres à cornes. Et puis d'après les rumeurs portées par nos marchands itinérants, le général de Ferèsis serait aussi un homme fort sage et plus vieux que moi. La force de cet être et son intelligence expliquent peut-être l'état stable de sa confrérie, mais comme le dit Sieur Slayer, que se passera-t-il le jour où il sera déchu ou remplacé ? Parce qu'il le sera un jour : soit quand il sera trop vieux, soit parce que l'intelligence n'est pas une compétence entretenue par tous les Arvèles. Croyez-vous vraiment que nous devrions nous attendre à une guerre si quelqu'un de moins posé prend sa suite ?

Je ne sais point si je dois me fier totalement à son point de vue : les Arvèles ne représentent que peu d’intérêt en temps que cibles pour autrui, à part parce qu'ils sont des adversaires corrects. Quant aux Namès et aux anciens, leur mode de vie étrange ne fait d'eux que des cibles de second choix pour tout conquérant avide de territoires et de savoirs.
L'on peut rajouter à cela qu'un nouveau général devrait savoir que nous attaquer sur nos terres est une mauvaise idée  : nous aurions ce que mes chevaliers nomment l'avantage du terrain. De ce que j'ai retiré de leurs discussions que je n'aurais sans doute pas dû écouter, notre méthode de combat tient plus du serpent que du taureau et nous permet de ne pas trop être handicapés durant un siège. Je ne suis pas trop sûre de ce que cela signifie, mais je leur fais assez confiance pour ne pas douter de leurs savoirs et pour m'appuyer dessus.

Toutes ces considérations mises à part, après lui avoir demandé une semaine de réflexion, j'ai donc développé un plan qui n'a pas totalement comblé notre conseiller et m'a fait mal au cœur. J'ai proposé d'abord de s'assurer que les souterrains soient vidés pour offrir de la place à nos citoyens peu portés sur les combats. Il m'a tancée en me disant qu'il n'y aurait jamais assez de place pour tous les habitants de nos terres, mais n'a pas proposé d'alternative.
Aussi, je me suis permise de préciser ma pensée : en cas de combat de par chez nous, il faudrait envoyer une centaine de gardes battre la campagne, inciter les pauvres gens à regagner Arnlo ou Helpo, même si tous ces hères seraient mieux là où l'eau coule à flot.
Nous enverrions alors en priorité les familles des soldats dans les souterrains, puis les nobles et les familles nombreuses quelque soit leur origine. Il me faut vous expliquer mon choix, comme me l'a demandé Sieur Slayer. Un guerrier ne se bat-il mieux en sachant ses aimés en sécurité ? Les parents sans enfants, ceux non liés aux défenseurs de notre peuple, ont hélas moins d'utilité qu'une grande famille lors de la reconstruction : cela fait moins de bras et notre vérité est si goinfre qu'il faut prévoir en nombre plutôt qu'en qualité. Hors ne faut-il pas penser à l'après-guerre lors de la création d'un plan ? Il me semble que c'est là l'une des premières leçons de mon conseiller : toujours prévoir les conséquences à long terme.
Nous joindrions à leur total une nouvelle centaine de garde et le double d'armes, dès fois que des Parlèms pacifiques se sentent de défendre leurs amis. Enfin, lorsque les sous-sols de la ville seraient pleins, nous camouflerions toutes les entrées de ceux-ci sauf deux pour permettre à nos gens de s'échapper en cas de problème à une entrée.

Alors, à l'extérieur, nous consoliderions les murs, utiliserions les alchimistes restants pour nous créer maintes potions à balancer par dessus nos toits, créerions des pièges et des sanctuaires pour les blessés que nous pourrions ramasser. Tout esclave se joignant au combat à venir verrait sa peine transformée en liberté totale. Ensuite, il ne resterait plus qu'à prier, en divisant l'armée en trois pour nos deux villes : une grande partie à Arnlo, une moins importante à Helpo et deux bataillons les plus discrets possibles faisant des allers-retours entre chacune. Enfin, je laisserais mes gardes gérer ce coté-là : ils sont plus au courant que moi sur ce qui est le mieux à faire.

Mais je suis fort marrie de devoir considérer qu'une vie est plus importante qu'une autre : face à la mort, nous sommes tous normalement égaux. Surtout nous, Parlèms. Les gens de Helpo comptent hélas moins dans ce cas de figure : la ville n'a que peu d'eau, un siège à long terme y est intenable, tandis que nous pouvons tenir Arnlo sans souci. Voyez comme j'ai bien retenu mes leçons... Même si elles me débectent.

Que pensez-vous, monsieur, de ce semblant de plan ? Qu'y verriez-vous à redire ? Comprenez-vous ma douleur lorsque je pense à tous ces morts qu'une telle machination ne pourrait sauver ?


Dernière édition par Ella Sambre le Sam 25 Juil 2015 - 16:21, édité 1 fois (Raison : faute)
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 14:26

1246 - Billet inachevé non mieux daté

A mon Père,
Ancien Lord Parlèm.

Monsieur,

Quel était le prix moyen du mètre de lin en 1237 ? Où avez-vous rangé vos livres de comptes de cette année-là ? En quel bois faisiez-vous construire certaines cabanes ici et là ? Pourquoi avoir préféré une pierre blanche pour votre demeure du centre ville, plutôt qu'une grisâtre comme l'ont fait la plupart des chaumières du coin ?

Et enfin de quoi traite le dossier que vous avez nommé " Apelen " ? Il m'apparait que vous l'avez codé et je n'ose le donner à Sieur Slayer pour qu'il le déchiffre. Aussi va-t-il rejoindre ma boite à secrets, le temps que je trouve des instants libres pour m'y atteler.



Une petite note, en bas de la page :

Ne m'en voulez pas, monsieur, je vous en conjure, de ne pas réussir à vous nommer Père autrement qu'en en-tête. J'ai eu un père, le précédent Duc de Sombresang. Aussi, par égard pour lui, ne puis-je trop utiliser ce petit mot pour vous qualifier.
Papa ne vous conviendrait pas davantage : c'est là bien trop familier et horriblement vulgaire. Monsieur mon père est bien trop long et je n'ai pas toujours le temps de vous écrire longuement, aussi monsieur me paraissait-il un bon compromis.


Dernière édition par Ella Sambre le Sam 25 Juil 2015 - 16:22, édité 1 fois (Raison : faute)
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 15:50

1246, 20 Sorn - Billet inachevé

A mon frère,
Sieur Nathaniel Sombresang, actuel Duc de Sombresang.

Oh mon frère,

Que ne vous ai-je à mon coté, vous me seriez bien plus utile que tous mes gardes et mon conseiller pour ce sujet.
Je ne sais qui contacter à propos de ce fait, mais je crois que j'aime. Et je ne sais que faire. J'ai croisé un jeune homme hier, lors de ma promenade. Par tous les dieux, qu'il était beau.

L'un de mes gardiens m'a menée dans un parc mirifique : bien que plus petit que celui de notre demeure familiale, il n'est reste pas moins magnifiquement verdoyant, davantage même que celui de nos pères. En son milieu, d'étranges espèces de fleurs d'un ton abricot se mêlent à des lys et des roses dont la dénomination exacte m'échappe. - Il faudra que je me renseigne sur ce point. -
Sur ses cotés, en un labyrinthe menu des buissons aux branches étirées saluent leurs visiteurs.  On trouve de petits bancs de pierre plus ou moins aux couleurs de la rouille au fur et à mesure de notre promenade. Au loin s'entend l'eau douce qui cavalcade sur les abords de la cité.

Voyez mon frère combien ce cadre est idyllique. C'est là, au milieu de ces bienfaits offerts par Dame Nature que je l'ai vu.
Il s'ennuyait, seul, assis sans d'autre compagnon que ses pensées qui m'ont paru vilainement obscures. Son dos n'était pas tout à fait droit, voûté sans doute par ces mêmes songes qui l'attiraient chaque minute davantage dans leurs méandres. Il ne devait pas avoir plus de vingt ans et n'était pas  fort riche : les pierres précieuses sur ses bas s'illuminaient trop pour être réelles. Le vent jouait délicatement avec sa chevelure mi-longue et ramenait parfois à sa bouche fine quelques mèches aussi dorées que le soleil.
- Il m'a semblé vouloir devenir une statue, mon frère, tellement il se mouvait si peu.
Son regard perdu sur les contours d'une tulipe égarée ne paraissait pouvoir s'en détacher et sa couleur whisky scintillait étrangement, peut-être à cause des rayons de l'astre du jour. Seule sa respiration qui soulevait intimement sa chemise d'un jaune cassé prouvait qu'il n'était pas encore mort.

Lorsque je suis passée à coté de lui, il n'a pas même relevé sa tête, tout perdu qu'il était. Ses mains liées sur le devant de ses genoux, il m'a attendrie, aussi me suis-je débrouillée pour repasser devant lui à notre retour et faire tomber mon mouchoir non loin de ses pieds.
Il l'a vu je ne sais comment et comme tout gentilhomme il s'est alors levé pour me l'offrir, avant même que mon garde n'ait eu le temps de le faire. Oh mon frère, vous auriez entendu sa voix... Elle était aussi chaude qu'une nuit d'été et ce sourire qu'il m'offrit lorsque je le remerciais avant de prendre mon morceau de tissu avait une douceur si triste que je ne pouvais que la comprendre.

La solitude, mon frère, marque les siens plus fermement que n'importe quel autre sentiment. Mais tout comme moi vous avez déjà dû vous en apercevoir : nous sommes devenus si seuls, vous et moi. La chaleur qui régnait dans notre foyer nous est devenu un fantasme, un rêve qui ne reviendra jamais, où que nous allions la chercher. Nos amitiés anciennes ne sont plus que ruines, ou vacillent sur leurs fondations et les nouvelles n'ont ni le même goût, ni la même douceur. L'amertume les englobent bien trop.
Alors drogués que nous sommes par cette sensation qui nous échappe, nos gestes n'ont plus la même torpeur heureuse que antan. C'est cela même que j'ai cru lire dans ses yeux, dans l'angle de ses lèvres. Dans le geste de son poignet lorsque enfin je récupérais mon bien.

Je n'avais pas mis de gants, n’espérant pas cette rencontre fortuite et la douleur qui m'enserra le sein lorsque j'effleurais sa peau est toujours aussi grande à ce jour. Il va mourir, je ne le sais que trop bien, si ce n'est déjà fait.
Je ne vous ai jamais parlé de mon pouvoir, car comme tous sans doute, vous me jugeriez folle. Cependant, si je le deviens, je ne le suis guère encore. Je vois les horreurs à venir pour autrui. Si vous saviez ce que j'ai lu dans votre main, vous me haïriez, aussi n'en dirai-je pas davantage à votre sujet. Je vous aime trop pour vous perdre encore à nouveau.
Mais la scène que le Sieur Estvan - j'appris son appellation en badinant ensuite - m'offrit malgré lui fut toute aussi atroce que certains de vos maux : je le vis, mon frère, adossé contre un mur presque de la même couleur que sa chemise d'alors. Sur son ventre, une tache rouge grossissait et quelques morceaux de lui s'échappaient de ce trou malvenu. Je l'entendis même gargouiller quelque chose d'incompréhensible, quand une lame lui trancha le cou.

Je dus défaillir quelque peu, ce que je ne me pardonnerais jamais, car il prit ma paume pour la poser sur son bras, inquiet par la suite. Fort heureusement, mon voile cachait mes traits et ce malaise me permit de discuter avec mon sauveur de mouchoir quelques instants.
Dans la limite des convenances bien entendu ; ne craignez guère pour ma réputation.
Je l'appris fils d'un peintre réputé, fort bon en escrime. Si je ne réussis à obtenir qu'il me confie ce qui le troublait, il me fit l’aumône d'autres sourires et mon cœur chaque fois bondit davantage.

Voyez mon frère le tourment qui est le mien. J'espère le revoir encore et empêcher la fortune de me le prendre, mais je ne sais comment faire. J'aimerais aussi lui complaire, mais les leçons de Mère à ce sujet ont été interrompues trop rapidement pour être utiles. Aussi que puis-je faire, pensez-vous ?
J'essayerai déjà de retourner au parc demain et le jour suivant pour le retrouver, mais j'aimerai d'autres idées.
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 16:18

1247 - Billet inachevé non mieux daté

A mon Père,
Ancien Lord Parlèm.

ZBAFVRHE,

WR IVRAF QR GEBHIRE GEBVF NHGERF QBFFVREF PBQRF : " R.Y ", " FNE " RG " ZRYVA ". GBHF GEBVF, PBZZR YR CERZVRE, RGNVRAG PNPURF NH ZVYVRH Q'NHGERF RPEVGF FNAF ERRYYR VZCBEGNAGR.
WR FHVF URHERHFR DHR FVRHE QR ZNARFIV AR YRF NVG CNF QRPBHIREGF. FV IBHF YRF NIVRM PBQRF, P'RGNVG CBHE DH'VY AR YRF YVFR CBVAG, A'RFG-PR CNF ? W'NV PUREPUR PR DHR CBHINVRAG RGER PRF CNEPURZVAF VAPBZCERURAFVOYRF, ZNVF WR A'NV CNF RAPBER GEBHIR. IBHF NIRM PBQR PUNPHA Q'RHK QVSSRERZZRAG RG WR A'NV GBHWBHEF CNF RH YR GRZCF QR ZR CRAPURE ERRYYRZRAG FHE YR CERZVRE. Y'RPEVGHER CERFRAGR FHE PUNPHA RFG QRSVAVGVIRZRAG YN IBGER, NHFFV WR FNVF DHR PR AR FBAG CNF QRF ENCCBEGF QR IBF RFCVBAF. CRHG-RGER RFG-PR YVR N IBF TNEQRF ? ABA. NHPHA Q'RHK A'N QR ABZ BH QR FHEABZ NHFFV RGENATR RG VY ZNADHRENVG NYBEF HA CNCVRE.

Spoiler:
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Message(#) Sujet: Re: Correspondance D'Ella Sambre Correspondance D'Ella Sambre Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 16:40

1246, 15 Maliér - Billet inachevé

A mon frère,
Sieur Nathaniel Sombresang, actuel Duc de Sombresang.

Oh mon frère,

Je l'ai revu et il est toujours aussi doux et beau. Nous avons bavardé quelque peu dans le parc où nous nous sommes recroisés. J'avais crains que sa mort ne me l'ait enlevé, mais non. Ce sont les travaux de son père qui l'ont tenu éloigné de notre petit coin merveilleux.
Par tous les dieux, qu'il est délicieux. Il m'a expliqué sans le faire ce qui le torturait le mois précédent : une histoire trop peu adaptée pour mes oreilles chastes qu'il a épargné. Voyez comme il est prévoyant à mon égard. Je suis sûre que vous l'adoreriez.

Il a proposé de me raccompagner chez moi, hélas, j'ai dû refuser et lui dire que mon cousin - mon garde en réalité - s'en chargerait. Je crois que celui-là n'aime guère que je me retrouve avec lui : peut-être parce qu'alors le sourire qui me vient est heureux ? Dans tous les cas il ne dit mot, ni ne me sermonne.

J'ai appris que Sieur Estvan a deux sœurs, deux cadettes dont l'une doit bientôt se marier au fils d'un noble déchu. Il dit d'elles que ce sont deux chipies.
Il m'a fait rire en me racontant par le menu quelques unes de leurs inepties.

J'ai dû de mon coté lui mentir et lui avouer que j'étais fille unique, mais nous savons vous et moi que vous restez mon frère.
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